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Vingt ans, à en perdre la maison
- Publié le: 1 décembre 2014
RANK’N’OL #S03E19. Vingt ans après en avoir fait sa résidence secondaire préférée, l’OL a fini par rendre le Chaudron aux Stéphanois un soir de Derby (3-0). D’abord pressés puis de plus en plus dominés, les Lyonnais ne sont jamais vraiment parvenus à développer leur jeu. Une piqûre de rappel salutaire pour ceux qui auraient oublié la règle absolue de ces soirées entre meilleurs ennemis : « Un Derby, ça se joue pas. Ca se gagne. » Vingt ans, ce n’est toujours pas un âge pour mûrir.
Le match : L’extérieur nuit, parfois
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Anthony Lopes
Il ne faut pas jouer les matchs avant, paraît-il. Anthony Lopes n’a pas vraiment eu le choix. Parce qu’il a trouvé samedi matin sur le muret situé près de son portail un tag des Magic Fans. Surtout, parce qu’il est allé visiter ses deux cages en arrivant à Geoffroy-Guichard au cours d’une session qui tenait plus du défi aux kops verts qu’à un réel examen de ses six mètres. S’il y a gagné une forme de respectabilité, Anthony Lopes a eu un peu de mal à la transposer sur le terrain. Parce qu’à chaque fois que les Verts sont arrivés dans sa surface, souvent par les airs, ils ont été dangereux. De toute évidence, le gardien lyonnais n’a pas été totalement étranger à la désynchronisation générale de sa défense. Certes, ses deux belles interventions devant Tabanou (54e) et Gradel (62e), quand subsistait encore un soupçon d’espoir, ont fini par faire basculer sa performance du bon côté. Il n’en demeure pas moins qu’Anthony Lopes n’a jamais gagné un Derby chez les grands (un nul, deux défaites). Et que s’il a su montrer qu’il pouvait être un bonhomme, il sait maintenant ce qu’il lui reste à faire pour devenir un homme.
2. Maxime Gonalons
Tête haute et regard vers l’avant, Gonalons n’a pas attendu le coup de sifflet final et ce détour vers le parcage lyonnais pour incarner une certaine dignité à la lyonnaise. Dans une première période où son milieu se fait salement secouer par celui à cinq des Verts, il est le seul à surnager et à sauver les quelques apparences. De récupérations autour de la surface – quand elles n’y sont pas carrément – en relances soignées dans les moindres détails, c’est par lui que finit par passer le jeu lyonnais. Ce qui vous situe le niveau d’un joueur – largement au-dessus des autres – en plus de vous rappeler la haute conscience que le capitaine lyonnais peut se faire de l’événement. En seconde période, on s’en souviendra moins pour ses apparitions qui deviennent plus lointaines que pour celles des gars qui l’entourent. On pense tout particulièrement à Malbranque, renvoyé sur le banc faute de n’avoir su peser à la mène, ou à Tolisso qui se paye le mur qui manquait à son début de carrière. Trois buts plus tard, on a tout le loisir de méditer la leçon envoyée par les Stéphanois et cette autre qui renvoie à ce match à part que reste un Derby : les gars du crew ne sont peut-être pas tous faits du même mental.
3. Raymond Domenech
Le Derby n’est pas loin d’apparaître comme le jour de la marmotte du supporter lyonnais. Lequel a 364 jours pour se mettre au diapason de l’opinion en détestant plus ou moins ouvertement Domenech et ses provocations à répétition. Avant de se promettre chaque veille de Derby de l’adorer envers et contre tous – et surtout contre les Verts – pour les 364 jours suivants. Raymond a tellement le Derby dans la peau qu’il en est devenu un des plus beaux allumeurs de l’histoire à coups de punchlines mémorables. Suffit que le match le plus important de l’année approche pour se repasser à l’infini la rengaine du maillot vert à l’envers comme à l’endroit, un peu comme on repasserait à l’Eau Sauvage sa chemise avant de filer à un rencard. On imagine alors la force des retrouvailles quand les supporters lyonnais ont ouvert l’Équipe pour y retrouver le flow du Ray qui démonte toutes les légendes vertes, de Revelli aux poteaux carrées, sans jamais toucher aux mères : « C’est comme votre musée des Verts. Tu sais que j’ai rencontré des Ecossais qui ont découpé des arbres pour les peindre et vous ont faire croire que c’était les poteaux carrés de 1976 ? Les mecs en rigolent encore. Vous faites visiter la légende alors que, nous, on est encore en train de l’écrire. » Rien que pour ça, le Derby est le plus beau jour de l’année. Parce qu’il y aura toujours du monde pour dire qu’on l’a perdu, il restera toujours ce jour sans fin pour le retrouver tel qu’il a toujours été : en Lyonnais
4. Nabil Fekir
Un Derby, ça se joue pas, ça se gagne. À l’heure de l’inventaire du dernier en date, on remerciera quand même Fekir de l’avoir un peu joué. Ou au moins d’avoir joué. Pas un hasard si les rares moments, passé le leurre des cinq minutes initiales, où l’OL a semblé en vie, Nabilon était dans la combine. Par deux fois il s’est heurté à Ruffier qui a d’abord eu besoin d’un genou pour stopper sa frappe (25e), puis des deux pieds pour le stopper tout court (penalty, 78e). Il y a eu le reste aussi : des appels quand il était attaquant, des solutions quand il s’est retrouvé meneur. Malheureusement pour lui, Malbranque n’a pas su profiter de sa première phase, pas plus que N’Jie de la seconde. Et Lacazette n’a pas cadré son péno. À Sainté comme au cours de ses années de formation, Nabil Fekir a une nouvelle fois pris un chemin différent de ses coéquipiers. Sauf que coup-là, il était le seul dans la bonne direction.
5. Samuel Umtiti
À force de d’enthousiasme, convaincus qu’un beau jour on aurait le droit, menton relevé et majeur dressé, de rendre au centuple le mépris que certains lui ont accordé jusqu’alors, on avait un peu tendance à n’honorer Samuel Umtiti que lorsqu’il était génial. Umtiti juste moyen, même moyen plus, ça ne compte pas. Mais puisque l’expédition 2014 à Geoffroy-Guichard n’était pas à un désagrément inédit près, le Fossoyeur de Ménival a gagné le droit d’être rankable pour avoir seulement été le moins pire. De loin. Parce que son sens de l’anticipation en particulier et du foot en général ont permis, devant Gradel (34e) ou Tabanou (36e) notamment, de faire croire à l’OL qu’à 1-0 tout allait encore se passer normalement – avec Bedimo pour se claquer, Dabo pour prendre un rouge et N’Jie pour planter un doublé dans le dernier quart d’heure. Sauf que c’est Van Wolfswinkel qui est venu marquer après s’être retrouvé tout seul derrière Umtiti, dont la véritable erreur aura été d’avoir un peu trop sereinement jugé des capacités de Bisevac (2-0, 40e). Au moins la leçon servira-t-elle au joueur autant qu’à ses contempteurs : Umtiti n’a pas trop confiance en lui, il fait trop confiance aux autres.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.
(Photo Frédéric Chambert)