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Umtiti, la vie au-dessus des moyens
- Publié le: 16 février 2015
RANK’N’OL #S03E32. Si l’OL en est presque à regretter de ne pas l’avoir emporté sur la fin à Lorient (1-1), il sait aussi à qui il doit de ne pas y avoir pris une rouste. Les Lyonnais peuvent continuer à rêver au titre au lendemain d’une performance de relégables, preuve s’il en est que Samuel Umtiti détient les clés de la politique de relance la plus excitante du moment.
Le match : Ça tourne pas si mal
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Samuel Umtiti
La confusion est classique, surtout vue de loin. Mais cette fois, peu de chance : oui, Umtiti était partout et non, on n’a pas confondu avec Mvuemba. Et pour, cause, ce dernier n’était nulle part. L’umtitiste de base a choisi cette voie par amour du sens de l’anticipation, de la relance et de la sortie de balle, et sur le match de Lorient, il a eu sa dose. Mais au Moustoir, face aux vagues d’attaques adverses, en première mi-temps notamment, c’est dans sa fonction de Sam Muraille que le Fossoyeur de Ménival a sauvé les siens. En suppléant Lopes face à Jeannot d’abord (3e), puis en repoussant à peu près tout ensuite, seul contre tous, c’est à dire onze Lorientais – et pas mal de Lyonnais aussi. Une boulette de Bedimo lui a coûté sa clean sheet (50e), et une parade de Lecomte empêché d’être le match à lui tout seul (55e). Il n’en sera que l’homme. En l’absence de Lacazette, l’OL a conservé sa place devant grâce à un type qui gérait les affaires de derrière. Un mois durant lequel Samuel Umtiti a prouvé qu’il n’était plus seulement le défenseur le plus classe de Ligue 1, mais aussi l’un des plus forts. Ce qui ne gâte rien.
2. Nabil Fekir
Lorient a ses délices mais aussi ses déserts, et c’est en solitaire que Fekir a dû le traverser. Pas aidé par ceux qui devaient lui donner le ballon, pas davantage par ceux qu’il devait servir, Nabilon a tout de même réussi à laisser planer une menace sur les buts lorientais. Par une frappe croisée du droit, pour la seule occasion lyonnaise de la première mi-temps (arrêt de Lecomte, 30e), puis une autre du gauche quand l’OL commençait à se réveiller (à ras du poteau, 58e). Mais alors que tout le monde attend désormais que Fekir fasse des différences comptables, c’est encore par cette faculté indécente à gagner du terrain en se retournant malgré quatre cerbères sur le râble qu’il a permis à son équipe de ne pas totalement sombrer, ne serait-ce qu’en portant le ballon de temps de l’autre côté de la ligne médiane, ce qui n’est arrivé que par son intermédiaire durant une heure. Et si tout s’est un peu arrangé quand Gourcuff et Ferri ont repris en main les opérations du milieu, difficile de dire que Fekir n’y a pas été à sa place. Au contraire, il s’y est construit un statut. Pas un chef d’œuvre cette fois, mais définitivement de l’art majeur.
3. Jordan Ferri
Les stats, elles ne mentent pas. L’OL avance avec 2,6 points par match quand Lacazette et Fekir se chargent de l’offensive ensemble. Qu’un des deux manque à l’appel et la moyenne tombe à 0,46 point. Reste que le stats sont aussi trompeuses. Car moins qu’un duo d’attaque aussi complémentaire qu’indispensable, ce qui fait toute la différence dans le jeu lyonnais cette saison, c’est dans tout ce qui précède. Une affaire que Ferri avait définie à sa manière à la sortie du match contre Lens : « Le jeu vers l’avant, le contrôle du ballon, le jeu dans des espaces réduits : voilà l’empreinte. » (Libération) Voilà donc où s’imprimerait la marque lyonnaise. Et histoire de convaincre un peu plus son monde, voilà Ferri qui joint le geste à la déclaration d’intention dès son entrée sur le terrain (70e). Le décalage avec ce qui a pu précéder est d’autant plus frappant que Mvuemba s’est surtout chargé jusque-là de graviter autour du rond central. Encore faut-il posséder cette bonne dose de magnétisme pour faire tourner le monde autour de soi, comme Pirlo. Au bout d’une heure de jeu, les passes latérales ou vers l’arrière, à deux ou dix mètres réduisent les risques. Pour mieux faire disparaître un milieu qu’on a rarement autant trouvé à la ramasse – 17 ballons perdus pour Tolisso et seulement 9 grattés par Gonalons. Son entrée à vingt minutes de la fin colle tellement au regain lyonnais qu’elle ferait passer Ferri pour le vrai dépositaire du jeu lyonnais. Les stats disent bien l’inverse : Ferri n’est impliqué sur aucune des trois actions marquantes du temps fort lyonnais, entre le but de Njie (78e), la reprise de Jallet (84e) et l’enchaînement de Fekir (88e). Raison de plus pour s’en convaincre.
4. Yoann Gourcuff
Après l’appui, le bon tempo. C’est à peu près ce qui aura manqué aux actions lyonnaises pendant 70 minutes au Moustoir, à la merci d’un mauvais appui ou d’une passe mal dosée. La faute à ce synthé qu’on dit miné. Ou du moins à la réputation que le terrain a fini par gagner au fil des rencontres. Dès lors, on imagine très bien les raisons qui ont amené Fournier à ne pas aligner Gourcuff d’entrée, quitte à entrer dans le jeu des mille précautions que le joueur a fini par imposer au club. En fin de partie, le coach a même accordé un peu de crédit au parti du reproche pour qui la titularisation de Yo aurait changé la face de la partie. On veut bien. À condition de ne pas négliger cette autre réalité du moment : Gourcuff n’apparaît jamais aussi décisif que lorsqu’il joue les supersub. Un petit tour sur lui même pour mobiliser quatre défenseurs et envoyer Tolisso frapper dans un fauteuil face à Metz. Un nouveau petit tour sur lui-même pour ouvrir un couloir à Bedimo en une passe et gonfler un peu plus les stats de Njie (78e). Entre les deux, Gourcuff a eu l’occasion de redevenir titulaire. Pour mieux disparaître dans la tenaille physique qui agite chaque week-end tous les milieux de Ligue 1. On se rappelle alors le credo du joueur : « Dans mon football idéal, il n’y pas de dribble. Juste des passes. » On sait le meneur suffisamment idéaliste pour exécuter cette rationalisation espace-temps là où elle trouve toute sa mesure, dans ce dernier quart d’heure où l’intensité et la prise de risque deviennent moindres. Un quart d’heure, c’est ce que donnait Warhol pour permettre au je d’exister. A Lyon, c’est ce qu’il reste à Gourcuff pour faire subsister son idée du jeu.
5. Henri Bedimo
Au secours, la gauche revient ! Elle n’a pourtant rien fait pour en arriver là. La preuve, c’est par la droite que les Lorientais veulent faire céder la défense lyonnaise, prise entre les appels au large de Jallet et les hésitations de Rose. Après quarante-cinq bonnes minutes passées à convaincre en supplétif d’Umtiti, c’est Bedimo qui s’oublie une fois de trop. La main tendue à l’adversaire qu’il vient de mettre à terre devient le plus court chemin vers le but pour Jeannot et Ayew (50e). Puisque le match a décidé de basculer de son côté, autant le faire dans les règles de l’art. En ramenant quelque chose de ce Bedimo jamais aussi monstre que lorsque l’OL sous pression doit pratiquer le jeu à réaction. Un détour par le talent de Gourcuff et un centre en retrait pour Njie font l’affaire (78e). Si l’OL de Fournier a manqué de céder par là où il a pris l’habitude de surprendre – la droite qui emporte la décision, les doublures qui se mettent au diapason –, c’est bien l’OL de Garde qui a fini par le sauver.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
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(Photo Bruno Perrel – FC Lorient)