Tolisso récupère même la première place

Olympique Lyonnais

RANK’N’OL #S03E39. Quand l’OL prend la tête de la Ligue 1 avec une équipe improbable, même le Rank est obligé de se raccrocher à quelque chose de rationnel. Car le joueur qui fait la différence quand tout le monde flippe, c’est encore celui qui rassure. Contre Bastia (2-0), Corentin Tolisso a joué ce rôle à la perfection. Celui du type qui étouffe l’incendie quand il le faut pour laisser aux autres le soin de raviver la flamme ensuite.

 

Le match : Plus c’est long, plus c’est bon

 

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Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Corentin Tolisso

Dans le bricolage-fiction de début de saison, on ne s’inquiétait pas spécialement pour l’attaque, même si personne n’avait vraiment envisagé que Nabil Fekir ou même Clinton Njie ne tienne le rôle qui est le leur aujourd’hui. Il y avait du monde devant et, à défaut d’avoir des certitudes, on pouvait légitimement espérer l’explosion d’un type ou deux. En défense, tout le monde savait qu’il faudrait serrer des fesses une semaine sur deux. Mais la clé, c’était le remplaçant de Maxime Gonalons. Celui que le capitaine de l’OL n’a jamais eu depuis que Rémi Garde avait décidé un soir d’août 2011 d’enterrer définitivement Sidy Koné pour un tacle mal maîtrisé à Brest. L’évocation du milieu malien fera sourire les plus vilains, il n’empêche : la vie sans 6 de survie coûtera cher à Gonalons au cours de la longue année 2013 quand, usé, il allait y laisser une partie de sa crédibilité et accessoirement sa place en équipe de France. En deux semaines, Corentin Tolisso a réglé le problème. À moins qu’il n’en ait créé un nouveau. Car si Tolisso a convaincu partout – au point d’être curieux de le voir évoluer en défense centrale un jour –, c’est probablement à la récupération qu’il semble le plus à sa place. On ne versera certainement pas dans le sensationnalisme ici et, de toute façon, Hubert Fournier n’en est pas à gérer des problèmes d’abondance de biens. Mais les nombreuses blessures auxquelles il a fallu faire face et la première place au classement à six journées de la fin sont bien la preuve que le malheur des uns à Lyon fait surtout le malheur de tous les autres ailleurs.

Olympique Lyonnais2. Alexandre Lacazette

On ne voudrait pas se répéter, mais ce type est usant. Qu’on s’entende, pas seulement pour Modesto qui se prend une première décharge sur une balle que Lacazette touche, dos à lui, et qui l’oblige à faire faute en tout début de partie. Dans la mesure où n’importe quel suiveur de l’OL le sait, on ne verrait pas au nom de quoi le quidam de Ligue 1 pourrait en faire abstraction. C’est aussi du Rankeur mis à rude épreuve dont il est question ici, tenu semaines après semaines de convoquer le Kid de Mermoz dans son cinq majeur. Après tout, on n’a jamais demandé à un rock critic de refaire sans cesse la chronique d’un titre plus renversant que tous les autres. À moins de se dire que, sous l’état d’âme à la petite semaine, c’est son regard sur Lacazette qui a peut-être bien changé. Comme s’il pouvait y avoir une forme d’accoutumance à ce genre de prise balle électrique dos au but qui finit en passe aveugle pour Ferri (5e). Que Grenier, Fekir ou Bahlouli s’en chargent et c’est le Rank qui manque de verser de l’autre côté de la chanson de geste. Même un tour sur lui-même, mené à la semelle, pour décaler Malbranque dans la foulée ne passe plus pour un éclair de génie pour peu que le tir sur la remise qui suit soit contré (40e). Son but est tellement facile que tout le mérite en revient déjà à celui qui l’amène (85e). Il y a pourtant dans les instants qui précèdent un sens du déplacement et de l’anticipation qui rappelle les heures passées à faire en sorte que tout ça paraisse si simple. Bien plus que le record d’André Guy qui tombe, c’est une autre référence qu’il déboulonne. Celle de Licha dont le relâchement rigolard à Tola Vologe faisait passer tous les autres pour des joueurs de peine, le novice Lacazette avec. On a compris. Le jour de peine a changé de camp.

Olympique Lyonnais3. Clément Grenier

Dans une saison où rien ne s’est passé comme prévu – mais globalement toujours un peu mieux –, on pouvait craindre que le retour des vedettes n’apporte pas autant que dans les projections les plus optimistes. Avec Clément Grenier, les doutes n’auront duré qu’un quart d’heure, le temps pour lui de trouver Momo Yattara d’un centre en retrait du gauche (77e). Avant cela, déjà, il avait envoyé une belle frappe en direction de la lucarne (bloquée par Areola, 71e). Mais il avait surtout aéré le jeu, qui ne demandait que ça. Pour sortir de l’entonnoir bastiais, l’OL n’avait même pas besoin de toutes les jambes de Grenier, juste de ses pieds – et de sa tête aussi un peu. Et s’il paraît compliqué, voire pas forcément utile, de compter sur une titularisation à court terme, on sait d’ores et déjà que Clément Grenier est capable de sortir les siens d’une mauvaise passe. Rien qu’en en délivrant deux-trois bonnes.

Olympique Lyonnais4. Clinton Njie

Faut pas le chercher. Parce qu’il faudrait déjà le trouver. C’est à peine si les autres se gênent encore un peu pour faire comme s’il n’existait plus. Même les appels qui paraissent frappés du bon sens finissent par désespérer. Face à une défense bastiaise qui rôde bientôt à neuf plutôt qu’à cinq, il s’en remet à sa bonne fortune. Le voilà qui part plein mur. Là où d’autres ont encore un brin de talent pour faire illusion dans pareille situation, Clinton n’a déjà plus qu’un peu de vitesse et une frappe. Trop tôt pour qu’Areola cède ce qui lui reste de dignité sur ce coup (41e). Njie peut alors s’en retourner dans les limbes de son jeu, entre placements hasardeux et prises de balle approximatives. On en est là quand Yattara marque (77e), scellant un peu plus le cas du Camerounais dans la hiérarchie de l’attaque lyonnaise. Plus la peine de le chercher. Mieux vaut le laisser partir. Seul et en contre. À mesure qu’on le voit pousser sa course, on craint qu’il ne sache où s’arrêter. Suffirait de se retourner pour voir que, derrière, Gillet tousse. Jouer la sécurité, Clinton ne sait pas faire. Peut-être parce qu’il n’en a jamais eu les moyens ou que l’idée même lui échappe. Comme ça qu’il en arrive à tenter pépouse la victoire de l’extérieur. Un geste allumé qui en fait le meilleur passeur pour Lacazette. Avant de se mettre à invoquer le ying et le yang sur la foi de cette stat imparable, on préfère jeter un coup d’œil à l’horloge. 85e minute, quand les défenses cèdent, c’est bien que la crête et les jambes décident.

Olympique Lyonnais5. Mohamed Yattara

L’histoire d’une saison peut se jouer à certains détails. Il faut croire que l’OL a tenu à les soigner tout particulièrement à l’heure d’entrer dans la toute dernière ligne droite. Depuis le titre du LOSC en 2011, on sait que l’un d’entre eux renvoie à l’apport des remplaçants. Jusque-là, à Lyon, l’histoire de ces joueurs s’écrivait surtout dans ce flot ininterrompu des saisons à plus de 50 matchs. La promesse d’un soir d’Europe ou d’un parcours flatteur en coupes permettait de concerner le groupe le plus longtemps possible. Concentré sur la seule Ligue 1 autour d’un onze type presque immuable (hors blessure), l’OL de Fournier ne peut reprendre à son compte cet héritage des années Puel et Garde. Du coup, il faut voir ailleurs. Là où des analystes de performance ont découvert qu’en revoyant la préparation des remplaçants, on pouvait en faire des joueurs décisifs. À Lille puis à Montpellier, les bancs ont pesé bien plus qu’ailleurs dans la course au titre. Après Njie plus tôt dans la saison, c’est à Yattara qu’il revient maintenant d’apporter ce supplément d’homme qui fait basculer la décision du côté de l’OL (77e). On peut bien y mettre ce qu’on veut (intensité, placement, chance), c’est précisément tout qui a pu manquer à l’OL pour s’épargner la répétition du faux pas face à Nice. Où il n’est jamais question que d’équilibre entre ceux à qui on demande de sortir du terrain sans histoire et Yattara qui prend le terrain pour entrer dans l’histoire.

Par Pierre PrugneauSerge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

(Photo SC Bastia)

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