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OL, une victoire en rince l’œil
- Publié le: 19 janvier 2014
RANK’N’OL #S02E34. Jusque-là, l’idée du retour de l’OL vers le haut s’est surtout jouée sur des considérations esthétiques. Au risque d’oublier l’autre impératif des équipes qui dominent leur sujet : savoir faire mal. La victoire à l’intensité face au Stade de Reims (0-2) vient valider un peu plus les ambitions retrouvées des Lyonnais. Avant de se péter au football champagne, le Rank n’oubliera donc pas d’y mettre une bonne dose de hardcore.
Dimanche 19 janvier 2014, 21e journée de Ligue 1
Stade de Reims – Olympique Lyonnais
But : Lacazette (21e), Fofana (84e).
OL : A. Lopes ; Miguel Lopes (Zeffane, 63e), Bisevac, Umtiti, Bedimo – Fofana, Gonalons (cap.), Grenier (Malbranque, 90e +8) – Gourcuff – Gomis, Lacazette (avert., 9e ; B. Koné, 77e).
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Gueïda Fofana
Sur la pelouse d’Auguste-Delaune, l’OL a fait preuve de pas mal de maîtrise technique et de beaucoup d’intensité physique. Gueïda Fofana n’a pas attendu que le match le rappelle pour le faire sien. Il suffit de voir la performance d’un Krychowiak, improbable recrue fantasmée par la frange la plus hipster des Lyonnais, pour comprendre que même en période difficile, il faut savoir apprécier ce que l’on a avant de se raccrocher à ce qu’on n’aura pas. Même perdu dans le ventre mou, l’OL a un standing à respecter et des joyaux sous-estimés. Mais Gueïda s’en fout d’être le quatrième larron du diamant. Il sait depuis longtemps qu’il a la reconnaissance du Rank. Et celle de Dieu. Qui, on le sait, reconnaîtra l’Essien.
2. Henri Bedimo
Quelques jours après que l’UEFA s’est sentie obligée de placer le latéral droit Philipp Lahm sur la gauche de la défense de son équipe de l’année – toute bancale –, Henri Bedimo a une nouvelle fois démontré que s’il y avait un arrière gauche valable en Europe, c’était bien lui. Ils sont très peu à être aussi solides que le Camerounais derrière et si peu à être aussi dangereux en phase offensive. Alors les deux réunis… Ses performances inégales par le passé (dégueulasses à Lens en 2010-2011, excellentes en 2011-2012 avec Montpellier, moyennes l’an dernier) ne doivent pas faire passer les recruteurs lyonnais pour des génies. À moins de se dire que l’OL s’est encore lancé dans un transfert bizarre. Disons juste que cette fois, ça a bien tourné. Putain de bien tourné.
3. Anthony Lopes
A priori, pas grand monde n’avait remis en cause le choix de Rémi Garde : Anthony Lopes était bien le plus fort dans le duel qui l’opposait à Rémy Vercoutre. Encore fallait-il qu’il prouve que ce n’était pas par défaut. Après tout, Lopes n’avait pas non plus validé tout le bien qu’on pensait (espérait ?) de lui, et il ne fallait pas mésestimer le rôle de Vercoutre dans un club où il gardait autant le temple que ses cages. Il fallait donc être solide. L’ancien Bad Gone a poussé loin l’analogie à la 43ème en faisant don de son corps dans ses six mètres après que Weber a touché la barre. Il s’en tirera avec du coton dans les narines. Du sang aura donc un peu coulé. Mais l’encre a déjà séché.
4. Yoann Gourcuff
Le football moderne peut bien être d’abord une affaire de talent individuel, il n’en reste pas moins l’arène des comm’. Il en va ainsi du retour de Gourcuff. Lequel a commencé par se rappeler au bon souvenir des supporters en rejouant à l’identique sa gestuelle des années girondines. Les suiveurs n’ont plus qu’à embrayer et donner tout son sens à ce qui figure comme un retour en grand. On empile les stats, on se repasse en boucle les actions de classe et on pose la question du retour en sélection sur la table. On pourrait en rester là en se disant que le temps et la pression médiatique feront le reste – après tout, Ribéry et Valbuena n’ont pas décroché autrement le droit d’aller jouer leur première Coupe du Monde. À cette différence près que la question du milieu et son corolaire – la stabilité du groupe – semblent maintenant bien réglés chez les Bleus. Autant dire qu’il va falloir en faire pour provoquer une lame de fond à même d’emporter la décision du sélectionneur. Le tout est d’envoyer ces quelques messages qui n’échappent pas aux professionnels de la profession. Lesquels sont prêts à trouver un joueur moins brillant pourvu qu’il y ait tout le reste : l’intensité, les courses à haute fréquence, les récupérations situées dans la bonne zone, la passe qui fait sens et la temporisation qui fait gagner du temps à l’équipe. C’est comme si, après avoir repris à Grenier son rôle de roi de la mène, il fallait maintenant lui arracher la dernière place encore accessible pour le Brésil. Yoyo n’y est pas encore, mais la prestation du jour vaut déclaration d’intention : il veut maintenant s’en rapprocher.
5. Milan Bisevac
La défense peut être aussi une affaire de style. À condition de trouver celui qui sera à la hauteur de la responsabilité qu’on a pris soin de vous confier. À Lyon, Bisevac est arrivé avec son nécessaire de guerrier, visage taillé à la serpe et combo cheveux longs + mauvaise barbe pour dur au mal qui se nourrit de cailloux et de poussière. Si bien qu’on s’est plus souvent cru dans un épisode de Man vs. Wild en voyant le Serbe découper à la machette les jambes adverses au nom de l’instinct de survie que dans un match de Ligue 1. Il a fallu du temps pour que Bisevac sorte de sa défense de tranchées et pour qu’il trouve un style plus apaisé de patron des lignes arrières. La première transformation est passée par le look. Quand Bisevac descend en ville aujourd’hui, c’est en chemise à fleurs. Un privilège que seul Antoine pouvait se permettre du haut de ses vacances longues d’un demi-siècle. Ce qu’on a d’abord pris pour une faute de goût est apparu progressivement comme une véritable profession de foi : là où le PSG avait envoyé un guerrier, l’OL en a fait un hippie. Plus la peine de se jeter sur les attaquants adverses comme John Rambo sur ces putains de rouges qui infestent les jungles du Vietnam. Surtout si le match promet de se jouer à la dure. Désormais, Milan préfère ouvrir tout grand ses chakras et pratiquer la non-violence. Allez, on se tient tous par la main et on célèbre le nouveau Bisevac Style : cheveux longs, défense cool.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
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