L’OL en prend cinq à sec

RANK’N’OL #S02E15. C’est à ce genre de détails qu’on comprend que ça ne va pas fort. Après le rock qui célèbre ses héros morts plutôt que vivants, le Rank doit choisir les siens chez les absents plutôt que parmi les présents. Quand on parle d’absences, il n’est pas ici question de celles que la défense a accumulées jusqu’à l’oubli du côté de Montpellier (5-1). Mais bien de tout le reste et qui manque cruellement quand il faut sortir la tête de l’eau : un sentiment de revanche et son supplément d’âme. Le Rank est aussi un état d’esprit.

Olympique Lyonnais

Mounier devant Fofana : actuellement, le plus sûr moyen pour un Lyonnais de rentrer dans le Rank, c’est encore de jouer contre l’OL. (Photo Panoramic – Nolwenn Le Gouic)

 

Le compte rendu du match : La boucle est bâclée

 

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Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

1. Anthony Mounier. Ça pourrait sonner comme Darkside Of The Moun’. Ce n’est jamais qu’un rappel de la règle du moment : le plus sûr moyen pour un Lyonnais de rentrer dans le Rank, c’est encore de jouer contre l’OL. Ne serait-ce que pour tenir sa revanche sur ces années pas si lointaines où être un jeune issu de la formation obligeait à l’impossible : prendre la place de trois titulaires tous internationaux et battre Claude Puel dans la montée de l’Alpe d’Huez. Si Mounier a bien réussi à remporter le Prix de la Montagne face à Monsieur Costaud, il n’a jamais été en mesure de disputer leur place à Ben Arfa, à Benzema ou à Michel Bastos. Il fallait donc partir. Et comme tous les gars déchus en bien (Rémy, Balmont), le petit frère d’Hubert a eu droit à l’idée d’un retour à la maison. C’est pourtant un autre gros lot qu’il a fini par décrocher, comme coturne de Geoffrey Jourdren les jours de déplacements avec l’équipe à Loulou. Bien sûr, personne ne mérite ça. Demandez maintenant à Lacazette si lui méritait cet après-midi de jouer avec cette défense. Ou plutôt sans.

Lire : Mounier : « J’aurais aimé travailler encore avec Claude Puel »

2. Alexandre Lacazette. Peut-être le joueur le plus sous-estimé de l’effectif lyonnais par le reste de la France. Et probablement le plus surestimé à Lyon. Le Rank n’a pas choisi son camp. Lacazette non plus. Au moins est-ce une constante chez lui, qui se rêve en avant-centre, qui tolère de jouer à droite et qui finit à gauche. D’où il est parvenu, à Ajaccio comme à Montpellier, à pourvoir la quasi-intégralité des occasions de son équipe. Deux prestations catastrophiques de l’OL au cours desquelles il a augmenté ses statistiques d’une passe et d’un but, ce qui le situe déjà dans les mêmes eaux qu’en fin de saison dernière (4 buts et une passe contre 3 et 3 en 2012-13). Et c’est bien là que se situe le drame : plus Lacazette est efficace, plus l’OL est nul. Il va vraiment falloir choisir son camp.

3. Anthony Lopes. D’accord, un gardien qui en prend cinq dans le buffet doit sortir du Rank. Sauf qu’à sa place, Geoffrey Jourdren en aurait pris douze. La preuve, il se prend un petit pont par télékinésie signé Lacazette qui aurait pu renverser le match s’il n’y avait eu Koné ou Ferri pour se déchirer encore plus fort. Ce qu’a raconté à sa manière Rémy Cabella à la sortie du terrain : « On a voulu montrer qu’il suffisait de courir et de faire des appels pour marquer des buts. » Le plus long toro du monde pouvait alors prendre place dans la surface lyonnaise et Lopes de ramasser l’estocade à la fin. Cinq buts plus tard, l’internaltional portugais n’a pas grand chose à se reprocher, si ce n’est d’avoir été abandonné si tôt dans la partie par sa défense dès la 2e minute, déjà obligé de donner dans le sauvetage écran sur Cabella. À moins de se dire qu’on n’en est déjà plus là et qu’on est en droit d’exiger n’importe quoi, la gueule de Vercoutre pour recadrer son monde aux premiers signes de démission ou le miracle à la Lloris qui parvenait à faire croire qu’on pouvait jouer la course au titre avec une défense (déjà) au radar. Encore que, même avec tout ça, il paraît toujours aussi difficile de s’épargner un panier de cinq, majeur pour la forme.

4. Jimmy Briand. Quand on le croisait l’été dernier à Tola Vologe, Jimmy Briand n’avait plus rien d’un joueur de foot professionnel. C’est à peine si on se retournait quand on l’entendait traîner de la claquette en disant : « Tiens, voilà Camping 3 ! » Et quand il en bavait le lendemain seul face au but sans toucher un ballon, c’est le roi Darcheville qu’on invoquait, période Burger King. Quatre mois plus tard, il est un de ceux qu’on sauve à intervalles réguliers. Non pas qu’il en ait fini avec ses démons de la veille – cœur de croqueur face au but, passes qui libèrent moins l’espace que le vide intersidéral –, mais en réglant quelques problèmes du moment du haut de son expérience et de ses courses abrasives. Il a suffi d’une sortie à la 60e pour s’en souvenir quand, cinq minutes plus tard, Ferri attiré par l’axe comme la pomme par le crâne d’Isaac Newton laisse filer Cabella à deux reprises pour un but (66e) et une passe dé’ (68e). La trajectoire de Jimmy peut alors résonner comme un chant d’espoir pour vous tous, les kids : oui, il est toujours possible de (re)devenir un joueur professionnel pour peu que, dans le même temps, votre équipe ait décidé de ne plus l’être.

5. Lisandro. Les jeunes ne respectent plus rien, ni personne à ce qu’il paraît. En même temps, qui peut encore impressionner un gamin comme Yassine Benzia ou Fares Bahlouli, les deux têtes à claques supposées, dans le vestiaire lyonnais ? Qui sait faire des choses qu’ils ne savent pas faire ? Personne. Qui est suffisamment exemplaire pour leur faire baisser les yeux ? Pas grand monde. La différence fondamentale entre l’OL chancelant du premier semestre 2013 et celui, affligeant, du second, a un nom. Et même deux : Lisandro Lopez. Ce n’est pas tant le joueur qui manque (encore que). Licha n’a jamais voulu être une star, mais il faut croire qu’il assumait ce statut mieux que les autres. Miser sur la formation n’était pas une idée stupide. Mettre Grenier au centre du projet, et payer pour ça, sûrement un peu plus. Grenier comme Gonalons n’ont ni le vécu ni l’aura de l’Argentin, et ce ne sont manifestement pas les soirées pizzas ou FIFA qui compensent. Licha ne s’embarrassait pas de futilités, pas plus que de mots d’ailleurs, pour faire passer un message. Et si on l’a toujours dit par ici, on peut espérer que tout le monde mesure désormais la valeur de Licha, même diminué. Un Licha à qui on aurait dû pardonner ses états d’âme. Parce que cette âme fait cruellement défaut, quel que soit son état.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon

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