Que des n°10 dans ma team

RANK’N’OL #S02E03. Les absences des uns et le départ des autres ont contraint Rémi Garde à une improvisation géniale. Dans l’équipe rafistolée qui a marché sur Nice (4-0), ce sont les esthètes qui ont pris le pouvoir. Pendant qu’un autre bouleversait Lyon pour cent ans. Cinq types destinés à briller. Ou à s’éteindre..

Olympique Lyonnais

On a vu Gourcuff en vrai. C’était vachement bien. (Photo Panoramic – Frédéric Chambert)

 

Le compte rendu du match : Un être vous manque et tout est repeuplé

 

Olympique Lyonnais

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Yoann Gourcuff

Et le pire dans cette histoire, c’est qu’il n’a pas été bon en première période et qu’il n’a jamais donné cette sensation de planer sur les débats. Un peu comme un ancien meneur de CFA retourné jouer au village avec ses potes et qui, malgré ses abdos Kro et les cernes d’une nuit passée à l’Arc en Ciel, reste dix niveaux au-dessus de tout le monde. Par à-coups. Alors peut-être que Yoann Gourcuff redeviendra un joueur qui compte, ici ou ailleurs. Mais sûr que Gerland regrettera longtemps de ne pas avoir connu cela avant. Ou plus souvent. De cette soirée d’août, on ne sait pas si on retiendra la jubilation ou la frustration. On a toujours voulu voir ce 10. Ou même seulement un dixième.

Olympique Lyonnais2. Clément Grenier

Tout le monde pourra dire : « J’y ai toujours cru. » Pas ici. Le Rank avait aimé le Grenier de l’automne 2012 mais s’était méfié de celui du printemps suivant. Trop d’emballement, trop de paillettes, trop de chance. Un été passé à la table des négociations n’avait pas arrangé son cas ici quand il n’ébranlait pas sa cote ailleurs. Mais il est revenu plus fort, toujours – tout le temps – décisif, plus consistant même. Clément Grenier est bien devenu un grand joueur. Et si un autre meneur, autrefois aussi élégant et décisif, n’avait pas sombré de manière énigmatique trois ans durant, on serait tenté de dire à Clément Grenier : c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire. Pour les siècles des siècles. La mène.

Olympique Lyonnais3. Alexandre Lacazette

C’est donc le moins 10 d’entre tous qui finit par le porter. Pas si étonnant que ça au vu des précédents qui ont émaillé l’histoire récente de l’OL. Lorsqu’un prétendu vrai 10 veut récupérer son numéro sur sa liquette, il finit sur un VTT et s’appelle Ederson. Lorsqu’il ne joue pas au poste, c’est Malouda et Benzema. Faut croire que Lacazette a le sens de l’histoire. D’autant plus quand elle fait les belles carrières. L’arrivée du 10 sur les maillots lyonnais de Benz’ et de Flo’ avait moins vocation à être raccord avec leur situation sur le terrain qu’à signifier la place qu’ils entendaient occuper dans le club. Pour faire vite, celle des types qui se posent un jour comme décisifs. Face à Nice, Lacazette l’a été deux fois avec sang froid là où il donnait encore dans le croque-Jimmy côté droit. D’ailleurs, il maîtrise tellement qu’il se permet même des sorties de terrain insipides quand on lui tend le micro et des tweets sans âme pour commenter sa perf’. On se pince pour y croire mais c’est beau comme du Thierry Henry, tant dans ce retour vers l’axe que dans le texte. A une différence près pour le moment : là où Titi cherchait à avoir la peau des 10 dans son équipe, Alex se contente lui d’avoir leur maillot.

Olympique Lyonnais4. Lisandro

l aurait pu se contenter de donner dans la citation bien sentie comme Cantona qui reprenait House Of Love à Leeds en 92 : « I don’t know why I love you, but I know I love you. » Cela aurait déjà été pas mal. Mais plutôt que de dire tout son amour, Licha a préféré en donner. Sans doute que l’Argentin sait trop ce que veulent les Lyonnais en général et leurs 10 en particulier pour venir du pays où les potreros ont toujours été les rois. Pour raconter tout ça, il faut une dernière sentence. De celles qu’on a mis le temps, quatre ans, à construire et qui ne manque pas de provoquer le vertige : « Ils m’ont donné l’amor. » Une lettre disparaît, mais rien n’est à peu près. Jusque sur le terrain où la mort de l’un fait déborder l’amour pour tous les autres. À commencer par tous les 10 du soir, ces grands joueurs sensibles qu’on dit shootés à l’affection pour avoir l’impression d’exister. Jusqu’au bout, Lisandro aura tenu à respecter son contrat, cette éthique personnelle qui renvoie au don de soi et mène tout droit au sacrifice : « Les supporters méritaient le meilleur de moi-même et je ne pouvais pas le leur donner. J’ai donc préféré arrêter. » Et les supporters de rester là, les yeux au bord des larmes avec Bernard Lacombe, à retourner la leçon dans tous les sens pour lui donner l’allure qu’elle mérite. Lisandriste comme l’amor.

Olympique Lyonnais5. Gueida Fofana

À intervalles réguliers, l’OL s’est mis à placer des milieux dans sa défense et contemple l’affaire avec la mine satisfaite de ceux qui trouvent que ça fait chic. Garde connaît bien la question pour avoir été le premier à s’y coller. Houllier en a fait sa botte secrète les grands soirs de Ligue des Champions en sortant Müller du banc pour le faire jouer en Baresi lent. Et puis il y a eu les dernières tentatives, parties pour durer et interrompues avant même d’avoir commencé. D’abord avec un genre de 10, classieux quoiqu’un peu massif, dans le genre Ballack. Bodmer était vraiment beau à voir dans cette défense. Sauf qu’il ne savait défendre. Pas grave, on retente le coup avec un 6. Toulalan a toutes les qualités pour s’y coller et même figurer un genre d’avenir au poste à l’heure où la tendance s’appelle Piqué. Mais l’homme aux tempes grisonnantes préfère encore défendre sans compter : « Le foot, c’est quand même du sport. » La Toule court sur toute la largeur, oubliant au passage les règles élémentaires du placement. L’OL a donc fini par abandonner cette obsession, d’autant plus à l’heure où Thiago Silva sert de valeur étalon au poste. Ce qui n’a pas empêché Fofana, à sa manière, sereine et bien élevée, de rappeler qu’il restait une dernière voie à explorer. La sienne qui, lorsqu’on la trouve au milieu, se cherche quelque part entre le 6 et le 10.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

Commenter

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>