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OL – PSG : que des terrain n°10 dans ma team
- Publié le: 13 avril 2014
RANK’N’OL #S02E55. C’est au moment où tout le monde s’était résigné que l’OL façon Plaine des Jeux a décidé de sortir son exploit, celui qu’il a fini par manquer face à la Juve ou Monaco. En battant le PSG à Gerland (1-0), les Lyonnais se sont même mis un petite pression à une semaine de la finale de la Coupe de la Ligue. Mais visiblement, ils la gèrent bien.
Dimanche 13 avril 2014, 33e journée de Ligue 1
Olympique Lyonnais – Paris Saint-Germain
But : Ferri (31e)
OL : A. Lopes – Tolisso, Bisevac, B. Koné (Umtiti, 51e), Dabo (Bedimo, 69e) – Ferri, Gonalons (cap.), Mvuemba – Fekir (Lacazette, 83e) – Gomis, Briand. Entr. : Rémi Garde.
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Jordan Ferri
Qui n’a jamais rêvé de jouer en pro ? Qui n’a jamais rêvé de mettre le but de 25 mètres sous la barre ? Un but qui ne devrait rien à personne d’autre, dans un stade en liesse, offrant du coup la victoire face à une équipe du genre vachement plus forte. Qui n’a jamais rêvé de tenir en respect le caïd du camp d’en face ? De ne pas céder, au courage, malgré son ascendant physique, moral et sa réputation. Et d’emporter la bataille, à la ruse. On croit souvent avoir des rêves de grandeur, alors qu’au bout du compte, on voudrait juste être Jordan Ferri. Rien qu’un soir. Mais le bon.
2. Anthony Lopes
Il y a la crainte qu’une série de parades soit décisive une semaine trop tôt. Comme s’il fallait encore entretenir le doute sur le niveau réel ou supposé du gardien lyonnais. Comme à chaque fois ou presque qu’il faut s’y coller, on doit ressortir le révélateur Lloris pour mieux situer Lopes. Le capitaine des Bleus a quitté Lyon sur une idée, celle d’un joueur suffisamment au-dessus du lot pour ramener un paquet de points à l’OL. Après avoir passé quelques matchs à repousser la défaite, Lopes en arrive à assurer la victoire. D’accord, on pourra toujours dire que le spleen des attaquants parisiens y a été pour quelque chose. Reste que le gardien lyonnais parvient sur ses premiers arrêts à sortir progressivement sa défense de ses errements quand Lloris entretient cette impression déjà aperçue entre Saône et Rhône de finir par être lâché par la sienne. On peut toujours se dire que la différence de talent entre les deux se situe à cette échelle, entre celui qui n’a d’autre choix que de permettre à Bisevac de reprendre pied dans la partie pour pouvoir s’en sortie et celui, comme Lloris, qui sait qu’il pourra toujours se débrouiller seul.
3. Maxime Gonalons
Puisque, de toute évidence, il va falloir s’habituer à ne le plus voir du tout à Lyon, Gonalons s’emploie à être de moins en moins visible au fil des matchs. Une façon comme une autre de laisser la lumière à d’autres – Mvuemba jeudi, Ferri dimanche – pour mieux revenir à cette place qui lui va le mieux, à l’ombre. Dès lors, le capitaine lyonnais peut redevenir ce milieu brutal qui aurait lu Pascal. Jeudi, on l’attendait dans un duel à distance avec l’un des milieux les plus puissants et sauvages aperçus ces dernières années, le cas Arturo Vidal. Il avait alors fait un pas de côté pour privilégier la part d’anticipation de son rôle, à force de courses qui avancent sur le milieu adverse à défaut de pouvoir lui marcher vraiment dessus. Cette fois, Gonalons reprend la leçon des Blues à son compte : envoyer une pluie de coups pour faire tourner à vide la possession parisienne. Une pression dont la part la plus visible devient vite le naufrage de Lavezzi et de Cavani. Il faudra sans doute que Washing Maxime se barre ailleurs pour savoir enfin s’il a l’envergure (ou non) du grand milieu qu’on a cru apercevoir. En attendant, on a acquis la certitude qu’il savait prendre la mesure des grands milieux du moment.
4. Corentin Tolisso
Une année, c’est ce qui séparait Digne de Tolisso au coup d’envoi. Ça ne paraît rien, mais c’est déjà une éternité à l’échelle d’un début de carrière. Le temps pour Digne d’incarner le futur du foot français au poste de latéral gauche et de basculer de l’autre côté du miroir, là où le montant du transfert ne compte plus et où il faut déjà se frotter aux grands de ce monde. On voudrait donner dans la culture de l’instant qu’on affirmerait que la différence entre le néo-international parisien et le rookie lyonnais ne s’est jamais vue. Pourtant, c’est bien elle qui a été à l’œuvre pendant 90 minutes à Gerland. Digne n’en est plus à composer avec la seule insouciance des joueurs de 19 ans, en pleine conquête dès lors qu’il s’agit de se faire une place parmi les pros. Il y a un premier mur à se frapper, celui de l’échec parisien en Ligue des Champions, qui peut déterminer la suite à donner à une carrière pour peu que la personnalité du jeune joueur s’y dilue. Tolisso n’en est pas encore là. Ce qui lui permet tenir son couloir de fortune comme s’il y avait toujours été. À la façon de Gonalons au moment de naître au football en y allant d’un but qui marque les esprits – le premier à Anfield, le second à la 93e minute d’un match perdu. Comme Fofana lorsqu’il faut faire oublier les spécialistes de ce poste qui n’est pas le sien. Façon de rappeler que la confiance du moment peut avoir suffisamment de vertus pour venir à bout de ce supplément d’expérience, de physique et de technique qui vous précède. Du coup, plutôt que d’avoir à supposer les mérites de Tolisso ou les défaillances de Digne, on préfèrera aller au plus court et célébrer dans ce duel de couloir la victoire de la culture de l’instinct.
5. Bafétimbi Gomis
Pourquoi les Lyonnais se braquent-ils contre contre Bafé Gomis ? C’est manifestement la question qui se pose à Paris, comme on dit en Province. Des consultants de plateaux télé grand public aux blogueurs les plus alternatifs, personne ne semble comprendre ce qu’on peut reprocher à ce bon vieux bougre à la tête sympathique et dont les stats devraient suffire à contenter le manant. La réponse est simple, le cheminement plus complexe. Une idée qui pourrait ressembler à ça : Aulas fait du mal au foot qu’on aime – encore faudrait-il savoir lequel – et Gomis l’aurait bien baisé. Ce qui pourrait être tentant s’il n’y avait derrière ce petit pactole à récupérer pour l’attaquant. Évidemment, Aulas a merdé durant l’été. Même si la méthode dure avait trouvé des bribes de légitimité dans les six mois précédents. Tout le monde avait bien compris que Gomis faisait la gueule au moment où Garde tentait de redonner vie à Lisandro, invité à revenir à son poste après un an et demi d’un exil sur l’aile gauche qu’il était le seul des deux attaquants à pouvoir assumer, après y avoir laissé une partie de sa carrière à haut niveau. Le « compétiteur » Gomis avait le droit d’en être affecté. Un peu moins de le faire savoir. Un an après, Bafé a réussi son tour de force, non sans avoir perdu, il est vrai, son unique chance de participer à la Coupe du Monde dans l’affaire. Et on en était là, moins triste que blasé. Jusqu’à ce dimanche où Gomis décide de briller en deux étapes, au p’tit déj’ dans le JDD, puis à l’apéro du CFC. Rapidement à cours d’arguments auto-promotionnels, ce bon Bafé tente d’expliquer qu’il serait sûrement plus considéré s’il n’avait dû faire face à quelques obstacles. Parmi eux, et c’est de bonne guerre, sa direction (« Sans temps de jeu et avec une préparation en CFA , on ne peut pas être sélectionnable »), mais aussi Lisandro, pourtant refourgué très loin au plus offrant (« Lisandro ne voulait plus jouer sur le côté et j’ai dû reprendre ma place sur le banc de touche, même si je pense que ce n’était pas mérité »). Gomis n’avait donc pas mis toutes les chances de son côté au moment du coup d’envoi. Pourtant, un quart d’heure plus tard, il était déjà rankable. Notamment pour avoir obligé Thiago Silva, certifié « meilleur défenseur du monde », à faire trois fois le tour de son slip sans en toucher l’élastique (11e). On ne pouvait (voulait ?) pas vraiment s’attendre à ça. Mais il a fallu se rendre à l’évidence : ça a parfois des avantages les types qui ne respectent aucune institution.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
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