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OL, le sale air de la peur
- Publié le: 11 mai 2014
RANK’N’OL #S02E60. À devoir se fendre d’autant d’adieux à l’arène (Cris, Garde, Gonalons), on se laisse submerger par l’émotion et on en oublie qu’il reste un match à jouer. Face à Lorient, l’OL n’est jamais parvenu à assurer sa place européenne (0-1). Trop occupés à faire soigner leur « Clap Your End And Say Bye », les gars du Rank devront s’y reprendre pour ne pas faire résonner « The Pains Of Being Puel At Heart ».
Le compte rendu du match : L’arbitre, mais pas le cirage
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Maxime Gonalons.
Il paraît que c’est dans les moments difficiles que s’affirment les vrais patrons. Contre Lorient, dans un match joué à dix contre onze avant même l’expulsion de Dabo, Max Gonalons a été de tous les combats. Pour ne pas dire qu’il a été tout le combat. Monumental à la récup’, Washing Maxime a été le cerveau du jeu lyonnais qui, si on en a peu profité, n’aura subsisté que grâce à lui. C’est Gonalons qui, d’un extérieur parfait, décale Bedimo dont le centre aboutit à la première frappe cadrée de Lacazette (42e). Et c’est encore lui qui envoie ce même Lacazette dans la surface pour la deuxième occasion lyonnaise digne de ce nom (63e). Outre ce rôle de casseur-créateur, c’est encore dans la maîtrise du rythme de la partie qu’il a étalé sa classe, sous-estimée ici et déjà trop considérée ailleurs. En témoignent ces passes distillées dix mètres devant le destinataire pour obliger le bloc affaibli à évoluer le plus haut possible. Parce qu’on aime les grands capitaines qui se font comprendre même quand ils ne parlent pas. Et qu’il faut qu’ils comprennent qu’on les aime encore plus pour qu’ils ne partent pas.
2. Anthony Lopes
On demande aux gardiens d’être miraculeux. Encore faut-il leur laisser une marge minimale pour pouvoir l’être. Une semaine après avoir réalisé trois arrêts pour rien sur les actions entraînant les deux buts de Gignac, Antho Lopche a cette fois eu le temps de voir arriver sa mise à mort. Quatre-vingt mètres, c’est long, mais le gardien de l’OL a dû comprendre une fois le contre lorientais lancé quelle en serait la finalité, faute d’opposant (53e). On retiendra donc cette sortie hyper tonique dans les pieds d’Aliadière (11e), ou cet arrêt, à nouveau face à l’ancien joueur d’Arsenal (18e). C’est là le comble pour Lopes : essayer de donner de l’air à une défense qui en brasse déjà pas mal.
3. Samuel Umtiti
De loin, Samuel Umtiti est celui qui s’est mangé le plus de piles cette saison. Lacombe qui persifle sur son titre de champion du monde des U20, Garde qui le renvoie dans les tribunes plutôt que de l’aligner en tour préliminaire de Ligue des Champions, Gonalons qui lui demande de garer sa Maserati loin des supporters, Malbranque qui célèbre l’état d’esprit de Ferri pour mieux l’oublier au passage et maintenant Aulas qui consacre Bako Koné comme « pièce maîtresse » de la défense lyonnaise. Tout ce beau monde s’est donc relayé pour éteindre l’excès de confiance d’un joueur encore trop jeune pour considérer son talent à sa juste mesure, soit largement au-dessus des autres. On veut bien remettre au goût du jour la méthode de Coupet de ses adjudants Delmotte, Laigle & Co. qui pensaient que, pour faire grandir la marmaille, il fallait lui mettre des tartes pleine tête. On peut aussi continuer à regarder les matchs comme on l’a fait jusque-là et rappeler ce qui relève de l’évidence : au milieu de sa défense – ou du moins ce qu’il en reste –, Sam reste le seul à sauver. En contrant une première frappe, avant de glisser un tacle dans la foulée pour remettre à plus tard l’affront d’un but de Monnet-Paquet (37e). En se plaçant là où Koné n’est plus, pour couper un centre devant Aliadière (42e). En mettant le hasard de son côté pour peu qu’il y ait une frappe de Coutadeur à dévier (80e). Pour moins que ça, Cris aurait eu le droit à son cri de célébration, celui qu’il est venu chercher pour son pot de départ. Sam lui devra se contenter d’une claque. Non pas celle qui descend des tribunes, mais bien celle qu’on se prend derrière la nuque.
4. Alexandre Lacazette
« Les arbitres font tout pour nous entuber ! » Ou « nous enculer »… Si la première version a fait consensus, il demeurera toujours une ambiguïté. Comme celle qui plane au moment de juger le match de Lacazette qui, s’il n’a pas autant brillé sur le terrain qu’au bord ce samedi-là, n’a jamais ménagé sa peine. Ses deux tentatives (42e et 63e) ont beau finir sur Chaigneau – plutôt que l’inverse – et sa remise pour Gomis n’aboutir qu’à un pétard mouillé (30e), le Kid de Mermoz aura été presque de tous les mouvements dangereux, aussi rares soient-ils. Mais c’est encore pour sa volonté de secouer un ensemble inanimé, au moins jusqu’à l’entrée de Gourcuff, que Lacaz’ a gagné, à l’arrache, sa place dans le Rank. Pour avoir montré qu’une fois devenu un homme à stats, il est toujours plus qu’un tube. Sans ambiguïté.
5. Jordan Ferri
Suffit que tous les milieux de l’effectif – à l’exception de Fofana – se succèdent sur le terrain pour savoir que l’OL est en train de patiner. D’accord, l’expulsion de Dabo a eu raison du milieu à quatre. En attendant, ni les revenants du placard faiseurs de miracles (Malbranque et Mvuemba), ni les meneurs pour losange déchus (Grenier et Gourcuff) ne sont venus à bout de l’équation lorientaise. Que Ferri soit le seul qu’on veuille bien sauver au final comporte son lot de révélations. La première, qu’il valait encore mieux s’exiler dans ce couloir droit, aussi hanté soit-il, pour se faire oublier et gratter ces quelques centres qui vous éloignent du naufrage. La seconde pour rappeller que si Ferri parvient avec autant de régularité à se tailler une place dans le Rank, il le doit autant à son talent qu’à la disparition de tous les autres autour de lui. Autant dire que le milieu de poche tient moins de l’avenir au poste que de l’incruste par défaut. On pourra toujours rappeler qu’avant lui d’autres ont gagné de la sorte une carrière de Ligue 1 dont bien des clubs auraient eu tort de se priver – Balmont, Pied ou Mounier font partie de ces types-là. Reste que l’OL a aussi fait le choix de s’en passer, persuadé que son milieu valait mieux que ces joueurs de devoir. Avant de se demander, un rouge plus tard, si après avoir été contraint de faire avec ces derniers mois, il y a encore la marge pour faire sans.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
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(Photo Frédéric Chambert – Panoramic)