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OL-Kyriat Shmona : Aulas, le Wenger masqué
- Publié le: 18 avril 2013
RANK’N’OL #22. L’OL a terminé son premier tour de Ligue Europa en beauté face à Kyriat Shmona (2-0) avec une ribambelle de bambins. De quoi enflammer une gonosphère jusque-là très sceptique face à la volonté d’Aulas de se délester de quelques stars salaires. Et si la réalité dépassait les rêves du président ? One for the money, two for the show : that’s Rank’n’OL !
Jeudi 6 décembre 2012, 6ème journée de Ligue Europa
Olympique Lyonnais – Kiryat Shmona 2-0
Buts : Saar (15ème), Benzia (58ème)
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Jean-Michel Aulas : se débarrasser de Bafé Gomis ? Une hérésie. Même si… Même si Lisandro. Et Benzia. Et puis Martial aussi. Quoi ? Un chèque de 14 millions ? Pour un salaire de 300 000 euros en moins… Gourcuff bradé ? Ce serait dommage. Mais c’est vrai qu’il y a Grenier, et que sa sortie à la mi-temps face aux Israéliens a semblé libérer ses partenaires. Alors voilà : quand tout le monde cause ballon, Jean-Michel Aulas pense équilibre d’exploitation et baisse de la masse salariale. C’est forcément moins rigolo. Quand l’OL retrouve les sommets de la Ligue 1, il met de l’eau dans son vin. Mais la démonstration des meilleures pousses de Tola-Vologe a forcément laissé entrevoir la possibilité de faire quelques coups, peut-être même au-delà de ses espérances. Après tout, la gestion du manager Arsène Wenger a permis à Arsenal d’être aujourd’hui le club le plus apte à affronter le fair-play financier. Alors pourquoi ce qui a fonctionné avec les Baby Gunners ne marcherait pas avec les Bébés Gones ? Si certains en sont à se poser la question, nul doute que JMA a déjà une réponse. On lui soumettra simplement qu’Arsenal n’a rien gagné depuis 2005. À l’exception du seul qui compte pour le bilan financier de l’OL : celui de modèle économique rentable.
2. Yassine Benzia : on n’en est qu’aux prémices de la pré-hype. Soit très précisément le seul moment de sa carrière où l’on doit expliquer au monde entier que le nouveau prodige est un joueur frisson comme on en voit sortir une fois tous les dix dans du centre de formation. Après, une fois que la hype se mettra en place, il sera trop tard : on n’aura plus vraiment envie de rallier cet enthousiasme trop unanime pour ne pas laisser deviner le retour de bâton qu’il sous-tend. Car, en plus d’être ce joueur trop facile pour se permettre de planter dans ces mêmes angles impossibles que Karim, Benzia se traîne aussi une réputation de tête dure. Du genre que la France adorera détester au premier excès qui sera déjà de trop. Raison de plus pour commencer à l’aimer plus que les autres.
3. Anthony Lopes : longtemps, on a cru que le vrai talent de Joël Bats était d’organiser les barbecues de fin de saison. La faute à cette tenue de maître-nageur portée de fin février à fin novembre et à ces gardiens tellement sûrs de leur art (Coupet, Lloris) qu’on se dit qu’il ne reste rien d’autre à faire que de faire griller un peu de barbaque pour faire d’une équipe une bande de potes. Il aura donc fallu attendre douze ans pour revenir sur cette vision des choses. Car depuis qu’une ex-doublure et un jeune premier se partagent le poste, c’est à peine si l’on voit la différence avec les glorieux prédécesseurs. Quand Vercoutre n’est plus là pour jouer l’homme de la manchette, c’est Lopes qui devient l’Omeyer d’entre tous à coups de doubles parades poing-pied. Si le miracle n’est pas génétique, on n’oubliera pas d’être convaincu qu’il est vite transmissible au contact de Bats.
4. Gueïda Fofana : « Je ne suis pas un milieu défensif ! Je suis un relayeur ! » Inutile d’entrer dans les détails pour les profanes : la nuance est infime. Mais pour l’homme du jeudi soir, elle est immense. S’il n’a jamais rien exigé de tel dans la presse ou auprès de son entraîneur, on ne peut qu’admirer l’ardeur qu’il met à faire passer son message sur le terrain. On l’avait déjà remarqué d’un match à l’autre, mais cela fut encore plus flagrant dans la même rencontre : insignifiant en première mi-temps, Fofana est revenu libéré et entraînant après la pause. Et c’est peut-être aussi pour ça qu’il méritait son brassard : un bon capitaine n’a pas besoin de parler pour se faire comprendre.
5. Sidy Koné : on voudrait jouer la partition de la fixette Gourcuff qu’il faudrait s’y prendre comme suit. À savoir que Yoann ne sert jamais qu’à rendre les autres meilleurs que lorsqu’il n’est plus là. Un procédé injuste dans lequel on se gardera bien de donner par respect pour le retour de Sidy Koné. C’est vrai que ce dernier jour de poule en Europa League était suffisamment anecdotique pour avoir un air de match de préparation d’avant-saison. Soit pile ce moment où on a pu s’enticher pour le milieu malien. C’était à l’été 2011, quelques semaines avant que Sidi ne retourne dans les limbes de la Pro 2 pour un rouge ramassé trop vite à Brest. Ce soir, l’autre Koné a rappelé à coups de ballons grattés et de relances sans chichi qu’il valait peut-être mieux qu’un Fofana à la peine question récup’. Une prestation idéale pour gagner la dernière place à prendre dans le milieu lyonnais, celle à l’ombre de Gonalons.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
(Article publié le 7 décembre 2012 sur Rue 89 Lyon)