OL : des travaux au stade de Decima

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FÉMININES. La Division 1 féminine reprend ce week-end, avec un déplacement à Saint-Maur pour les coéquipières de Wendie Renard. L’OL, qui reste sur neuf titres de champion consécutifs, semble moins serein qu’il y a quelques temps. De quoi soulever quelques interrogations sur la méthode Gérard Prêcheur.

 

Il y a un petit mois, la situation était claire : l’OL n’allait faire qu’une seule bouchée du championnat et sans doute aussi de la Ligue des Championnes. L’équipe qui avait fait le doublé en France s’était habilement renforcée pendant que la concurrence (c’est à dire le PSG) se dépeuplait.

Mais en une semaine tout a basculé. Lyon a perdu contre le Bayern en finale de la Valais Cup, le PSG a recruté les Brésiliennes Erika et Cristiane (en plus d’avoir réussi à conserver Shirley Cruz) et on en vient à s’inquiéter pour l’OL, sa défense -qui a concédé six buts en deux matchs en Suisse- et son entraîneur dont le schéma et le coaching ne parviennent pas à convaincre les supporters. On vient aussi de réaliser qu’il y aura trois équipes allemandes en lice pour la Coupe d’Europe et que l’OL n’en a plus battu depuis Francfort en finale 2012.

 

Un bilan brillant… à nuancer

Bien que le supporter soit par nature versatile et difficile à contenter, l’inquiétude qui remonte à la surface ne date pas de cet été mais trouve son origine dans le déroulement de la saison dernière.

Le bilan tel qu’il a été présenté est particulièrement brillant : doublé Coupe-championnat, 22 victoire en 22 matchs de D1, un nombre record de buts marqués en championnat (147), tous les adversaires nationaux passés au hachoir, y compris le PSG laminé 4-0 dans la « finale » du championnat. Mais on peut donner un éclairage légèrement moins reluisant. Battre Issy, Albi ou Arras, c’est une sorte de service minimum pour un effectif constitué de la moitié de l’équipe de France enrichie d’étrangères de premier plan, surtout quand cette équipe dispose – contrairement à ses adversaires – des conditions de travail professionnelles.

Même la victoire de Charléty est à nuancer : elle doit autant à l’esprit de revanche des Lyonnaises qu’aux errements de Farid Benstiti. Privé de sa meilleure joueuse Shirley Cruz, il avait décidé de bricoler son milieu en y mettant Kenza Dali, qu’il remplace sur l’aile droite par Jessica Houara avancée, elle-même étant suppléée par Sabrina Delannoy comme arrière droite. Bilan : trois joueuses pas à leur place, un couloir droit sinistré et deux changements à la mi-temps pour essayer de boucher les trous. Sauf qu’il y avait déjà 2-0. On ajoutera pour faire bon poids le choix de faire jouer sur deux jambes (une chacune) les deux centrales Laura Georges et Josephine Henning, tout juste de retour de blessures. Pour l’OL, les circonstances étaient donc favorables pour prendre une revanche sur le PSG. Mais il ne faut pas espérer que tous les adversaires fassent ce genre d’erreurs (et Farid Benstiti a d’ailleurs su ne pas les répéter en demi-finale de Ligue des Championnes contre Wolfsbourg ni même en finale malgré la défaite).

 

Prêcheur dans le désert

La revanche était nécessaire parce que, au mois de novembre, pour les seuls autres matchs de haut niveau de la saison, les Parisiennes avaient écarté les Lyonnaises de la Coupe d’Europe lors d’une série de trois confrontations où l’OL avait commencé par remporter le match de championnat à Gerland.

Déjà à ce moment-là, la méthode de Gérard Prêcheur a pu poser des questions : recruté dans un contexte de réduction des moyens et donc de l’effectif comme le formateur de Clairefontaine qui allait intégrer les jeunes, il faudra attendre quasiment la mi-saison pour qu’il les mette réellement sur le terrain. Jusque là, l’OL joue avec douze joueuses. Même les expérimentées Corine Petit et Élodie Thomis peinent alors à trouver du temps de jeu.

Quand arrive le match de championnat contre le PSG, Camille Abily est blessée et l’équipe est simplement constituée des onze joueuses valides. Seule Élodie Thomis remplace Lotta Schelin avant l’heure de jeu. Une semaine plus tard, pour le match aller de Coupe d’Europe à Charléty, Amel Majri étant blessée, Corine Petit a le droit de fouler la pelouse. Là encore, seule Élodie Thomis entre en jeu pour Eugénie Le Sommer. Enfin, trois jours plus tard à Gerland, Amel Majri reprend sa place (et Corine Petit la sienne sur le banc) et, de nouveau, le seul remplacement est l’entrée d’Élodie Thomis, à la place d’Ada Hegerberg.

Pendant ce temps, Farid Benstiti change deux joueuses entre le premier et le deuxième match, fait trois remplacements à chaque fois et donne du temps de jeu à seize joueuses. Bien entendu, à cette époque, l’entraîneur parisien disposait d’un effectif beaucoup plus large que son homologue lyonnais et il semblait risqué de lancer dans ce genre de confrontations l’une ou l’autre des jeunes joueuses. Mais si elles avaient eu un peu de temps de jeu auparavant, cela aurait rendu leur candidature plus crédible, et ainsi permis de faire souffler les titulaires.

 

Revoir le sens des priorités

Les critiques sur ce choix de s’appuyer sur une équipe type fixe et de limiter le coaching sont ressorties suite à la défaite contre le Bayern en Suisse, où Gérard Prêcheur n’a fait que trois changements sur les six autorisés dans cette compétition, en comptant l’entrée de Delphine Cascarino dans les toutes dernières minutes. Toutefois, on les tempérera par le fait qu’il pouvait s’agir du choix de se placer dans des conditions réelles de compétition, et parce qu’une des joueuses qui entrera sans doute cette saison dans ce genre de situation – Claire Lavogez – était légèrement touchée et donc indisponible.

Ce n’est certainement pas un hasard les résultats de la triple confrontation contre le PSG ont été une victoire, puis un nul puis une défaite, dans cet ordre. L’équipe s’est essoufflée contre un adversaire qu’elle n’a pas réussi à épuiser physiquement comme elle l’a fait des autres. Du coup, comme la Coupe d’Europe était à la fin de la série, l’OL a quitté la compétition prématurément. Il est probable que si le premier match avait été européen et le dernier de D1, l’OL aurait poursuivi sa route au moins jusqu’en demi-finale (et aurait probablement aussi remporté le championnat avec « seulement » 21 victoires).

C’est une autre faille décelable dans le travail de Gérard Prêcheur. Il est incontestablement un très bon technicien qui fait progresser ses joueuses et bien jouer ses équipes. Mais avec un effectif comme celui de l’OL, la plupart des entraîneurs diplômés seraient capables de battre les sept ou huit derniers du championnat à coup sûr. Sans doute pas avec des écarts aussi larges que l’an dernier, mais le record de buts est-il vraiment un objectif ? La saison lyonnaise ne se joue pas sur ces matchs-là mais sur ceux contre le PSG et les équipes allemandes. Dans les matchs que – jusqu’au divorce d’avec son effectifPatrice Lair remportait bien que son équipe joue moins bien et avec des schémas beaucoup plus simples.

Sur ce point aussi, le match contre le Bayern n’est pas tout à fait un exemple pertinent. Bien sûr une victoire dans ce genre de confrontations est toujours importante psychologiquement pour affirmer ses ambitions, mais cela reste un match de préparation et on ne peut pas à la fois reprocher à l’entraîneur de ne pas se focaliser sur les matchs clés et lui en vouloir de ne pas l’avoir fait pour un tournoi amical. De même, l’inconvénient des victoires trop faciles, c’est qu’on les dévalorise en jugeant que l’adversaire était trop faible. Mais on n’oubliera pas que l’OL a passé au moins quatre buts à chaque match de championnat l’an dernier contre Juvisy et Montpellier, des adversaires contre lesquels n’importe quel entraîneur diplômé ne l’emporterait pas, même avec l’effectif de l’OL.

 

Pas la main sur le mercato

À l’aube de sa deuxième saison, Gérard Prêcheur n’a pas le droit à l’erreur, en particulier en Europe. C’est sans doute la raison pour laquelle il rappelle incidemment qu’il ne maîtrise pas le recrutement. Il ne compte plus sur Corine Petit mais le club prolonge son contrat. Il réclame des défenseurs et ce sont des attaquantes qui arrivent, moyennant quoi il n’a toujours aucune solution satisfaisante au poste d’arrière droit.

S’il était superstitieux, il pourrait s’inquiéter en pensant à la dernière fois que l’OL avait concédé trois buts dans un même match. Il s’agissait d’une défaite 3-1 à Hénin-Beaumont. La gardienne était la Norvégienne Christine Colombo Nilsen, recrutée pour pallier l’indisponibilité pour une partie de la saison de Sarah Bouhaddi. L’actuel entraîneur de l’OL cherche à nouveau une remplaçante à la suite de l’opération à l’épaule de sa gardienne. Il y a six ans, ce recrutement (avec celui de l’attaquante Isabell Herlovsen) avait failli coûter sur tapis vert la qualification de l’OL en quarts de finale de Coupe d’Europe, et avait sans doute compté au moment de ne pas renouveler le contrat de Farid Benstiti. On espère pour Gérard Prêcheur que l’histoire ne se répétera pas.

CHR$

(Photo Damien LG)

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