OL : deux buts en cinq minutes chrono, une spécialité maison en C3

Ndombele

PLUS VITE QUE SON OMBRE. Pas toujours convaincant sur la longueur d’un match en Ligue Europa, l’OL a pris l’habitude de s’appuyer sur de courts moments de folie pour remporter les rencontres jouées à domicile. Les Lyonnais ont ainsi su enflammer leurs supporters en marquant deux buts en moins de cinq minutes lors des trois derniers matchs à élimination directe au Parc OL (Besiktas, Ajax, Villarreal). Ça n’a pas toujours été aussi systématique, mais ce n’est pas complètement nouveau.

C’est devenu une marque de fabrique et le levier le plus efficace pour l’emporter à domicile. Les moments les plus marquants de l’OL en Ligue Europa depuis que le club évolue au Parc OL sont ces périodes courtes mais intenses où les Lyonnais enflamment subitement les matchs. Un genre de climax imprévisible, qui peut arriver n’importe quand au cours de match parfois ternes ou brouillons par ailleurs. Deux buts en moins de cinq minutes ? Décisive ou insuffisante, cette habitude a débuté à l’époque de la Coupe de l’UEFA à Gerland.

 

1991/92

OL – Trabzonspor (3-4) : Bouderbala (60e) et Bursac (64e) (seizième de finale aller)

Avant la 60e : Le retour du club en Europe pour la première fois depuis 1975/76 a commencé en douceur contre les Suédois d’Öster IF Växjö (1-0, 1-1), premiers matchs européens de l’ère Aulas. Pour ce deuxième tour, l’OL se prend les pieds dans le tapis contre les Turcs de Trabzonspor. Juste après la pause, l’équipe de Domenech encaisse deux buts en trois minutes. Sans doute une source d’inspiration pour Aziz Bouderbala (60e) et Milos Bursac (63e), qui permettent à l’OL de revenir à 2-2.

Après la 64e : L’espoir de renverser totalement la vapeur dure un petit quart d’heure… Si l’OL marque bel et bien un troisième but – acrobatique – par Alfonso Fernandez Leal, ce n’est qu’une égalisation à 3-3, après le troisième but turc à la 77e. Et avant un nouveau but des visiteurs dans les arrêts de jeu (3-4). Pas de miracle au retour : défaite 4-1 (honneur sauvé par Milos Bursac). L’OL attendra 1995 pour connaitre à nouveau l’Europe.

 

1998/99

OL – Étoile rouge de Belgrade (3-2) : Cocard (41e) et Cavéglia (44e) (seizième de finale retour)

Avant la 41e : L’OL a effacé Blackburn en 32e de finale (0-1, 2-2). Et ce seizième est bien engagé, puisque Lyon s’est imposé à l’aller à Belgrade (0-1). L’Étoile Rouge n’est déjà plus vraiment un cador, mais comme l’OL n’est pas encore vraiment un crack, la prudence est de mise quand Bunjevcecvic (32e) répond à Cavéglia (17e). À 1-1, un but serbe serait éliminatoire pour l’OL. Le suspense existe encore alors que la pause approche…

(On a juste trouvé une version longue, donc vous pouvez directement aller à 36:50 pour les minutes de folie)

Après la 44e : Christophe Cocard et Alain Cavéglia ont assommé les Serbes. À 3-1, l’OL aborde la seconde mi-temps dans des chaussons. Bernard Lacombe entame le turn-over dès la 54e minute avec l’entrée de David Linarès pour Christian Bassila, puis deux jeunes autres joueurs formés au club, Steed Malbranque et Frédéric Kanouté, remplacent les deux buteurs. L’avance de deux buts permet de ne pas stresser quand Linarès est exclu (84e), ni quand Ognjenovic clôt la marque (3-2, 90e). Au tour suivant, l’OL élimine Bruges (0-1, 3-4), avant de buter en quarts sur Bologne (0-3, 2-0).

1999/2000

OL – HJK Helsinki (5-1) : Anderson (11e), Blanc (15e) et Linarès (17e) (premier tour retour)

Avant la 11e : L’OL veut effacer la sortie de route prématurée du mois d’août en tour préliminaire de Ligue de Champions contre Maribor (0-1, 0-2). Reversée en coupe de l’UEFA, l’équipe de Bernard Lacombe affronte Helsinki au premier tour. Vainqueurs au match aller grâce à Tony Vairelles, les Lyonnais entament ce match retour avec une certaine sérénité. Sonny Anderson et Pierre Laigle, deux des recrues d’un gros mercato, sont titulaires.

Après la 17e : Trois buts en cinq grosses minutes (dont la reprise superbe de Serge Blanc, le seul qu’on a trouvé sur internet), et le suspense est anéanti. La réduction de l’écart de Lehkosuo (40e) n’émeut personne. En deuxième période, Vairelles remplace Anderson et paye son doublé (71e, 86e). Ce 5-1, même contre une équipe mineure, incite à l’optimisme. Quart de finaliste de cette Coupe de l’UEFA l’année précédente, l’OL veut renouveler ce type de parcours. Au tour suivant, les Lyonnais disposent du Celtic, deux fois 1-0 (Blanc est buteur à Gerland, Vairelles marque au retour). Avant de connaitre un gadin des plus cuisants en huitième : malgré le 3-0 de l’aller (doublé d’Anderson, but de Vairelles), l’OL est sorti au retour (4-0) par le Werder Brême.

 

2001/02

OL – Bruges (3-0) : Anderson (19e et 23e) (seizième de finale retour)

Avant la 19e : Troisième de sa poule de Ligue des Champions derrière le Barça et le Bayer Leverkusen, Lyon est une nouvelle fois reversé en Coupe de l’UEFA, qui commence à prendre des allures des consolante. Aulas affirme (déjà) qu’à défaut de batailler en C1, l’OL est de taille à gagner la C3. Ça part mal : balayé à Bruges (4-1), la bande à Jacques Santini doit au but de Peguy Luyindula en fin de match le tout petit espoir d’une remontée…

Après la 23e : Deux tiers du boulot sont abattus au bout de 23 minutes… Le doublé rapproché d’Anderson, d’une tête plongeante sur un service d’Éric Carrière puis d’une frappe du gauche qui tape le dessous de la barre, offre à Lyon 70 minutes d’espoir. C’était pile-poil ce qu’il fallait : servi par Luyindula, le Brésilien s’offre un triplé au bout de ce laps de temps et des arrêts de jeu (3-0). La perf est mémorable, la suite désespérante. Contre le Slovan Liberec, l’OL est neutralisé à Gerland (1-1, but de Sidney Govou), puis largement battu au retour (4-1), malgré un but de Patrick Müller.

 

2016-2017

OL – Besiktas (2-1) : Tolisso (83e) et Morel (84e) (quart de finale aller)

Avant la 83e : Troisième de sa poule de Ligue des Champions (derrière la Juventus et Séville), l’OL est largué par le trio de tête en Ligue 1 et déjà éliminé des coupes nationales. Jean-Michel Aulas inscrit donc « lettres d’or » l’objectif de la C3, désormais appelée Ligue Europa. L’AZ est balayé en seizièmes (1-4, 1-7), puis la Roma est écartée de justesse en huitièmes (4-2, 1-2). À dix minutes du terme du quart de finale aller contre Besiktas, joueurs et staff semblent tout aussi mal organisés face à l’équipe turque que leurs dirigeants face à l’afflux de supporters du Besiktas…

Après la 84e : L’OL termine le match devant, tout à sa surprise d’avoir retourné si soudainement la situation. Chacun essaye de comprendre comment sur l’engagement suivant l’égalisation, trois Lyonnais se sont retrouvés à presser Fabri, le gardien du Besiktas. Dont Jérémy Morel (!), qui chipe le ballon pour marquer dans le but vide (2-1). L’OL aura finalement un avantage à défendre en Turquie, où la qualification se jouera aux tirs au but (sans le spécialiste Alexandre Lacazette, buteur puis blessé). Habituellement ridicule dans l’exercice, l’OL se qualifie pour les demi-finales où ils affronteront l’Ajax Amsterdam.

 

OL – Ajax Amsterdam (3-1) : Lacazette (45e et 45e+1) (demi-finale retour)

Avant la 45e : Le match aller est un fiasco. Privé de Lacazette, et puisque la recherche d’une doublure a abouti à Jean-Philippe Mateta, Bruno Genesio tente l’option Nabil Fekir en pointe. Peu en vue, ce dernier perd son unique duel avec le gardien. Le tristement inefficace double pivot Maxime Gonalons – Lucas Tousart, censé sécuriser le milieu de terrain, ne tient pas la distance et l’OL s’incline 4-1. Pour le retour, tout le monde invoque le triplé de Sonny contre Bruges. Problème : Lyon foire salement la première mi-temps, et l’Ajax ouvre le score. Ça sent la sortie de route sans suspense quand De Ligt bouscule Lacazette dans la surface, à la 45e.

Après la 45e+1 : Devant les urinoirs du formidable outil, au lieu de maudire Genesio, l’arbitre ou le prix des bières sans alcool, on évoque fiévreusement la remontée qui se profile après le doublé de Lacazette (sur le penalty qu’il a provoqué et en renard au second poteau sur une frappe trop croisée de Fekir). Sans enflammer complètement la deuxième mi-temps, l’OL réussira à entretenir le frisson. Un troisième but sur une tête contrée de Rachid Ghezzal, l’expulsion d’un adversaire et au moins une occasion nette de gratter la prolongation par Maxwel Cornet à deux minutes de la fin du temps réglementaire : pas loin, mais finalement insuffisant pour aller défier Manchester United en finale.

 

2017/18

OL – Villarreal (3-1) : Ndombele (46e) et Fekir (49e) (seizième de finale aller)

Avant la 46e : Sorti deuxième d’une poule a priori difficile derrière l’Atalanta, mais devant Everton, l’OL hérite d’un tirage pas évident pour les seizièmes. Villarreal n’est pas favori, mais s’annonce coriace. Au cours de la première mi-temps du match aller, le sous-marin jaune est au moins aussi dangereux (ou aussi peu dangereux, c’est selon) qu’un OL pas très inspiré.

Après la 49e : Mis sur de bons rails avec ces deux buts coup sur coup, l’OL recule. La situation incite les Espagnols à se livrer, configuration théoriquement idéale compte tenu de la stratégie lyonnaise. Les troupes de Genesio n’en profitent pas vraiment, et finissent même pas encaisser un but de Fornals (2-1). L’écart de deux unités sera finalement rétabli sur un miracle de Memphis Depay (3-1). En attendant la suite.

Éloi Paillol

(Photo UEFA)

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