- OL : pourquoi les U17 et U19 souffrent-ils autant ?
- OL : l’équipe type de la Formidable Académie 2023-24
- Alexandre Lacazette décisif à l’aller comme au retour : et les autres comebacks à l’OL ?
- OL : de la descente en 2024 à la remontée en 2030, retour sur les cinq saisons de Ligue 2
- De quoi Karl Toko Ekambi est-il l’incarnation ?
- Le problème de l’OL est de couler trop lentement
- Tuto : comment devenir insider OL, même depuis Charleville-Mézières
- « Truc le plus américain que j’ai vu de ma vie »
Mvuemba, Xavi par procuration
- Publié le: 10 avril 2014
RANK’N’OL #S02E54. En s’inclinant sur le terrain de la Juventus (2-1), la version la plus alternative de l’OL de ces vingt dernières années a obtenu un résultat conforme aux standards du club : pas loin de la qualif’, mais jamais assez près non plus. Reste alors le mérite qu’on peut trouver immense, ne serait-ce que pour avoir permis d’y croire en ramenant la lumière du placard.
Jeudi 10 avril 2014, quart de finale retour de Ligue Europa
Juventus FC – Olympique Lyonnais 2-1
Buts : Pirlo (4e), Marchisio (68e) pour la Juventus ; Briand (18e) pour Lyon.
OL : A. Lopes – Tolisso, B. Koné, Umtiti (avert. 84e), Bedimo – Ferri, Gonalons (cap. ; avert., 88e), Mvuemba – Malbranque (Danic, 76e) – Briand (Njie, 70e), Lacazette, (Gomis, 70e). Entr. : Rémi Garde.
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Arnold Mvuemba
Pirlo n’a eu besoin que d’un éclair de génie pour éteindre les derniers espoirs lyonnais. Mvuemba prendra ce qu’il reste, tout le match, pour rallumer la lumière dans le placard. On peut toujours faire mine d’être surpris de retrouver l’ancien protégé de Christian Gourcuff à pareil niveau, l’intéressé avait prévenu son monde cette semaine quand il était question de savoir s’il se sentait un peu Pirlo dans l’âme : « Si je dois citer un milieu que j’admire, ce serait Xavi. » Qu’il faut prononcer « Kzavi », comme chez les Tibéri. La référence pourrait faire sourire si elle n’avait servi de repère à tout un match où le milieu lyonnais dans son ensemble – et Mvuemba en particulier – a réussi à se hisser à un niveau inattendu. Car pour tout dire, là où les gars auraient dû la jouer façon Atletico de la veille, ils ont voulu la faire façon Barça : pressons haut et fort, nettoyons les couloirs et reprisons dans l’axe. Arnold a l’air de connaître la partition par cœur. À sa manière, il reprend Xavi, son œuvre. Celle que le Catalan est venu raconter un jour de février 2011 dans le Guardian : « Je dois penser vite, voir les espaces. Voilà, c’est exactement ce que je dois faire : voir les espaces. Je ne fais même que ça. Chaque jour, encore et encore. Jouer ici ? Non. Par là ? Non. Ceux qui n’ont jamais joué ne savent pas à quel point tout ça est compliqué. L’espace, l’espace, toujours l’espace. Comme lorsqu’on joue sur Playstation. » Si vous avez bien lu, vous avez l’histoire de la passe de Mvuemba qui amène le but de Briand (17e). Pour le reste, vous avez ce que fait n’importe quel remplaçant lyonnais sorti du banc pour un quart de finale de Coupe d’Europe : un retour décisif sur Vucinic qui ne fait jamais que retarder l’échéance (47e) ou un coup-franc trop bien tiré pour virer au coup de génie (64e). Toute la différence entre Pirlo et Mvuemba est là. Le premier vient, marque et s’en va. Le second vient, fait son match et s’en va comme il est venu. La classe moyenne est éternelle.
2. Steed Malbranque
Seule la contrainte administrative l’a forcé à s’éloigner de Pirlo, à 9,15 mètres exactement. Évidemment, ce fut fatal. Le bellâtre aura donc existé une minute sur 180, suffisant pour inscrire son nom sur la feuille de match et poursuivre son chemin vers un nouveau trophée, quand son garde du corps a encore la tête disloquée. On ne sait pas encore si les deux hommes se recroiseront un jour. Aucun bruit n’envoie encore Pirlo à Jura Sud, mais la rumeur Malbranque à Chasselay ne paraît pas moins absurde aujourd’hui. Pour tout dire, elle fait même un peu flipper. Parce que s’il fait peu de doute que Malbranque a encore un an ou deux de football à offrir à la télé, ce sont surtout ses coéquipiers qui ne sauraient s’en passer durablement. On n’attend donc plus que l’OL lui propose la prolongation qu’il mérite et le contrat qu’il vaut : à vie.
3. Maxime Gonalons
On aimerait croire que Mvuemba et Malbranque ont gagné sur ce match le droit de prolonger un peu plus leur présence sous le maillot lyonnais. Il faudra s’y faire, mais Gonalons vient de signer son contrat de départ. Washing Maxime n’est pas encore arrivé que l’Italie se divise déjà à son sujet : un modèle de puissance et de finesse pour Benitez, un joueur complètement surestimé pour Ravanelli. Entre les deux, il y un match face à ce qui se fait de plus fort parmi les milieux de Serie A. Ce qui veut dire à l’échelle d’une rencontre européenne l’un des plus durs. La rencontre vient à peine de commencer que les Turinois reprennent la formule des équipes rompues aux grands soirs : rentrer dans la gueule de ceux d’en face pour mieux faire sauter tous leurs plans de jeu. La chance de l’OL est d’avoir dû laisser les siens à Lyon. Quand les coups pleuvent, impossible de jouer la conservation et de traverser les lignes en une passe ou sur une remontée balle au pied. Il faut d’abord rendre les coups. C’est là que Gonalons reprend le jeu qui l’a fait naître aux yeux des supporters lyonnais, un soir d’exploit à Madrid en 2010, quand Djila Diarra est venu l’adouber : « Le jeune là, il est bon : il fait mal. » Max s’en remet donc à ce qu’il sait faire de mieux : faire mal et bien faire. Il y gagne le droit de se projeter à nouveau à partir de la 20e, mais sans la balle, pour envoyer une frappe détournée par Buffon du bout des doigts (28e). Une demi-heure plus tard, l’OL y croit toujours. Au point de se dire que cette Juve-là n’est peut-être pas au niveau auquel on l’attendait. On voudrait croire que Gonalons y a été pour quelque chose. En bon Serie A killer.
4. Corentin Tolisso
Il a peut-être vu le portrait de Baggio au Juventus Stadium, mais il n’était pas né quand Il Divin Codino a envoyé son tir au but dans le ciel de Pasadena. Une réflexion de vieux Rankon qui a au moins le mérite de remettre les choses en perspective : Tolisso est un enfant. Un enfant de L’Arbresle qui devrait être en train de jouer la Gambardella quand on l’appelle pour dépanner en Coupe d’Europe, à un poste qui n’est pas le sien, histoire de mettre toutes les chances de son côté. Mais Tolisso n’a pas besoin de chance. Le bonhomme a du talent et un caractère qui font même regretter que le poste de latéral droit ne lui ait pas été confié plus tôt. En fait, c’est toujours le même problème avec les types précoces : ils arrivent toujours trop tard.
5. Jimmy Briand
Dans la tête de tous ceux qui étaient de l’avant-saison lyonnaise à Tola Vologe cet été, Jimmy Briand restera jusqu’à la fin des temps ce type qui sort du barbecue en claquettes, sans un regard ou presque pour le terrain d’entraînement sur lequel ses coéquipiers sont en train de suer. Autant dire que ce jour-là et ceux qui ont suivi, on a cru voir un joueur fini. Un peu comme cette fois où Carrasso est venu s’échouer sur son genou en plein entrainement à Clairefontaine. Comme s’il y avait besoin d’en passer par là pour reprendre de plus belle et venir contrarier un peu plus ce destin de joueur qu’on pensait déjà suffisamment contrarié avec le football. Jimmy ne fait pas dans la facilité parce qu’il ne sera jamais facile. Pas la peine de venir râler pour ces ballons qu’il ne sait pas envoyer en première intention et qui suffiraient à libérer Lacazette. À l’inverse, donnez lui une situation impossible – une qualif’ déjà toute faite pour la Juve, une balle en cloche dans la surface et un angle introuvable pour marquer (17e) – et le voilà qui ramène l’OL dans son sillage. Jamais la fin n’aura autant servi à justifier les types moyens qu’avec Briand.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon