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La Meinau, douzième homme (et même bien plus)
- Publié le: 11 mai 2018
INCULTURE FOOT. Pour l’OL samedi, la principale menace strasbourgeoise sera le public de la Meinau. À une heure du coup d’envoi, Thierry Laurey s’emparera d’un mégaphone, se posera dans le rond central et délivrera sa traditionnelle causerie : « Poussez ! », « Chantez ! », « Prenez un laser vert et visez les yeux ! » Si l’on tient compte de leur impact, les supporters alsaciens ont marqué davantage de buts cette saison que Martin Terrier.
Le 12e homme encourage son équipe depuis la CFA2. Il la suit partout, dans les bons moments comme dans les pires, placarde dans sa chambre ses photographies et collectionne ses tenues avec une ferveur qui force l’admiration des serial-killers.
Le 13e homme est le meneur du kop, à Strasbourg comme dans les autres clubs. Pour s’en faire un allié, le président n’hésite à pas l’inclure dans les décisions stratégiques (nom de la mascotte, couleur du papier-toilettes des WC du stade, proportion de la mayonnaise dans les sandwichs saucisses-mayonnaise, taille maximale de la saucisse dans les sandwichs saucisses-mayonnaise). Qualités requises : charisme, dynamisme. Être calé en sandwich est un plus.
Le 14e homme confectionne le tifo.
Le 15e homme a eu l’idée du dessin.
Le 16e homme avait proposé un slogan folklorique enfreignant plusieurs articles du Code pénal.
Le 17e homme est un ultra interdit de stade, venu avec une fausse moustache et 3,5 tonnes de feu d’artifice dissimulés dans l’anus.
Le 19e homme a le même déguisement que le 17e homme, mais il est aux urgences après avoir éternué.
Le 21e homme est un joueur écarté de l’équipe première, gentiment convié à s’asseoir en tribunes. Il porte généralement le numéro 21, comme au PSG.
Le 29e homme est une femme, il faut donc l’appeler la première femme.
La deuxième femme charme l’arbitre de sa voix mélodieuse où viennent s’échouer, au gré des olas, quelques insultes homophobes. Elle s’éteint quand sonne la Meinau pause.
Le 36e homme chronomètre la minute de recueillement.
Le 55e homme en est à sa dix-huitième pinte de bière. Ses réflexes sont lents, son regard est flou, il ignore désormais son prénom et a perdu l’usage de trois de ses cinq sens. Il trouve la défense lyonnaise « bien organisée. »
Le 75e homme se déclare fan de plusieurs clubs en même temps, ce qui lui permet de gagner un titre par an voire deux, si l’OM remporte l’Europa Ligue.
Le 652e homme vient généralement au stade suite à des offres promotionnelles du type « Un billet acheté = 1 billet offert pour Strasbourg – Toulouse + une PS4 + une place pour la finale de la Coupe du monde 2018 »
Le 1 539e homme est ce stadier bien heureux d’avoir le dos tourné quand Toulouse vient jouer.
Le 13 801e homme est un enfant, le plus lent ramasseur de balle de Ligue 1. Un atout précieux dans les arrêts de jeu.
Le 18 513e homme est Arturo Brachetti déguisé en siège.
Personne ne connaît le 24 032e homme. Il vient seul, achète le dernier billet disponible, se place derrière un poteau, loin des caméras de sécurité, puis rentre en même temps que les autres spectateurs, noyé dans la foule. Si vous l’avez déjà aperçu, dites-lui de me contacter afin que je puisse écrire la chute de ce billet.
Florian Bifflard
(Photo RCSA)
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