Lorient-OL : Malbranque, joueur de synthé

RANK’N’OL #10. Désormais, il faut aussi savoir apprécier un nul à Lorient. Si les milieux ont pris la mesure de la fameuse pelouse synthétique, l’OL a encore une fois versé dans la bipolarité à l’image d’un Licha brillant puis médiocre, ou d’une défense centrale toujours placé sous le signe du yin et du yang. Du génie et de la souffrance, comme dans les plus grands morceaux de Rank’n’OL.

 

Dimanche 7 octobre, 8ème journée de Ligue 1

FC Lorient – Olympique Lyonnais 1-1

Pour Lyon : Gomis (22ème)
Pour Lorient : Alliadière (47ème)

 

Tableau Rank'n'OL Lorient-Lyon

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

1. Steed Malbranque : un crachin qui mouille jusqu’à l’os, une partie où l’on s’envoie des coups d’un bout à l’autre du terrain et Stéphane Guy au micro, ce déplacement au Moustoir avait quelque chose d’une partie de Premier Ligue 1. Et dans ce genre de circonstances, c’est encore Steed qui reste le meilleur. Pourtant, en le voyant évoluer, on lui a trouvé bien plus que cette dégaine de box-to-box player que laisserait entendre sa performance – tacles enlevés, replis à l’énergie, soutien offensif, frappe sur le premier ballon qui traîne. Dans le dispositif lyonnais maintenant bien établi, Malbranque vaut mieux que ça. Autrement dit, il s’impose chaque journée un peu plus comme le chaînon manquant au projet de jeu souhaité par Garde : possession revendiquée, pressing haut et passes en première intention. La preuve, avec ce défi envoyé à cette autre identité de (beau) jeu, à la nantaise, où il déclenche ce but en trois passes sans que jamais le ballon ne touche le sol. Un genre de Xavi à nous ? Disons plutôt du Pedros, le mental de canari en moins. Ce qui revient peut-être au même.

2. Clément Grenier : à la 16ème minute, en le voyant préparer ce lob qui terminera proche lucarne, Éric Carrière, Vikash Dhorasoo et tous les joueurs de Ligue des Copains à frappe de mouche se sont fait la même réflexion : « J’aurais fait la même chose. » À la différence près que Grenier le fait mieux. Et c’est d’ailleurs ce qui distingue l’apprenti meneur en ce moment : il fait tout mieux que les autres. Y compris l’impossible, comme relancer au cœur de la partie un Lacazette qu’on a vu partir trop Briand pour ne pas finir au bord du gouffre. On a déjà eu le temps de détailler l’art de la passe, geste des types qui pensent plus vite que les autres. Ce qu’on ne savait pas encore, c’est à quel point la passe est aussi un geste qui sauve.

3. Maxime Gonalons : si la hype M’Villa a vécu, Étienne Capoue a intérêt à s’accrocher. Gonalons ne sera peut-être jamais à la mode, mais il est devenu un basic dont on ne se lasse plus. Et cela tombe bien puisqu’il est devenu irremplaçable, ce qui, à l’OL, n’est pas une figure de style. Le joueur qu’on s’est longtemps représenté taclant de la tête dans la boue a prouvé, depuis quelque temps déjà, qu’il savait se servir de ses pieds. La preuve à Lorient où Washing Maxime n’a pas fait la moindre tâche sur le synthétique.

4. Lisandro : sa disparition en seconde période ne manquera pas de remettre sur le comptoir les discussions autour de son placement côté gauche. Faut dire qu’avec Monzon derrière, bien parti pour partager avec Grosso plus qu’un prénom, il y avait de quoi y laisser des plumes. Reste une première période qui a vu le capitaine se lancer dans un hommage secret au beau jeu en général et à celui plus cérébral du divin Tiago en particulier. Entre décrochages bien sentis et remises en première intention, on a eu l’occasion cette fois d’admirer Licha pour ses neurones, où l’attaquant compense ses limites au poste – dans l’accélération et la provocation surtout – par la création d’espaces précieux pour le reste de la bande. Le lisandrisme a beau être un humanisme, il aurait sans doute préféré que les gars en question cadrent mieux. De quoi ruminer pour quelque temps encore cette sentence de Sartre (pas Romain, l’autre) : « L’enfer, c’est les autres. »

5. Milan Bisevac : tacler sur une pelouse artificielle est un peu le cauchemar du footballeur du dimanche, et probablement aussi celui du footballeur pro. Mais certainement pas de Milan Bisevac. Le joueur qui n’a pas résisté à la montée en gamme du PSG a démontré,  face aux incessantes attaques lorientaises, qu’il faisait partie du gratin en Ligue 1 en terme de combativité. Il a même assuré la relance. Il lui aura de toute façon fallu bosser pour deux puisque Lovren a décidé de perpétrer cette tradition burlesque qui consiste à avoir un défenseur central sur deux à la rue. Sauf que depuis un an et demi, c’était généralement le Croate qui avait le beau rôle. Et si, un jour, ils s’y mettaient à deux ?

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

(Article publié le 7 octobre 2012 sur Rue 89 Lyon)

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