Lopes, la ligne bouge

Olympique Lyonnais

RANK’N’OL #S03E36. L’OL n’a pas une grande marge sur la concurrence, mais c’est dedans qu’il est en train d’écrire son histoire, avec un certain culot et pas mal de chance aussi. Le nul ramené de Marseille (0-0) ne dit pas autre chose : les Lyonnais sont tout prêts à dépasser les limites. Encore faut-il que la plume ne tremble pas. Mais pour cela, on sait à quelle main la confier.

 

Le match : La chance du…

 

Olympique Lyonnais

 

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Anthony Lopes

On connaît par cœur la règle des années de domination : un championnat ne se décide jamais sur un match au sommet. Il se gagne face au tout-venant de la Ligue 1. Il pourrait en être de même cette fois. À une différence près, celle qu’Anthony Lopes doit faire dans ces rencontres à haute intensité. Le gardien lyonnais avait déjà envoyé un premier aperçu, du genre à faire halluciner la lentille de P.T. Anderson sous substance pynchonienne. Cette fois, c’est la Main de Dieu qui choisit son camp pour préférer aux crampons d’un attaquant argentin le gant de fer d’un gardien portugais (83e). On peut toujours penser que Dieu, cette fois, a bien dépassé les limites. Encore fallait-il que les hanches et les paluches de Lopes ne masquent pas la seule qui compte dans ce cas-là, la ligne de but. Ce sauvetage qui n’aurait jamais dû en être un le devient par la force des choses. Lesquelles ont forcément à voir avec le Portugone. Car s’il ne devait ramener que des points, on n’aurait jamais eu à parler que de son arrêt sur une reprise de Mendy (12e) ou de ses sorties aériennes d’une netteté exemplaire sur les coups de pied arrêtés envoyés à intervalles réguliers par Payet. Lopes est peut-être bien en train de ramener autre chose. Qui pourrait ressembler à un titre.

Olympique Lyonnais2. Samuel Umtiti

Si l’OL devait remporter le titre, il y sera parvenu par derrière. Nulle vulgarité ici, juste une faute de goût, pareille à celle d’Umtiti sur ce ballon mal apprécié qu’un rebond vicieux envoie vers Gignac, pour un tir croisé sur le poteau (71e). Pour le reste, le Fossoyeur de Ménival a écopé et fait le ménage dans sa surface tant qu’il a pu et montré une nouvelle fois que si l’OL en est là aujourd’hui, c’est qu’il a su faire mal devant quand il était en position de force, mais aussi résister quand il était dans la tempête. C’est pour cela que Samuel Umtiti – à un degré moindre qu’Anthony Lopes, certes – a toujours été crédité d’un bon match lors des six chocs, si ce n’est peut-être lors du match aller contre Monaco. Finalement, la vraie nouveauté au Vélodrome, c’est que toute la défense a été à la hauteur. Et la raison est évidente : si son talent est mal partagé, Umtiti a de la confiance pour quatre.

Olympique Lyonnais3. Henri Bedimo

Dans un milieu privé de Gourcuff et dominé par l’intensité mise par Imbula, il avait tout de l’orphelin de service. Du coup, on en viendrait presque à en vouloir aux autres de ne pas avoir su reprendre à leur compte les différences qu’il a pu faire, pas loin d’être les plus franches. Mais en vouloir à qui ? À Ghezzal de ne pas avoir su exister dans l’axe sous l’impact d’Imbula ? Rachon n’a pas besoin de ce procès. À Lacazette qui peine à se libérer quand Ferri lui trouve l’espace pour y aller (7e) ? Ce match se jouait trop vite pour sa reprise. On le sait, un latéral n’aime rien moins que monter pour rien. Ça n’a pas empêché le Camerounais de donner dans les montées et son corolaire des soirées fumeuses, la redescente, avec une régularité et un engagement pouvant servir de modèle pour plus d’un zadiste. Thauvin aurait pu y trouver l’ouverture qu’appelait sa titularisation. Il a fini par être rattrapé par ses deux meilleurs ennemis : son ego de futur enfant chéri du foot français d’abord, et Bedimo ensuite qui le ramène à ses dribbles de trop dans un contre à quatre qui promettait d’être assassin (34e). Et quitte à être là où on ne l’attend pas, autant faire un tour là où il n’y a plus personne, du côté de l’axe, où il repique pour centrer en retrait pour Njie (53e), puis pour Fekir (90e+4). Preuve qu’on peut bien reprocher à un joueur de ne plus vraiment jouer à son meilleur niveau, ce qui compte au final, c’est de savoir se hisser au niveau du match.

Olympique Lyonnais4. Mohamed Yattara

Montpellier et le LOSC avaient prévenu : pour être champion, mieux vaut avoir un onze de départ et un système de jeu capables de résister. Un joueur qui enflamme le terrain et un attaquant qui plante comme il respire. Et sur le banc, il faut plus que de simples doublures. Celle trop transparente de Ghezzal a rappelé combien il devenait impossible de faire oublier Gourcuff. Non, il faut des remplaçants. Des vrais. Des types qui rentrent dans les dernières minutes pour assurer les différences qui ont pu manquer jusque-là. Une semaine après avoir rappelé qu’on pouvait envoyer deux passes dé’ en deux minutes loin des canons du pastorisme, Momo a manqué de remettre ça à la faveur d’une entrée qui correspond au seul vrai temps fort lyonnais. Soit cinq bonnes minutes pendant lesquelles une récup’ de Yattara se termine sur une reprise de Tolisso détournée du bout des gants par Mandanda (89e). Où un premier débordement côté droit est repris, de la tête cette fois, par Coco (90e+3e). Avant qu’une dernière accélération par la gauche, relayée par Bedimo, ne finisse en dernier tir pour Fekir (90e+4e). On reconnaît certains champions en puissance quand ils s’en sortent pas si mal. Ils doivent aussi beaucoup à des joueurs comme Yattara qui sortent de mieux en mieux.

Olympique Lyonnais5. Lindsay Rose

On en était un peu à se demander ce que Bako Koné pouvait avoir de plus que ce bon vieux Lindsay, pas génial jusqu’ici, mais qui semblait au moins incarner un avenir, quand bien même ce n’était pas le plus glorieux. On en est arrivés à la conclusion que ce devait être ces quatre centimètres. Parce qu’on a pu voir à Marseille que Rose avait pour lui de savoir jouer au foot et de ne pas en avoir douté, même quand on lui a fait comprendre qu’il était le n°4 dans la hiérarchie d’un organigramme bancal. Car s’il a répondu au défi physique imposé par Gignac et consorts, ce sont surtout son calme et ses sorties balle au pied pour mettre le désordre dans le système marseillais qui ont apporté une plus-value et soulagé son équipe quand elle en avait besoin – c’est à dire souvent. Et au moment où l’OL a les cartes en main et ne doit pas céder à la panique, Rose a prouvé qu’il avait un coup à jouer. Et ça tombe bien, car jouer est encore ce qu’il fait mieux que la concurrence.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

(Photo Olivier Anrigo – FEP / Panoramic)

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