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Lopes, le gant des Lyonnais
- Publié le: 6 avril 2014
RANK’N’OL #S02E53. Alors que la fin de saison menaçait de passer par une décision arbitrale défavorable de plus, l’OL a pu compter sur son gardien pour reprendre son destin en main face à Valenciennes (1-2). Comme pour mieux rappeler que le dénouement reposera davantage sur les exploits des siens que sur le bon vouloir des autres.
Dimanche 6 avril 2014, 32e journée de Ligue 1
Valenciennes FC – Olympique Lyonnais 1-2
Buts : Warris (66e) pour Valenciennes ; Gomis (30e), Ferri (69e) pour Lyon.
OL : A. Lopes – Tolisso, Bisevac, B. Koné, Bedimo (Zeffane, 65e) – Ferri (avert., 26e), Gonalons, Mvuemba – Malbranque (Danic, 79e ; avert. 85e) – Briand, Gomis (Lacazette, 70e). Entr. : Rémi Garde.
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Anthony Lopes
Rémi Garde aime le jeu, mais surtout « l’état d’esprit »(©). Ce truc un peut fourre-tout censé faire la différence, surtout quand les événements sont hostiles. Ça tombe bien, la période est propice aux travaux pratiques avec ces décisions arbitrales défavorables encore plus nombreuses que les blessures. Alors, dans un match où il n’aura pas eu grand-chose à faire, à part une parade somptueuse pour du beurre après une faute de Medjani sur Gonalons (80e), Lopes a sauvé les siens à la tronche. Le penalty de la 87e n’était pas injuste, mais forcément de trop. On pourra toujours épiloguer sur les petits pas qui lui ont fait gratter un mètre ou deux, Anthony Lopes tient déjà sa réponse : « Never mind, je bloque. »
2. Steed Malbranque
Il aurait pu s’arrêter là, à cet hommage envoyé jeudi soir par Pirlo : « Malbranque était encore assis à côté de nous dans le bus au moment de quitter le Stade de Gerland. » Si l’OL continue de s’en sortir avec son effectif sur le fil du rasoir pour tenir la dragée haute à la Juve ou pour prendre les trois points dans le Nord, il le doit certes aux exploits de Lopes, de Ferri ou au centième de Gomis. Reste que rien de tout ça ne serait possible sans Malbranque. Pour s’en convaincre, même plus besoin de dresser l’inventaire de ses actions. Le chrono s’en charge pour nous. Face à la Juve, son souffle devient plus court à la 80e et c’est Bonucci qui plante cinq minutes plus tard. À Valenciennes, Garde anticipe en le ménageant à partir de la 77e. Un pénalty est sifflé à la 85e. Derrière le décompte, on voit se dessiner son rôle de point d’équilibre du milieu lyonnais qui menace d’en manquer depuis que ses meneurs en chef se font porter pâle. En vrai, il faut remonter dans le bus avec Pirlo et les gars de la Juve. Car, de Gerland au Hainaut, Malbranque balance davantage qu’un récital tactique ou technique – dont on aurait déjà tant à dire. Il envoie la grande leçon sur laquelle a été fondée la formation à la lyonnaise : « On s’est tous inspirés de José Broissart qui a tout fondé. […] Ce n’était pas un drôle, ni le meilleur joueur du championnat à son époque, mais il exploitait 120 % de son potentiel. C’est une marque de fabrique. » (Rémi Garde dans L’Équipe) On a compris : la fin de saison lyonnaise ne tient déjà qu’à un fils.
3. Maxime Gonalons
La comparaison vaut ce qu’elle vaut. Mais si Gonalons n’est pas, ou plus (et en tout cas ne le sera jamais), la même petite frappe que Thiago Motta, il ressemble déjà plus au Brésitalien qu’à Pirlo. Parmi les récupérateurs, le milieu du PSG est probablement devenu la référence absolue par sa capacité à faire ce qu’il veut d’une partie, en lui donnant l’intensité qu’il a choisie. Quiconque s’est penché sur le jeu de l’OL depuis deux ans sait qu’il dépend beaucoup de Gonalons. Contre Valenciennes, l’OL joue haut quand Gonalons joue haut, a des situations quand Gonalons brise les lignes adverses… et souffre quand Gonalons décline. Et la différence fondamentale se situe là : Thiago Motta sait éteindre la lumière quand Gonalons la prend encore trop souvent dans les yeux. La bonne nouvelle, c’est qu’il a sept ans de moins. Et deux matchs pour s’en inspirer, voire – et c’est encore mieux – pour nous faire fermer notre gueule.
4. Jordan Ferri
Il a beau être formé au club, ne jamais faire de vagues, coûter trois fois rien et répondre présent quand on a besoin de lui, Jordan Ferri divise. Ce qui, à 22 ans, n’est pas très bon signe. Au moins sait-on désormais qu’il est milieu relayeur, pas tant pour la liberté qu’offre le poste que pour son incapacité à être ni un récupérateur, ni un créateur. Pour l’instant, Jordan Ferri est un joueur moyen. Mais sa force, c’est de ne pas se laisser écraser par ce statut. Comme Clément Grenier, Ferri aime le ballon et tenter des choses avec. Une transversale de quarante mètres dans les pieds vaudra toujours un pourcentage de passes réussies. Alors une mine de 25 mètres dans la lulu… On ne sait pas si Jordan Ferri aura les moyens de ses ambitions. Mais on lui est reconnaissant de savoir être moyen et ambitieux.
5. Bafétimbi Gomis
On peut toujours penser que ce centième but est davantage l’œuvre de Saliou Ciss que de Gomis. On peut se dire aussi qu’on en aurait à peine voulu à Jimmy qui, de toute évidence, aurait manqué le cadre dans la même situation, quand on porte la gratitude à peine moins haut pour Bafé quand il envoie son ballon dans les filets. Comme s’il fallait se détourner des stats et de la fête de sa mère qu’il avance à la mi-temps pour mieux fuir cette idée qui voudrait que le football se pratique au niveau du nombril. N’en étant plus à un procès d’intention près, on aurait très bien pu en rester là et sortir Gomis du Rank. D’autant que, dans la foulée, il y a un but autrement plus spectaculaire à célébrer et un arrêt décisif qui rapporte à lui seule ou presque les trois points. Alors, que reste-t-il de ce centième but si ce n’est une occasion d’activer un peu plus l’autopromotion qui tourne déjà à plein régime chez l’attaquant lyonnais ? Il reste le but justement, dans ce qu’il a de si difficile à réaliser pour qui n’est pas Gomis. Où il faut accorder justesse et vitesse dans l’exécution des derniers gestes, ce qui exige un contrôle bien supérieur à l’estime qu’on peut avoir de soi. Alors oui, on peut toujours faire mine de se pincer le nez devant l’odeur du 100. N’empêche qu’il faut aussi en passer par là pour se rappeler que le but tient lui aussi du sens.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
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