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L’OL et ses principes ôtés
- Publié le: 2 février 2015
RANK’N’OL #S03E30. Malgré une vaine tentative d’emballer le match d’entrée, l’OL a su s’adapter aux coutumes locales et abandonner ses bonnes manières pour aller chercher un nul précieux sur la pelouse de Monaco (0-0). On a beau avoir l’esthète dans les étoiles, subsiste toujours une fascination pour le sale boulot. Surtout quand il est bien fait.
Le match : L’important, c’est les neuf points
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Nabil Fekir
Les gestionnaires en tous genres auront vite fait de crier à la Lacazette dépendance après ce premier match passé sans marquer depuis deux mois. Les autres savent que la seule dépendance qui vaille le coup d’être vécue est celle qui rend accro. Quitte à en passer par la case junkie et trouver toutes les justifications possibles à ce nul qui pourrait être une défaite et que chaque prise de balle de Fekir au milieu de deux, trois, quatre défenseurs transforme en autant de victoires. Voilà le tour de force qu’a réussi Nabilon, faisant passer le sommet du jour en Ligue 1 au rang de prétexte pour ses petites humiliations qui ramène le football là où on l’a laissé, quelque part entre les terrains de bitume pour gamins et le synthé du dimanche en Ligue des Copains. Ce jeu-là colle d’autant plus aux crampons de Fekir que c’est à lui qu’il doit d’être là. Pas seulement parce qu’il envoie la meilleure défense du moment de Ligue 1 dans le décor sur une talonnade pour lui-même, crochet et feintes qui suivent, avant de remonter la ligne de but et de trouver Dabo à sa place de toujours, en retrait (32e). Mais parce qu’on est toujours venu le voir lui pour ça. Et plus encore quand il est sorti du centre de formation, à Vaulx d’abord, puis à Saint-Priest. Peut-être que sans Lacazette, l’OL marquera un peu moins et devra ralentir sa course en championnat. En attendant, il y aura toujours Fekir pour marquer plus durablement encore les esprits.
2. Anthony Lopes
Dans un match où l’OL a voulu prendre le dessus pour ne pas avoir à remuer trop longtemps l’absence de Lacazette, mieux valait ne pas avoir à payer pour son retard. On veut parler de ces quelques 300 minutes d’invincibilité qui séparent Lopes de Subasic au coup d’envoi. On se passerait bien de cette victoire au chrono si elle ne donnait l’impression de prendre le dessus à mesure que Subasic se met à renvoyer au loin les occasions franches de Fekir (14e), de Gourcuff (27e) ou ce coup franc de Tolisso (28e). Après tout, 300 minutes d’invincibilité en plus, ça va bien finir par se voir. Surtout que Lopes en a gagné 45 de plus en première période, sans avoir rien d’autre à faire que de compter les sièges vides du Stade Louis-II. Ou alors à se réciter les lois du football, histoire de remettre à plus tard le premier arrêt de la partie sur ce coup franc indirect de Ferreira-Carrasco qui file dans les buts sans rencontrer le moindre obstacle (49e) – et surtout pas le sien. Quand ses meilleurs défenseurs, ces milieux qui savent tenir le ballon loin de ses buts, n’assurent plus autant qu’à l’accoutumée, Lopes prouve qu’il contrôle la situation. Et si jamais il faut la sauver, il finit par se coucher pour arrêter un tir de Fabinho pleine surface (70e) ou s’envole pour enlever du bout des doigts une tête promis à Wallace (83e). L’international portugais peut alors repartir avec ce que l’OL était venu chercher. Car si les minutes d’invincibilité continuent de défiler pour Subasic, Lopes rappelle que c’est encore aux points que se remportent les titres en Ligue 1.
3. Samuel Umtiti
À force de le voir enterrer la concurrence entre Saône et Rhône, on s’est mis à regretter qu’Umtiti ne poursuive pas plus loin pour s’occuper de ceux avec qui il doit se battre pour prendre la place au côté de Varane chez les Bleus. A se demander si le Fossoyeur de Ménival ne serait pas en train de plafonner depuis qu’il est devenu le patron en chef d’une défense jamais aussi bonne lorsque c’est le milieu qui s’occupe de tout. Encore fallait-il trouver un match où il pourrait rayonner dans ce registre. Ce qui veut dire un match où le milieu serait largement plus bousculé qu’à l’accoutumée. Un match où le jeu de cache ballon s’essoufflerait au fil des minutes et où les offensives adverses reprendraient le dessus. Un match où l’on se remet à regarder le chrono à mesure que les corners et les coups francs se succèdent. Face à l’équipe la plus dure du moment en Ligue 1 – on veut dire aussi bien dans l’intensité que mentalement –, Umtiti s’est hissé au niveau où on l’attendait. Aussi bien en capitaine de défense qui sauve les siens en se jetant le premier alors que le genou de Bisevac vient tout juste de lâcher (17e) qu’en relanceur qui brise les lignes pour envoyer Gourcuff et Fekir combiner dans le dos de la défense monégasque (59e). La question se posait cette semaine de savoir si l’OL saurait dépasser sa dépendance à Lacazette. On avait situé la réponse au milieu. Celle envoyée par Umtiti se situe bien au-delà.
4. Hubert Fournier
La question n’est pas de savoir qui de Rémi ou d’Hubert a la plus grande. Mais on a souvent tendance à oublier que le second en a une. Ce qu’il a fini par rappeler vendredi en conférence de presse à Tola Vologe : « S’il y a un secteur dans lequel l’équipe a progressé par rapport à l’année dernière, c’est dans l’équilibre, c’est là-dessus qu’on avait axé notre travail avec le staff. L’année dernière, elle jouait déjà très bien, mais elle était quand même assez fragile et avait pris pas mal de but. La réussite de l’équipe cette année, c’est d’avoir gardé cette volonté offensive et cette qualité de jeu – qui s’est améliorée puisqu’on a la meilleure attaque. On a réussi en plus à apporter un équilibre d’équipe et une volonté collective à mieux défendre. Et c’est la raison pour laquelle on est premiers du championnat à l’heure actuelle. » Il fallait que ce soit dit, et puisque ça ne l’était pas, Fournier s’en est chargé lui-même. Si l’OL en est là aujourd’hui, c’est en partie parce que l’héritage des années Garde, ou plutôt de l’année Garde, enfin du semestre Garde, a bien prospéré. Et qu’il n’est manifestement pas tombé entre de mauvaises mains. Les débuts d’Hubert Fournier ont été plus que poussifs. Dans les résultats bien sûr (Toulouse, Lens, Metz, Astra), mais aussi dans ces tentatives de chercher un équilibre dans un 4-3-3 contre nature (Toulouse, Metz) ou même lorsque, cédant à la panique, il avait commencé à parler plus fort que l’Institution. Tout est rentré dans l’ordre dès septembre quand le nouveau coach a décidé d’écouter un peu moins Marles et davantage Aulas, mais plus encore son équipe. Une équipe qui ne demandait qu’à être apprivoisée pour donner sa pleine mesure, voire un peu plus. Quand on est responsable, on est coupable. Alors quand on est premier, on ne peut pas être innocent. À Monaco, l’OL de Fournier est allé chercher le résultat qu’il fallait sans se renier dans un premier temps (81% de possession et trois situations dangereuse lors des dix premières minutes), tout en étant capable d’être laborieux pour ensuite obtenir ce résultat dans les grands matchs, un de plus après le nul à Paris et la victoire contre l’OM, là où il craquait souvent l’an passé, même quand il n’avait pas démérité (Monaco, Saint-Étienne, Turin, Paris en finale de la Coupe de la Ligue, Marseille). Avec Bauthéac qui rate le cadre à un mètre à la 88e, Placide qui boxe le ballon dans ses cages à la 90e, Thomasson et Sylla qui décident de faire des mains dans leur surface sans raison particulière, l’OL n’en serait pas là. Mais il faut bien l’admettre, sans Fournier non plus.
5. Yassine Benzia
Ses contempteurs et ses défenseurs seront d’accord sur un point : Yassine Benzia a eu un véritable impact sur le résultat. Défoncés au Lacazette – et c’est vrai que la came est bonne –, les premiers retiendront que le subuteur n’a pas eu le même effet. On a le droit de penser que c’est un peu dégueulasse puisque les attaquants n’ont le ballon qu’une demi-heure, au cours de laquelle il a amené la première occasion après un appel inspiré (centre fort devant le but, 3e), la deuxième grâce à un contrôle orienté plus sublime encore (frappe de Gourcuff et sortie par Subasic, 9e) avant d’envoyer, certes un peu loin du cadre, un joli-enchaînement poitrine-demi-volée du gauche (32e). Et on ne peut pas dire qu’il était mal placé quand Fekir décida de frapper au lieu de centrer sur un service de Gourcuff (60e). Mais si le Rank a égrainé cette liste pour l’exercice de mémoire, c’est bien pour l’activité défensive du bonhomme qu’il l’a fait sien. Benzia était censé être un branleur magnifique. Si le deuxième qualificatif n’est à ce jour qu’une hypothèse – à laquelle on veut bien souscrire –, le premier n’est que spéculation. De l’intelligence de son placement pour gêner la relance adverse à ses courses pour aider jusqu’à ses latéraux, Yassine Benzia a sûrement fait plus pour l’intégrité défensive de son équipe qu’il n’est à blâmer de sa virginité offensive. Et il est bien malheureux que l’examen du cas Benzia nécessite de choisir un camp quand lui-même avait opté pour les deux.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.
(Photo Olivier Anrigo – FEP / Panoramic)