Pourquoi l’OL doit se jeter sur Caglar Soyuncu

Par Raymond Jacquet
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Publié le: 30 juillet 2018

CELLULE DE RECRUTEMENT. Le mercato a officiellement débuté le 9 juin dernier. Et depuis cette date, l’OL est toujours à la recherche d’un défenseur central, le secteur le plus faible de l’effectif lyonnais au niveau qualitatif. Mais on a trouvé la solution : Caglar Soyuncu, prometteur international turc du SC Fribourg (Bundesliga).

Quand on lit le nom des joueurs de l’effectif pouvant jouer en défense centrale à l’OL, on a franchement peur. Pas d’aigreur ou de bashing gratuit ici, mais la liste est loin des ambitions supposées du club et inquiète forcément à une quarantaine de jours du coup d’envoi des poules de Ligue des Champions. Mapou Yanga-Mbiwa est en fin de parcours, au moins à l’OL, et a clairement besoin d’une porte de sortie. Oumar Solet et Christopher Martins-Pereira manquent de bouteille pour avoir un rôle important dans la rotation : l’un parce qu’il a 18 ans et qu’il a montré des limites en préparation, l’autre parce qu’il est officiellement considéré comme un défenseur central alors que le sujet de son meilleur poste n’avait jamais été clairement tranché jusque-là. Et la possibilité d’installer Kenny Tete dans l’axe reste aujourd’hui un fantasme.

Ce qui nous laisse avec deux options « fiables », les deux titulaires aujourd’hui : Jérémy Morel et Marcelo. Le premier est globalement trop court pour le très haut niveau tandis que le second a vite réussi à enfiler des habits de taulier, en particulier en dehors du terrain, mais n’est pas non plus un monstre de mobilité et de lecture du jeu. Ces deux joueurs ne sont plus très jeunes (34 et 31 ans) et il n’est pas évident d’imaginer l’avenir à long terme avec eux. Et à court terme, cette charnière n’est sans doute pas assez sécurisante pour recevoir les cadors européens dans le Formidable Outil Connecté.

La recrue idéale pour cet OL serait donc un jeune joueur, plus confirmé que Solet et Martins Pereira, complémentaire de Marcelo (qui est parti pour être titulaire s’il reste), et qui amènerait des qualités d’anticipation et de relanceur. Les rumeurs se multiplient depuis quelques jours, mais depuis le début du mercato, l’OL a surtout été actif sur un joueur qui répondait à ces critères, à savoir Abdou Diallo. Même Jean-Michel Aulas et Bruno Genesio s’étaient exprimés à propos de la possibilité d’engager le capitaine de l’Équipe de France Espoirs, avant que celui-ci ne choisisse rapidement de rejoindre le Borussia Dortmund qui le courtisait depuis plusieurs mois.

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Mais il existe une autre pépite au poste de défenseur central en Bundesliga. Comme Abdou Diallo, il est né en mai 1996. Comme Abdou Diallo, c’est un jeune très prometteur. Comme Abdou Diallo, il évoluait l’an dernier dans un club qui n’est pas un cador de Bundesliga. Ce joueur, c’est Caglar Soyuncu.

Pour une présentation rapide du garçon, on enfile notre plus beau costume de Bernard Lacombe : Mats Hummels en plus rapide et moins costaud. Ses sorties balle au pied, à la limite du suicidaire, pourraient aussi lui valoir une comparaison avec Edmilson de la part de « Nanard ». Soyuncu, c’est 1m87 d’élégance, de lecture du jeu et de feinte de corps.

Mais contrairement au cliché qui accompagne parfois ce profil de défenseur, ce n’est pas un joueur passif en défense. Le Turc n’hésite pas à sortir de sa ligne de défense pour presser haut sur le terrain ou mettre un gros tacle dans les pieds de l’ailier qui arrive lancé comme un avion. Ce droitier très à l’aise des deux pieds a joué la majorité de ses matchs la saison dernière à Fribourg dans l’axe gauche de la défense, qu’elle soit à quatre ou trois. Mais il peut aussi jouer axe droit si besoin et pourrait donc évoluer avec n’importe qui en charnière centrale à l’OL.

Soyuncu s’est jusque-là imposé dans les deux clubs où il a joué, et sa progression est constante. Sa carrière professionnelle a commencé en deuxième division turque, à Altinordu. Sa deuxième saison en pro, la première dans la peau d’un titulaire (30 matchs disputés sur 34 en championnat, contre 4 lors de la précédente), y sera celle de la révélation. Au point de figurer dans la présélection de Fatih Terim pour l’Euro 2016, à tout juste 20 ans et en évoluant en deuxième division ! S’il ne sera finalement pas du voyage en France, il effectuera malgré tout ses débuts en sélection en mars 2016, alors qu’il joue encore dans le modeste club basé à Izmir, sa ville de naissance.

L’été 2016 est donc l’heure du premier grand saut. Courtisé par plusieurs clubs, dont les géants turcs ou le Séville de Monchi, il fait le choix de la Bundesliga et s’engage à Fribourg. Après une première saison mitigée, entre barrière de la langue et adaptation à l’intensité de son nouveau championnat, son entraîneur Christian Streich lui maintient sa confiance. Et encore une fois, la deuxième saison est la meilleure. Soyuncu se révèle et confirme tout son talent, cette fois en Bundesliga et non plus en deuxième division turque.

Cet été, il a longtemps été question qu’il aille à Arsenal pour environ 30 millions d’euros, au point que le président d’Altinordu avait annoncé son départ en Angleterre. Mais l’affaire ne s’est toujours pas faite et semble aujourd’hui enterrée. Le directeur sportif de Fribourg, Klemens Hartenbach, a récemment affirmé qu’Arsenal n’avait jamais approché son club pour Soyuncu et que son joueur devrait rester en Allemagne la saison prochaine. On aimerait malgré tout bien voir sa réaction si le duo Vincent Ponsot-Florian Maurice débarquait dans le Bade-Wurtemberg avec une grosse offre de la part de l’OL sous le coude. Car pour Caglar Soyuncu, il semble être l’heure de passer un nouveau cap et de découvrir la Ligue des Champions.

Raymond Jacquet

(Photos SC Fribourg)