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L’OL schizo freine
- Publié le: 28 février 2015
RANK’N’OL #S03E34. Emballant en première période, l’OL a boycotté la deuxième face à Lille pour finalement concéder sa cinquième défaite de la saison, la première depuis onze rencontres. Mais quand tout le monde pionce, le Rank garde les yeux ouverts et sauve ce qui peut l’être. Pour une foi.
Le match : Lille de la prétention
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Anthony Lopes
C’est peut-être ça, grandir. Continuer à être bon, même quand ça ne sert à rien. Un peu comme ses « albums de la maturité », maîtrisés mais plus vains et qui ne se vendent pas. Difficile d’accabler Anthony Lopes sur les deux buts lillois, quand Gonalons et Koné ont de toute façon bouffé tout le crédit culpabilité. Et s’il n’a même pas été le meilleur Lopes de l’aprèm, ni même le gardien, au moins le Givordin a-t-il permis de susciter quelques émotions chez ses supporters, avec une parade face à Delaplace (72e), une tête plongeante devant Origi (73e) et tous ses corners qu’il est systématiquement allé chercher. Il a également tenté de réveiller ses coéquipiers dans la foulée du deuxième but en convoquant une réunion dans le rond central. Mais ils ont répondu par trop d’inertie. À leur place, on aurait dit merci.
2. Samuel Umtiti
La tête dans le sac, un brassard qui vole et deux montées d’Umtiti qui tentent de sonner un dernier rappel. Le Fossoyeur de Ménival aurait dû se contenter de faire ce qu’on lui demande, défendre et rien d’autre. Quand les mots ne suffisent plus, il faut savoir dépasser l’épreuve par l’effet. Pour l’imprimer au reste de la bande éparpillée façon puzzle sur le terrain. Et voilà comment Umtiti prend les affaires là où les autres leaders ont fini par les abandonner. Lacazette en disparaissant au fil de la partie faute d’avoir su mobiliser la rage, l’impact, la technique qui usent une défense. Gonalons plus Gerrard que jamais en étant impliqué sur deux buts qui pourraient avoir raison, au-delà de la seule tête, des prétentions au titre. Umtiti a l’ego qui déborde trop pour se soumettre à ce genre de défaillances. Ses deux montées n’ont peut-être pas eu l’effet attendu. Elles ont eu au moins le mérite de rappeler qu’on ne naît leader pas plus qu’on le devient. On le reste.
3. Corentin Tolisso
C’est ce qui s’appelle jouer à l’envers. Et même là, Tolisso s’en tire bien. Ou alors mieux que les autres. Ce qui revient à dire pas trop mal si l’on tient compte de l’état dans lequel ce match a laissé le reste du losange : lessivé (Gonalons sorti à la 82e), rincé (Ghezzal à la 67e), essoré (Ferri à la 67e). De cette liquidation en règle ne reste donc que Coco. On sait la place que tient le benjamin du milieu lyonnais dans les choix de Fournier, celui de joueur le plus utilisé. Le voilà qui tient désormais le rôle de marqueur. Pas forcément pour planter – et là encore plus que la moyenne avec son cinquième but de la saison. Mais bien pour révéler les intentions du jour au moment de se lancer dans une partie que les Lyonnais prennent par la gorge. L’intensité qu’y mettent les gars se lit autant dans les récupérations à la chaîne de Gonalons que dans les grandes bascules de Ferri. Elle ne prend jamais autant sa mesure que lorsque Tolisso suit le mouvement. En mettant autant de ferveur à presser sur la moindre relance lilloise que pour se projeter dans la foulée et provoquer le surnombre aux abords de la surface adverse. Qu’un joueur taillé pour l’ombre se mette à briller de la sorte et on ne voit plus bien ce qui pourrait l’empêcher d’étendre sa marge en avant. Peut-être bien ce qui a fini par rattraper l’OM ces derniers mois : le sentiment de dominer suffisamment son sujet et ses adversaires, au point d’y laisser une partie de ce qui fait la réussite du collectif – les courses des uns pour les autres, la vitesse d’exécution, la précision du placement. En un mot, la facilité à laquelle on cède. Celle-là même que promène Tolisso sur le terrain pour sauver les dernières apparences.
4. Henri Bedimo
L’illusion n’aura duré qu’une dizaine de minutes, ce qui donne une idée de la performance. Car on ne se met pas à croire à Ghezzal sans raison. Invoquer ses mouvements et ses déviations en première intention pour expliquer la vitesse et la fluidité retrouvées dans les premières transmissions ne va pas de soi. D’autant plus quand, la confiance aidant, il saborde les quelques occasions majeures d’une première période menée en leader : une frappe en force plutôt qu’un ballon glissé à Lacazette (27e), un contre qui finit à droite quand c’est à gauche que Fekir a le champ libre (40e). Rachon ne voit pas le jeu et l’OL va finir par le subir. Pas faute de lui avoir ouvert des intervalles à coups de courses en pagaille et d’appels à répétition. Sur la première, Bedimo envoie Fekir gratter un corner décisif (3e). Sur la seconde, la remise du Camerounais libère bien une ligne de passe, mais son meneur oublie d’en apprécier la longueur pour Lacazette et Fekir (6e). Ce match avait tout de l’occasion rêvée pour croire au retour en grand de Bédimonstre. Au final, le tout premier sauvetage dans les pieds de Lopes (46e) et la reprise au second poteau repoussée par Enyama (71e) finissent là où les illusions et Ghezzal se sont perdues. Dans le décor.
5. Christophe Jallet
Le Jallet de 2015 n’est pas transcendant, mais l’intérim de Dabo à droite a rappelé qu’il ne fallait pas se lasser trop vite. À Lille, le Charentais a fait le job défensivement, alors qu’il avait systématiquement souffert jusqu’ici quand Ferri l’abandonnait. Le reste n’aurait pas valu une notice ici en temps normal. La demi-volée sous la barre dans les arrêts de jeu en aurait en revanche fait le lauréat de la semaine. Deux doigts d’Enyeama ont renvoyé Jallet à son anonymat. La main du Rank se devait au moins de le rattraper.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.
(Photo Nolwenn Le Gouic – FEP / Panoramic)