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Lacazette, il n’y a pas de génie sans frotter
- Publié le: 2 novembre 2014
RANK’N’OL #S03E16. Alors que Nice a manqué de plier le match et l’OL de le foirer, c’est Lacazette qui a fini par mettre tout le monde d’accord (1-3). Le capitaine d’un soir s’est fendu d’un doublé bien parti pour marquer les esprits. Pas seulement ceux de Benzema, de Licha ou de Sonny qui hantent le chef-d’œuvre et sa réplique. Mais bien parce qu’on y retrouve jamais qu’une seule et même histoire, celle de l’attaquant qui part de loin. Maintenant qu’il a trouvé son maître, le Rank peut écrire sa légende, celle d’Alexandre.
Le match : Merci Captain Fabulous
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Alexandre Lacazette
D’un côté, le discours d’un attaquant qui entend marquer l’histoire de son club à la façon de Bernard, Sonny, Karim et Licha. De l’autre, la méthode du Kid de Mermoz qui part de tellement loin qu’on ne le voit pas venir. Pour saisir l’un et l’autre, il y a maintenant un but en forme de chef-d’œuvre et sa réplique, envoyés l’un et l’autre en fin de partie à Nice. Lacazette sait bien qu’au-delà du résultat au tableau d’affichage, c’est toujours la dernière impression qui l’emporte. Celle laissée par sa traversée en solitaire de la 75e minute est partie pour durer. Pas seulement parce que la prise de balle et l’accélération qui l’accompagnent situent l’attaquant dans le Gotha des quelques joueurs de classe mondiale capables d’envoyer ce genre de récital. Encore moins pour ce crochet répété cette semaine à Tola Vologe pour envoyer en l’air les quatre défenseurs qu’il a alors sur son dos. Avec ce but, Lacazette livre le grand frisson qui doit marquer à jamais les supporters, à la manière d’une lucarne folle de Sonny face à l’Inter ou d’un passage en revue de la défense lensoise signé Benzema. Pour en arriver là, il a fallu une fois de plus partir de loin. Pas du milieu de terrain où l’action se met en marche, mais bien là où cette course a commencé : dans toutes celles qui l’ont précédé. Lesquelles ne se sont pas seulement terminées dans le mur de la défense niçoise, mais ont servi à se régler pour voler en éclat la résistance de la défense adverse comme celle de Deschamps. À la fin des années 2000, le génie sans forcer de Benzema laissait entendre qu’il allait se barrer. Aujourd’hui, si le génie se pointe à nouveau avec Lacazette, il doit encore frotter. Suffisant pour se dire qu’il est peut-être parti pour durer.
2. Steed Malbranque
Ce n’est pas vraiment un hasard si Malbranque se trouve là à la 65e minute, juste ce qu’il faut en retrait, pour reprendre le centre de Bedimo. D’abord parce que cette action a eu un précédent, à la 13e minute, quand le doyen du milieu lyonnais envoie sur Hassen la passe en retrait de N’Jie. Ensuite parce qu’il fallait s’en remettre à Steed, toujours premier sur le sacrifice, pour trouver les filets niçois sur un modèle d’action collective, de celles qui partent à droite avec N’Jie et se poursuivent sur la gauche avec Bedimo. Avant de planter son troisième but de la saison en Ligue 1, le premier Rank’n’OL hero de l’histoire est celui par lequel l’OL a pu étendre sa domination à l’Allianz Riviera. Gratteur hors pair, c’est lui qui fait ensuite basculer le jeu vers l’avant – et pas ailleurs. L’impression de maîtrise de la partie et son but parlent pour lui. Ce qui n’a pas empêché le grand taiseux de l’ouvrir à sa manière en fin de match : « On a souvent entendu dire ces derniers temps qu’il y avait onze titulaires. On prouvé qu’on avait aussi de la ressource sur le banc. » L’OL continuera à avancer tant qu’il pourra maintenir l’idée que nul n’est irremplaçable. À la seule exception des remplaçants.
3. Anthony Lopes
Il n’y a pas que dans les pieds des attaquants lyonnais que les points (20 sur 24 possibles lors des huit derniers matchs) se ramassent à la pelle. Les gants de Lopes y sont aussi pour beaucoup. On le sait d’autant plus à Nice où Lloris y a construit son sens de l’arrêt qui compte. À leur manière, ceux du gardien lyonnais comptent double dans un système de jeu qui passe par l’usure des lignes adverses – jusqu’à ce qu’elles craquent. Le premier travail de Lopes est de maintenir cette idée autant que possible à coups d’arrêts décisifs. Il faut en compter deux de plus pour cette fois, d’abord sur cette sortie qui devance le départ de Pléa à l’entrée de la surface (18e), avant de conjurer le sort du bout des doigts face à la tentative de doublé de Puel (67e). Ces sorties, on les connaît déjà par cœur. Pourquoi alors cette impression que quelque chose a changé ? Pas forcément du côté de la défense où il suffit d’un courant d’air sous la semelle de Bedimo pour que le fils, la bataille de l’ancien coach lyonnais trouve sa lucarne (50e). Pour nécessaires qu’ils soient, les arrêts ne sont pas une fin en soi. À l’inverse, pour se déployer, les attaques lyonnaises ont besoin d’une première relance nette, laquelle passe de plus en plus souvent par les pieds de Lopes. Ce n’est pas encore ce qu’on retient, mais l’assurance des passes en première intention en direction d’Umtiti ou de Bisevac participe d’autant plus de ce mouvement qui porte l’OL vers l’avant qu’il s’agit aussi d’un système de défense. Une façon de reprendre à son compte la leçon envoyée par Neuer cet été au Brésil : on n’apparaît jamais autant comme un gardien à part que lorsqu’on devient un joueur comme les autres.
4. Nabil Fekir
Cela aurait dû être le drame de ces dernières années : devoir inventer la vie sans Gourcuff tous les deux-trois matchs. Pour s’en sortir, l’OL a trouvé mieux que ça en inventant de nouveaux meneurs. Des types qui deviennent tellement convaincants qu’ils finissent par prendre la place de Rank star qui était destinée à Yoyo, presque l’air de rien. Là où Grenier pouvait jouer de sa belle gueule et frapper ce qu’il faut de coups francs pour marquer encore plus durablement les esprits, Nabil la joue plus subtil. Il est là non pour faire oublier Gourcuff, mais son absence. Ce qui revient à renvoyer le coup d’éclat à sa prochaine titularisation en soutien de Lacazette. En attendant, il y a du boulot dans le travail de transmission et de lancement des offensives lyonnaises. À ce petit jeu, Fekir a pour lui la complicité qu’il s’est construite en attaque avec Alex, les deux joueurs partageant le même sens de la prise de balle et de l’accélération qui suit – du genre explosives. L’OL y gagne alors beaucoup plus qu’un match ou qu’une série victorieuse. C’est une façon de dominer qui passe moins par la possession que par la volonté de renvoyer au plus vite l’adversaire dans son camp – et dans les cordes si possible. Avec ses percussions à répétition, Fekir n’a pas seulement contribué à harceler les lignes niçoises jusqu’à l’usure, ouvrant la voie aux deux coups de génie de Lacazette. Il prépare le terrain à ce que Gourcuff sait faire de mieux depuis qu’il est à Lyon : revenir.
5. Arnold Mvuemba
Jusqu’à samedi 21h35, Arnold Mvuemba était un type qu’on ne comprenait pas. Voilà un joueur qu’on pensait revenu du placard et qui a fini par y retourner, victime des retours de blessure et de l’émergence de toute une génération spontanée au milieu. Le genre de situation qui vaudrait une sortie agacée à plus d’un type de sa trempe. Pourtant, tout ce que réclame l’ancien Lorientais, c’est que ça dure. Oui, la prolongation de contrat, Tolisso et Ferri qui lui passent devant, le tour de France des fauteuils Recaro, la menace de rejoindre Danic en CFA quand les retours de Grenier et de Fofana seront au programme, les piges plus rares maintenant qu’il n’y a même plus l’Europe pour étendre la saison au-delà des 60 matchs. Le genre à passer d’autant plus pour un planqué qu’on peine à le voir une fois sur le terrain. Jamais placé là où il faut ? Toujours à se replacer, oui. Car Mvuemba est un joueur qu’on situe plus qu’on ne voit. Ce qui veut dire que le travail bien fait ne se mesure pas à l’aune d’une action d’éclat ou d’une stat imparable, mais bien sur un sentiment diffus. Il suffit qu’on ne remarque pas les absences de Gonalons et de Ferri pour se dire que la partie est gagnée. La balle circule comme jamais et le milieu niçois existe à peine. Arrive à la 65e ce geste qui change le cours d’une partie et justifie à celui d’une carrière : une passe, une seule, qui envoie Bedimo centrer seul pour Malbranque en retrait. On a compris. Arnold n’est pas qu’un joueur de passage. C’est un milieu dont le losange a aussi besoin. Qui ne fait que passer.
Par Serge Rezza
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(Photo Anthony Bibard – FEP / Panoramic)