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Lacazette, fake des lumières
- Publié le: 6 décembre 2014
RANK’N’OL #S03E20. Les Lyonnais ont repris les affaires face à Reims là où ils les avaient laissées dans le Derby, en se faisant bouffer par le losange. Plutôt que de mourir avec ses idées, l’OL a fini par lâcher son milieu à quatre pour s’en remettre au miracle, ce vieux rituel qui déboule avec décembre entre Saône et Rhône. Après « Merci Jimmy », on sort les lampions pour célébrer Lacazette et son but fake des lumières qui a tout de la victoire sous Placide (2-1). De quoi ouvrir cette veine psychédélique qui pouvait manquer au Rank.
Le match : Merci Johny !
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Alexandre Lacazette
On passera sous silence ce but qui a tout de la victoire aux poings, ceux de Placide qui envoie un centre sans histoire au fond des filets dans les arrêts de jeu (90e+1). Ce qui veut dire qu’on ne peut oublier tout ce qui a précédé et qui a renvoyé Lacazette à ces trois fois quatre-vingt-dix minutes passées sans marquer depuis son retour d’équipe de France. Comme si ce qui lui a toujours permis de s’imposer – cette obligation à prouver au monde entier qu’il vaut bien plus que le bon petit joueur sur la réserve qu’on a pu voir – devait le rattraper une fois arrivé parmi les grands fauves de Clairefontaine. Suffit de voir les gars qui se retrouvent autour de lui pour s’en convaincre. Là où chaque attaquant placé en soutien figurait jusque-là comme la dernière révélation de la formation (Yattara, N’Jie, Fekir), les types apparaissent comme on les a toujours connus, avec moins de talent que de limites pour plomber l’attaque lyonnaise. Les duels dans lesquels s’embarque Yattara toute la première période laissent entendre que les mecs ne doivent désormais compter que sur eux-mêmes. Autrement dit, aller là où Lacazette n’est plus. C’est que le Kid de Mermoz a trop attiré l’attention des faiseurs de hype pour ne pas avoir droit à celle de ses adversaires – le genre qui vous scotche dos à la défense avec trois centraux sur le dos. Il a bien la marge pour libérer Fekir (47e) ou Yattara (57e), mais pas encore celle qui permet de passer en revue tout son monde. Pas faute d’essayer. Reste alors une dernière option : se faire oublier. Ça marche tellement bien que Ferri tombe dans le panneau au moment d’envoyer le caviar (78e). Lacazette prend quand même soin de garder la louche. Comme pour rappeler que, sans losange ni jeu de possession pour s’imposer, il reste le meilleur pour la fin.
2. Nabil Fekir
Les Lyonnais qui se sont infligés le match savent ce qu’ils doivent à Nabil Fekir. Ceux qui l’ont joué ont été un peu plus ingrats. Si Corentin Tolisso a converti le sublime centre sur coup franc (1-0, 6e), c’est surtout qu’il était impossible de faire autrement – la performance du buteur avec le ballon par la suite le prouvera. Pour le reste, Nabilon s’est un peu fait dépoiler de sa perf’ : il efface cinq adversaires avant de servir Lacazette, mais c’est Yattara qui envoie une brique à côté (57e) ; il récupère un ballon dans les pieds de Signorino pour décaler idéalement Ferri qui se rate deux fois en deux secondes (78e). Et même s’il ne tue pas le match sur l’ouverture de Lacazette (47e), on n’oubliera pas le sombrero qui entraîne le coup-franc décisif (5e), ni la tentative du milieu de terrain qui partait sous la barre (34e). Quand on énumère les principaux éclairs de Fekir, on a l’impression d’avoir assisté à un grand match. Mais la nuance est presque aussi subtile que lui. C’est bien Fekir qui a assisté un petit match.
3. Corentin Tolisso
Pour tout dire, Tolisso n’a pas fait oublier le mur qu’il s’est mangé dimanche soir, le premier de sa carrière, un soir de Derby. Plutôt que de marquer les esprits et se relancer, il a préféré marquer tout court. Une tête qui arrive au meilleur des moments pour se changer les idées et passer à autre chose (6e). À tel point que Coco en oublie le match. D’abord en se laissant marcher dessus par le milieu rémois qui peut prendre le milieu lyonnais à son propre jeu, entre pressing haut et balle qui tourne à l’infini. Avant de se remettre à perdre tout contrôle, comme à Geoffroy-Guichard, pour la même conséquence immédiate – un but de Moukandjo (36e). Autrement dit, le rookie trouve encore la force de sortir la tête du crew pour mieux être ramené à son âge tendre et sa gueule de bois. Si Tolisso a eu la larme facile à l’issue du Derby, il semble bien parti pour l’avoir fatale. Reste encore à savoir pour qui.
4. Christophe Jallet
Maintenant qu’on sait que Bedimo est dans le (très) dur de sa saison II, celle qui le voit dévisser partout où il passe, on n’en finit plus de se tourner vers Jallet. Si l’on en croit les trois derniers adversaires de l’OL, on n’est pas les seuls. Les attaques bastiaises, stéphanoises et rémoises en ont bien souvent fait le chemin le plus court pour tracer jusqu’aux buts de Lopes. Non pas que Jaja défende moins bien que Bedimo. C’est juste qu’il monte plus loin et, surtout, plus souvent. Pour s’en convaincre, il suffit de voir le match qu’il entame en seconde période. Placé un cran plus haut, plus proche du milieu qu’un Gonalons qui se met à glisser en défense, l’ancien Parisien a tout le loisir de défendre comme il aime, haut et court – plutôt que bas et en dernier recours –, avant de lancer les offensives que le jeu le réclame. Elle a beau ne plus être en losange, c’est encore à l’activité de son latéral droit que la domination lyonnaise se lit le mieux. Qu’importe le schéma donc, losange de la réalité ou jeu en 4-3-3 accords, si l’OL peut toujours passer à côté de son match, c’est toujours par là qu’il finit par revenir.
5. Bako Koné
L’OL a appris à composer avec des moyens limités et Bako Koné en est probablement la meilleure allégorie. Mais en ce moment à l’Olympique Lyonnais, on peut être moyen et limité et paraître encore comme un recours crédible. Et au final, de tous les joueurs qui appartiennent à cette catégorie, le général est le seul à avoir tenu son Rank. Une place gagnée dans la douleur, celle des Rémois. Si Koné a été averti pour son coup de saton sur Diego à la 82e, il avait déjà découpé Devaux au milieu de terrain un peu plus tôt et aurait réussi à faire annuler le coup franc que Fekir n’a finalement pas cadré en faisant une faute grossière dans le mur (72e)… Il n’empêche, dans la foulée d’un Derby joué comme des poussins, revoir un guerrier qui n’a pas besoin de le hurler sur tous les tweets pour s’en convaincre, ça fait un peu la différence. Tout le monde sera plus rassuré le jour où Bakonbauer sera le quatrième choix à son poste, mais puisque personne ne l’a définitivement délogé, on préférera rendre hommage à celui qui fait ce qu’il sait faire plutôt qu’aux fausses bonnes affaires.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.
(Photo Frédéric Chambert)