- OL : pourquoi les U17 et U19 souffrent-ils autant ?
- OL : l’équipe type de la Formidable Académie 2023-24
- Alexandre Lacazette décisif à l’aller comme au retour : et les autres comebacks à l’OL ?
- OL : de la descente en 2024 à la remontée en 2030, retour sur les cinq saisons de Ligue 2
- De quoi Karl Toko Ekambi est-il l’incarnation ?
- Le problème de l’OL est de couler trop lentement
- Tuto : comment devenir insider OL, même depuis Charleville-Mézières
- « Truc le plus américain que j’ai vu de ma vie »
Jimbo unchained
- Publié le: 21 octobre 2013
RANK’N’OL #S02E16. C’était tellement évident que personne n’avait osé en rêver : un OL-Bordeaux en 2013 se devait d’avoir un Jimmy Briand pour héros, avec courses épileptiques et son final aussi comique que jubilatoire en slow motion. Scénario sans morale et hommage aux héros de série B, Lyon n’en finit plus de célébrer Tarantino.
Le compte rendu du match : La cerise sur le pataud
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Jimmy Briand. Alors qu’on pensait avoir repéré une comédie, on s’était retrouvé avec un monument de mélancolie. Dans son film, Noémie Lvovsky faisait redoubler Camille en la ramenant à la quarantaine bien entamée en classe de terminale, walkman enfoncé dans le duffle-coat façon poupoute et 99 Luftballons en tête. Fausse comédie et vraie mélancolie : ça ressemble vaguement à l’OL du moment. La sentence va surtout comme un gant à la carrière de Briand, ramené à son tour à ses toutes premières années, quand il jouait déjà dans un club de formation. A cette différence près que le corps a eu le temps de morfler depuis. Du coup, les manqués qui avaient fait sa (première) légende du côté du Stade Rennais renvoient moins aux occasions qu’aux actes qui finissent en buts contre Lacan. Ne reste plus qu’à laisser filer une tête faute d’intensité (87e) pour cadrer un glissando en crade majeur quelques minutes plus tard (90e). On y est : plutôt que de faire marrer la terre entière avec son art consommé du burlesque, Briand bascule du côté de l’émotion, pas moins improbable quand elle soulève tout le Virage Nord. Il n’est pourtant jamais question que d’assurer un nul à domicile face au quinzième du moment. Un but pour l’émotion plus que pour le résultat. Si Jimmy redouble, ce sera donc comme Camille. Un peu pour rien. Surtout pour ça.
2. Gueïda Fofana. S’il a tiré un bénéfice d’avoir été baladé à tous les postes, c’est sûrement cette propension à être partout quand il joue au sien. Installé devant la défense, où il avait souvent fait peine par le passé, Fofana n’a pas eu à s’encombrer de contacts, se contentant de sa science du placement et de son intelligence de jeu. Des capacités auxquelles on ajoutera une belle qualité de passe qui permet presque à chaque fois de gagner vingt mètres, quand Grenier enquille les passes latérales. Mais s’il a pris la mène à son compte, c’est surtout dans son rôle de récupérateur que Fofana a convaincu, au point qu’on en oublie l’absence de Gonalons. Qui va devoir miser sur autre chose que des fuites savamment orchestrées (cf. Maseratigate) pour se rendre à nouveau indispensable.
3. Milan Bisevac. Il y a des invitations difficiles à refuser, même si on sait d’avance qu’on s’y ennuiera et qu’en plus on n’a plus rien à se mettre. Et pour couronner le tout, il faut faire garder la marmaille. Comme si payer pour cela n’était pas suffisant, il fait aussi chercher quelqu’un de disponible. Et capable. C’est alors que vous êtes retombés sur le numéro d’une personne qu’on vous avait chaudement recommandée à l’époque mais dont la récente indisponibilité ne vous avait pas plus perturbés que ça au regard de prestations un poil survendues. Enfin, ce n’est pas comme si vous aviez le choix. De toute façon, vous n’en attendiez que le minimum. Pourtant, quand vous êtes rentrés d’une soirée pas aussi affreuse qu’elle aurait pu l’être, vous avez non seulement retrouvé le gamin au lit, la vaisselle propre et le salon rangé. Alors la prochaine fois qu’il faudra sortir faire de la représentation, vous saurez au moins que vous pouvez compter sur votre Naby-sitter.
4. Yassine Benzia. On se fout bien de savoir si Rémi Garde est trop gentil ou même s’il est un faux gentil. Ce qu’on voit, c’est qu’en privant l’OL de Benzia au nom de la raison éducative, il se plante de combat. Déjà parce qu’il tend le bâton à ceux qui le soupçonnent de ne s’en servir, du bâton, qu’avec les joueurs qui peuvent encore en manger : les plus tendres, surtout quand ils sont issus de la formation. S’il fallait en arriver là pour que les jeunes filent droit, jamais le football français ne se serait permis d’envoyer Yann M’Villa se perdre si loin de lui. Titularisé in extremis après forfait contraint et forcé de dernière minute pour Danic, Benzia a pu donner raison à ses détracteurs qui le trouvent sans doute trop facile. C’est précisément pour ça qu’on en veut à Garde de l’avoir envoyé en CFA, dans l’espoir de le faire mariner. Parce qu’à défaut de faire rappliquer les résultats et l’efficacité, Benzia ramène quand même ce qui manque le plus à Gerland depuis une dizaine de matchs. Du football.
5. Alexandre Lacazette. C’est aussi à ça qu’on sait que plus rien ne va. Quand les gars rappliquent pour y aller de la même histoire. À voir tout ce beau monde qui défile à Tola Vologe depuis quinze jours et raconte la crise à l’œuvre, où chacun tirerait dans son coin plutôt que de se mettre au service des autres, le malaise n’est plus très loin. D’abord parce qu’il donne droit à ceux qui n’ont pas eu à se frotter à la dérive du moment d’y aller de leur leçon (Vercoutre, Danic). Ensuite, parce qu’il laisse entrevoir cette drôle de tendance qui gangrène le foot français où il convient davantage de sauver son image – celle du bon gars qui a une haute conscience de l’intérêt général – plutôt que son niveau sur le terrain. On pourra toujours reprocher à Lacazette son activité dispersée, son engagement excessif au moment d’aller récolter un second rouge pour la saison ou son manque de réalisme face au but. N’empêche, là où l’on attend Grenier, brassard au bras et rôle de clutch player pour la saison, c’est lui qui rameute les troupes quand ça commence à secouer et se lance dans ces raids qui remettent un peu de mouvement à l’affaire. Il y a peut-être l’énergie du désespoir là-dedans, et le rouge pourrait raconter ça. Il y a aussi la reprise de cette règle lyonnaise : pas besoin d’élever la voix pour se faire entendre. Suffit juste de la montrer, la voie.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon