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Chanelet : « J’étais un joueur lambda »
- Publié le: 23 juillet 2013
SOUS L’HORLOGE. Jean-Marc Chanelet fête ses 45 ans ce mardi 23 juillet. Il en profite, dix années après son départ de l’OL, pour se replonger avec nous sur une carrière marquée par « l’énigmatique » Coco Suaudeau, une demi-finale de Ligue des champions face à la Juve, et les deux premiers titres de champion du club lyonnais.
Aujourd’hui agent de joueurs et… grossiste en produits pizza, « Mamac », qui vit toujours à Marcy-l’Étoile, ne manque pas d’égratigner au passage Paul Le Guen. Le tout « en prenant de la hauteur » afin de justifier le rendez-vous qu’il nous a donné au « Ciel de Lyon », au 32e étage du Crayon de la Part-Dieu. Presque une contradiction pour l’ancien latéral droit sans fioriture, qui ne tourne qu’à l’eau gazeuse.
« Le déclic est venu de ma mère »
Dès tes débuts au Cascol Oullins (de 8 à 12 ans), tu rêvais d’être footballeur professionnel ?
Oui et non. Gamin, je voulais être pro mais mais j’étais vraiment à 2 000 lieues d’imaginer que j’allais jouer un jour chez le prestigieux voisin lyonnais. Puis en minimes-cadets à Aix-en-Provence, l’idée m’est sortie de la tête car je ne grandissais pas. J’étais un peu mis de côté et j’étais à deux doigts d’arrêter le foot. J’ai finalement grandi et je me suis accroché. La fac de droit, où je me rendais entre mes matchs de 3e et4e division à Aix, ne me plaisait pas du tout. Le déclic est venu de ma maman qui m’a dit : « Tu vas avoir 21 ans, tu redoubles ta fac de droit, tu ne vas pas rester comme ça à glander. Ou tu vas te changer les idées à l’armée ou tu vas voir les clubs de foot professionnels. » J’ai forcé ma nature en démarchant Martigues et Istres et mon essai a fonctionné à Istres. Je me suis dit que c’était déjà bien de signer en D2. Je touchais 1.300 euros pour ma première année, puis je suis passé à 2.000 et à 3.500 euros. J’ai connu un parcours atypique par rapport au footballeur classique passé par un centre de formation. Je n’avais même pas d’agent.
Tu as toujours évolué au poste de latéral droit ?
Non j’étais milieu de terrain, 6 ou 8 puis milieu droit jusqu’à mon arrivée en pro à Istres. Un latéral était absent pour un match et j’en ai profité pour faire mon petit trou à ce poste-là. Alors que certainement je n’aurais pas été assez talentueux pour percer à ce niveau au milieu. J’avais un bon physique pour jouer latéral.
C’est grâce à ton physique que tu as pu faire carrière ?
Oui, si tu demandes ce que les clubs où je suis passé retiennent de moi, on ne va pas te parler de mes qualités de footballeur. On te dira par contre : « Quelle caisse il avait ! » J’étais toujours devant aux footings et dans les tests physiques. Même aujourd’hui à 45 ans, si j’amenais les jeunes de l’OL au parc de Lacroix-Laval, ils ne me suivraient pas les gars !
Après quatre saisons à Istres, tu files vers le Nîmes Olympique de Michel Mézy en 1993…
Oui mais il y avait un deal de passé avec Bordeaux. Les Girondins payaient mon transfert, je passais une saison pour m’aguerrir en D2 avec Nîmes. Ensuite j’étais censé intégrer Bordeaux en D1 car Courbis et Afflelou me voulaient. On termine 3e en D2 avec Nîmes mais le président Afflelou quitte Bordeaux et le deal reste sans suite car il n’y avait pas d’écrit. Je me suis dit que c’était le milieu du foot… La saison suivante à Nîmes, on a enchaîné trois entraîneurs avec Josip Skoblar, René Girard puis Pierre Barlaguet. On avait une équipe pour jouer la montée et on a royalement merdé, au point de descendre en National. Cela avait été assez mouvementé avec Michel Mézy comme directeur sportif. C’est un personnage sanguin, avec une voix particulière, un franc parler.
As-tu remarqué que tu avais quitté Nîmes une saison avant leur épopée jusqu’en finale de Coupe de France pour rejoindre Nantes et manquer deux titres de champion (1995 et 2001) à une saison près également ? T’es-tu senti poissard ?
C’est une façon de voir les choses. J’ai quand même eu de la chance de passer de la D2 à Nîmes à la Ligue des champions avec Nantes ! J’avais 27 ans et je me disais pour de bon que je ne connaîtrais jamais la première division. Et là, j’arrivais chez le champion comme doublure de Serge Le Dizet.
Un « freerider » perdu pour ses débuts avec Coco Suaudeau
Étais-tu justement intimidé lors de tes débuts à Nantes durant l’été 1995 ?
Je débarque en cours de préparation à Crans-Montana (Suisse) avec Patrice Loko qui était en plein bras de fer pour rejoindre le PSG. J’étais tout content de prendre le train avec celui que j’avais vu flamber à la télé durant toute la saison précédente. Je me suis rendu compte que j’avais de la chance d’arriver là. J’avais beau avoir 26 ans, j’étais un petit gamin, devant N’Doram, Pedros, Ouedec et M. Suaudeau.
Comment cela s’est-il passé au départ avec lui ?
Suaudeau était énigmatique. Il m’a à peine salué à mon arrivée et ne m’a pas parlé pendant quatre jours ensuite. Puis lors d’une promenade, il m’a glissé : « Tu es plus un joueur de profondeur que de rupture ». C’est quoi un joueur de rupture ? J’ai été dans son sens en tout cas (sourire). C’est quelqu’un de très intuitif qui pouvait s’emballer ou se braquer pour une simple séquence d’entraînement. C’était Coco Suaudeau…
En cinq saisons à Nantes, as-tu ressenti ce fameux jeu à la nantaise ?
Je l’ai surtout ressenti à l’entraînement. J’étais un « freerider » sans formation moi, un joueur d’instinct sans aucune réflexion sur le jeu. Là, il y avait une façon de faire circuler la balle et des exercices bien particuliers. Il existait une uniformité dans ce jeu inculqué aux jeunes, à la réserve et aux pros. Dans les matchs, le coulissage était très important. Je regardais et je n’y comprenais rien, j’étais perdu pendant un mois et demi. On faisait des vagues en partant à 3,4 avec le ballon et on devait faire des passes d’une certaine façon, libérer des espaces. Je ne cessais de me répéter : « Qu’est-ce que je fais là ? » Il fallait que je m’adapte vite car j’avais été responsable de quelques buts pris en préparation en étant mal positionné… et on me l’avait fait savoir. Le président de l’époque Scherrer m’avait fait une réflexion. Il ne regardait jamais droit dans les yeux. Il était un peu bizarre derrière ses petites lunettes et m’avait lancé : « Tu as été bon il paraît au tournoi de Bastia ? ». Il fallait évidemment comprendre le contraire (sourire gêné).
As-tu craint à un moment de ne jamais t’adapter à Nantes ?
Non, je doutais un peu tactiquement mais j’étais confiant par rapport à mes qualités physiques et techniques. Tout s’est arrangé à huit jours de la reprise du championnat avec un match amical. Fait du hasard, Serge Le Dizet est suspendu pour le premier match donc le coach me titularise. On joue contre Auxerre et j’ai quand même Diomède sur mon côté pour mes débuts. Finalement, on gagne 1-0 et je fais un bon match. Tout ce qui s’était passé avant a été un peu annihilé. Pour ma première saison en élite, je participe finalement à 27 matchs de D1 et à la Ligue des champions.
La découverte de Del Piero et des « coquins » d’Italiens
Après avoir « seulement » écarté le Panathinaikos Athènes, Alborg, Porto et le Spartak Moscou, vous voilà dans le dernier carré de l’épreuve reine…
C’est là qu’on se dit que ça a énormément changé la Ligue des champions ! Par contre on a eu la Juve en demies. On a perdu 2-0 à l’aller car l’arbitre nous a exclu Bruno Carotti avant la mi-temps. Même à 0-0 à la pause, tu te dis que quand tu affrontes la Juve en Italie à 10 contre 11, ça ne sent pas bon. Je me rappelle bien de cette mi-temps car nous sommes tous rentrés aux vestiaires énervés par cette injustice. D’un seul coup, Suaudeau m’a regardé et m’a lancé : « Qu’est ce que tu fais là toi ? Va t’échauffer ! » Il aurait fallu que je le devine… Je suis parti m’échauffer tout seul. En face de moi, Di Livio s’apprêtait à rentrer pour la Juve. C’est ça, il existe bien Di Livio ? Le mec m’a fait signe pour qu’on se fasse des transversales tous les deux. J’avais trouvé ce clin d’œil sympa en demi-finale de Ligue des champions, dix minutes avant d’être au combat l’un contre l’autre. Le fameux Del Piero faisait aussi ses débuts à l’époque à 20 ans.
Etais-tu concerné sur les deux buts concédés ?
Je crois qu’il y en a eu un sur coup-franc, suite à une faute que j’ai faite sur Del Piero. Il a pris appui sur moi, a pivoté et s’est accroché à moi. Je lui ai enlevé la main et l’arbitre a sifflé. C’est là que j’ai pris conscience que le haut niveau était truqueur et que les Italiens étaient des coquins (sic). C’était une belle équipe et gagner 3-2 au retour contre le futur champion d’Europe, c’était pas mal.
Après cinq saisons (1995-2000) et deux Coupes de France remportées, tu souhaitais quitter Nantes ?
J’avais 31 ans et j’avais la possibilité de prolonger là-bas, ce qui aurait été très bien aussi. Mais j’ai préféré tenter le coup de rester libre et de voir si j’intéressais un autre bon club de D1 lors de ma dernière saison à Nantes. Halilhodzic (entraîneur de Lille) m’a alors fait une proposition en m’assurant d’un statut de titulaire. Puis Lyon est arrivé avec Jacques Santini. Il m’a dit qu’il avait besoin d’une doublure voire d’un titulaire bis après avoir déjà recruté Éric Deflandre. La solution de facilité était peut-être d’aller à Lille mais la ville de Lyon me plaisait. Financièrement, c’était un peu plus intéressant qu’à Lille et ça me rapprochait surtout de ma famille restée à Aix-en-Provence.
Le Guen, « pas très net »
Comment as-tu vécu cette concurrence avec Eric Deflandre ?
Très bien, c’était un gars très sympathique, un bon vivant. On s’est même un peu vu en dehors du foot.
Et son célèbre « C’est chez Provifruits que je trouve mon énergie » avec son cheveu sur la langue l’a rendu culte…
(Rires) Tout le monde le chambrait dans le vestiaire suite à cette pub mais en fait je ne l’ai jamais vue. Non, c’était vraiment une saine concurrence. Il avait ses qualités de gars qui cavalait et délivrait de bons centres. On découvrait souvent au dernier moment qui allait jouer.
Sais-tu justement qui de vous deux a le plus joué lors de vos trois saisons ensemble (2000-2003) ?
C’est lui car la dernière saison, j’ai dû faire seulement 14 matchs en L1 (Ndlr : effectivement, quelle mémoire !). J’avais beaucoup joué lors de la première partie du championnat et en février, j’ai eu le malheur d’aller voir Paul Le Guen. J’ai senti le besoin de souffler suite à la préparation de reprise et je lui ai demandé : « Coach, est-ce que je vais pouvoir souffler sur un match ? » Il m’a répondu : « J’entends ton discours, pas de problème. » Bah, c’est sûr, il m’a fait souffler car je n’ai plus joué à partir de là ! Ma femme m’a dit que j’avais été bête de lui dire ça. Mais j’ai été franc et je ne voulais pas pénaliser l’équipe.
Tu ne lui as jamais redemandé d’explications ?
Non. Mais c’était spécial avec Le Guen car même quand je suis arrivé en fin de contrat ensuite, personne au club ne m’a parlé de cette situation en face-à-face. En mai, en sortant de l’entraînement, c’est un supporter qui m’a appris que j’allais quitter le club car il avait entendu Bernard Lacombe l’annoncer à la radio ! Du coup, je suis allé voir Lacombe qui m’a répondu : « Ah ! mais Paul ne t’a rien dit ? » Cette fois, j’ai demandé des explications à Le Guen. Il m’a assuré que ce n’était pas vrai, que c’était du 50-50 dans son esprit et qu’il n’avait pas encore de joueur en tête pour me remplacer. Il m’a annoncé qu’il me tiendrait au courant… et il ne m’a jamais appelé. C’est via la presse que j’ai découvert qu’Anthony Réveillère signait à Lyon.
Ce deuxième titre a donc beaucoup moins de saveur pour toi ?
Oui, forcément. Pour le match du titre à Montpellier, je me rappelle que Paul Le Guen m’a quand même embrassé, mais il m’a regardé d’une certaine façon. Il était quand même embêté car il ne devait pas se sentir très net par rapport au fait qu’il ne m’ait plus du tout utilisé sur la deuxième partie de saison, et ce sans explication.
« Santini était capable de s’énerver, mais à son rythme quoi ! »
Avant Le Guen, tu as connu Jacques Santini sur le banc lyonnais. Comment parvenait-il, malgré l’image molle qu’il dégage, à vous motiver avant les grands rendez-vous ?
Il faut croire qu’il est arrivé à transmettre quelque chose quand même ! Il était capable de s’énerver, mais à son rythme quoi (sourire). Ce n’était pas un Courbis capable de te transcender mais avant la finale du championnat face à Lens en 2002, il avait trouvé les mots pour nous faire prendre conscience qu’il ne fallait pas rater cette occasion-là.
Gardes-tu un souvenir toujours aussi fort de cette apothéose face à Lens (3-1) ?
Il y avait déjà eu un engouement avec notre deuxième place et la Coupe de la Ligue l’année précédente. Personnellement, j’ai eu la chance d’être titulaire pour la finale de la Coupe de la Ligue comme pour ce match. En février, on était à huit points de Lens. On a alors grignoté un petit point par ci, un petit point par là. En gagnant 1-0 à Bordeaux grâce à un exploit de Sonny Anderson, on a passé une semaine particulière. On était porté par une certaine confiance car quand on pensait à la situation qui était la nôtre deux mois plus tôt, on était quasiment plus favoris que les Lensois tout en étant derrière au classement. Après coup, on se dit que tout était fait pour qu’on soit champion cette année-là, au vu de notre réussite parfois, de notre état d’esprit et du calendrier. Je ne repense pas souvent à ce match mais c’est vrai que c’était un beau moment. Toute la ville s’était mobilisée, ce match était extraordinaire, c’était vraiment l’année de Lyon.
Quelle était l’ambiance dans le vestiaire cette année-là ?
On sortait rarement tous ensemble mais on s’entendait bien sur le terrain, on était en phase. Il y avait comme star Sonny le buteur mais derrière, on était soudé. On avait envie de se faire mal pour son voisin. J’étais assez pote avec Edmilson, Caçapa et Steve Marlet.
As-tu rapidement senti que cette équipe allait se lancer dans une dynastie de sept titres ?
Non, après le premier titre, tu ne te dis pas que tu vas encore être champion la saison suivante. Mais comme le groupe ne bougeait pas trop et que des joueurs comme Réveillère, Malouda et Elber arrivaient, tu te dis pourquoi pas…
« Juni était un peu lent et ne parlait pas »
Tu t’éclatais plus sur le terrain à Nantes ou à Lyon ?
J’ai bien ressenti la différence de collectif entre Nantes et Lyon. A Nantes, il y avait une plus grande cohésion dans le jeu, c’est vraiment le collectif qui permettait de marquer des buts. A Lyon, il y avait des principes de jeu mais c’était davantage basé sur les différences individuelles des Vikash Dhorasso, Steve Marlet ou Sonny Anderson. C’était quelque part plus facile à Nantes car tout le monde pensait la même chose en même temps. Il y avait plus de complicité sur le terrain là-bas qu’à Lyon.
Quels souvenirs gardes-tu de l’arrivée de Juninho à l’OL en 2001 ?
La première fois où il nous a rejoint à Tignes, il était un peu paumé, avec l’altitude, le froid et le glacier enneigé. Il s’était arrêté de jouer pendant un bout de temps donc il n’était pas trop dans le tempo. Il était un peu lent et ne parlait pas mais il avait toujours le sourire et il répétait sans cesse « tudo bem » ! Petit à petit, il a digéré la préparation physique et on a vu ses qualités de dribbles, de passes, puis il s’est dévoilé avec ses frappes. Au début, on se disait : « Tiens, ses trajectoires sont bizarres », et on a vite compris que ses coups-francs n’avaient rien à voir avec le hasard. Juni est un gars intelligent qui sait rester à sa place.
Autre grand souvenir que tu as pu vivre, ce succès éclatant (3-0) face au Bayern
le 6 mars 2001 à Gerland…
Je n’étais entré qu’en deuxième mi-temps ce jour-là. Sur le banc, le fameux doublé de Sidney (Govou) était impressionnant. Je voyais déjà qu’il avait des qualités de vitesse. Il me poussait dans mes retranchements à l’entraînement mais c’est vraiment ce match qui l’a lancé.
En tant que latéral des champions de France, as-tu cru à cette époque à une opportunité en bleu ?
Non, je suis arrivé trop tard en D1 et il y avait des joueurs bien meilleurs à mon poste. Sérieusement, j’étais trop vieux et il y avait du haut de gamme entre Thuram et Sagnol, je ne pouvais pas rivaliser.
Quelle image penses-tu que les supporters de l’OL gardent de toi ?
Ils doivent me voir comme un gars sans problème, sympathique.
« Les mises au vert, ça me cassait les pieds »
Quand as-tu pensé à ton après-carrière ?
Après Lyon, j’ai passé six mois au chômage avant que Dominique Cuperly ne me contacte pour aider Grenoble, alors dernier de L2 en janvier 2004. Il m’a utilisé comme défenseur axial et on s’est sauvé. J’ai fait une deuxième saison là-bas et à 36 ans, je savais que ça sentait la fin. Je n’avais plus vraiment de contact, même en L2. Je me suis donc pris une année sabbatique juste après avoir acheté ma maison à Marcy l’Etoile. Je pouvais amener mon fiston à l’école, je faisais mon jardinage, je coupais mon bois. J’étais libre, je n’avais plus de contrainte d’entraînement, de mise au vert, de pression de match. Les mises au vert, ça me cassait les pieds…
Tu n’as jamais songé à jouer en Angleterre pour être tranquille de ce côté-là ?
Si, c’est aussi pour ça que j’ai envoyé mon CV en Angleterre après mes trois saisons à l’OL. J’avais envie de tenter l’expérience car là-bas, il y a de l’engagement et des espaces, c’est franc du collier. Mais il aurait sans doute fallu là aussi que je découvre plus tôt la D1 afin de susciter l’intérêt de clubs en Angleterre. Rien de tel que de pouvoir arriver une heure avant le match dans le vestiaire. J’aimais cette responsabilisation du joueur, alors qu’en France on veut le contrôler et tout le monde perd son temps. En Angleterre, c’est musique à fond et lorsque le match démarre, les mecs ont la bave.
Ces mises au vert n’étaient efficaces pour personne à l’OL ?
(Sourire) Même si je n’ai rien vu, des gars faisaient sans doute venir des filles à l’hôtel. Je sais que ça se faisait un peu partout. Bien sûr, le mec ne va pas aller en boîte de nuit, mais ce sont les filles qui viennent à lui.
Etre entraîneur ne t’a jamais intéressé ?
Non, ça ne m’a jamais botté. Je me rendais compte de l’investissement que ça demandait. Je n’avais pas la fibre. Je voyais surtout les côtés négatifs, à savoir être branché à la prise 365 jours sur 365.
« J’appelle de temps en temps Florian Maurice pour l’embêter un peu »
Qu’as-tu donc fait après ton année sabbatique ?
J’ai réactivé mon réseau. Frédéric Hantz (alors entraîneur du Mans) avait besoin de quelqu’un sur le quart Sud-Est pour observer les adversaires de L1 et faire des rapports. Je l’ai aussi fait pour Patrick Rémy de Guingamp (L2) pendant un an et demi. Il y avait une réflexion à avoir pour déterminer comment contrer l’équipe observée donc ça me plaisait bien. Puis j’ai rencontré un agent, Jean-Pierre Mériglier, que j’ai rejoint sur sa structure Destination Foot +. On avait Demba Touré, et des petits jeunes alors comme Valdivia, Gonalons et Gassama. Mais ils ont ensuite été démarchés par des agents plus puissants que nous et ont cassé notre contrat. J’essaie de me servir de mon nom pour toquer à certaines portes. J’ai l’ambition de ne pas travailler comme certains agents qui sautent sur les jeunes joueurs juste avant qu’ils signent leur premier contrat pro. Avec le hasard des rencontres, j’ai une autre activité : je suis grossiste en produits pizzas. On a un entrepôt à Vaulx-en-Velin et on approvisionne les pizzerias de la région lyonnaise depuis trois ans. Ce projet grandit tranquillement.
Quelle relation as-tu avec l’OL aujourd’hui ?
J’appelle de temps à autre Florian Maurice pour l’embêter un peu et savoir les besoins de joueurs que peut avoir le club, comme il s’occupe du recrutement. Il m’arrive d’aller quelque fois à Tola Vologe. Le président Aulas, si je le croise, c’est très courtois comme il sait l’être. Je n’ai jamais eu de relation particulière avec lui car j’étais un joueur lambda dans son effectif. Je n’étais pas un Anderson.
Et comment considères-tu l’OL actuel ?
J’espère que ça repartira mais ça me semble inéluctable de voir Lyon avec des moyens limités. Il y a eu trop d’argent gaspillé pendant certaines intersaisons, trop de bides avec certains joueurs. Aujourd’hui, le président Aulas est obligé de faire confiance à la jeune garde.
Entretien réalisé par Jérémy Laugier