« L’aventure de l’OL peut être belle. Faut juste pas se mentir »

RANK’N’OL S02 – BILAN #3. Jean-Christophe Hembert, le Karadoc de Kaamelott – entre autres -, c’est trente-sept ans de Lyon et à peine moins de Gerland. Et entre le complice d’Alexandre Astier et l’OL, cela va au-delà du soutien : c’est un engagement. Un grand témoin idoine dites-vous ? C’est pas faux.

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Ici, c’est Lyon. (Photo Le Libéro Lyon – Pierre Prugneau)

Demander à Jean-Christophe Hembert de décliner son indice Lacombe, surtout à la table de Chez Hugon en attendant le pot de Fleurie et la salade de lentilles au saucisson, c’est presque de la provocation. Né à Villeurbanne, à la clinique du Tonkin, en 1976, le metteur en scène-comédien-producteur n’a jamais quitté Lyon, où il vit toujours, côté quais de Saône. « J’ai d’abord eu l’indice Alain Gilles », sourit-il. Avant d’avouer que l’Asvel qui l’a le plus fait vibrer reste celle coachée par Gregor Beugnot et menée par Delaney Rudd – « le Juninho de l’époque, un putain de winner »Une époque où il a aussi fallu quitter la Maison des sports : « Il y avait un beau parquet et puis c’était serré. Je me souviens avoir passé un match à insulter Monclar, qui entraînait Antibes. Il avait fini par se retourner : « Mais ferme ta gueule! » Jean-Christophe Hembert commence alors à prendre ses distances avec l’arrivée à l’Astroballe, où il ne mettra quasiment jamais les pieds.

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Fin des années 80 : rencontre avec Raymond Domenech dans les locaux du Crédit Lyonnais, où Jean-Christophe Hembert croisera également Rémi Garde, son idole de jeunesse. (Photo via Twitter, @JCHembert)

 

Une pièce amputée de cinq minutes pour OL-Manchester

Sa maison désormais, c’est Gerland. « La première fois où j’y suis allé, c’était en 83-84, avec Nikolic, en D2. » Trente ans après, malgré les tournées, les déplacements et les multiples projets, il est resté d’une fidélité sans faille. Même la Coupe du monde de 98 ne l’a pas plus ému que ça. « Pour moi, le foot, c’est lié à un club. C’est toujours honteux de dire qu’on est supporter, on montre toujours le truc grégaire, mais c’est extrêmement personnel. Le rapport à un club, c’est du même registre que la foi. Le calendrier, c’est constitutif. En 2004, j’avais la première de Faust 1911 le jour de Lyon-Manchester (2-2). Le spectacle commençait à 20 heures et devait durer 50 minutes, j’en ai coupé 5 ! En plus, c’était mieux. Après, on peut se moquer, comme pour la religion. Mais il n’est pas question de juger. On ne va jamais voir un mec à la sortie de la messe pour lui dire : « T’es un connard ! » 

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Rank’n’OL Awards, juin 2014. (Photo via Twitter, @JCHembert)

 

« À Lyon, quel que soit le projet, les gens sont prêts à suivre« 

« Le 1-7 contre Sochaux, je l’ai vécu comme un drame personnel. Alors les gens qui se plaignent aujourd’hui… (L’entretien s’est déroulé juste avant le Derby, ndlr). Sincèrement, aujourd’hui, l’aventure peut être belle. Faut juste pas se mentir. Le PSG, c’est l’histoire de la vieille pute qui était sur le bord du périph’ : Hechter n’en voulait plus, Canal n’en voulait plus, le fonds d’investissement n’en voulait plus… À Lyon, quel que soit le projet, les gens sont prêts à suivre. C’est un problème d’identité. Et surtout, faut aimer. »

 

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1. Gueida Fofana. « Il a une bonne mentalité, une grosse frappe. J’étais à Bilbao et ce qui m’avait marqué, c’est qu’il court comme tout le monde, sauf qu’après la 70e minute, lui, il court encore. Le problème, c’est qu’on le met en bouche-trou alors qu’il faut le mettre en étalon de notre équipe. Le passage en 4-4-2 ne peut que lui faire du bien. Là, il peut faire des efforts, il n’a pas la responsabilité entière d’un pan du milieu. Il faut le prendre pour ce qu’il est mais c’est l’étalon parce que c’est le plus régulier. On a monté l’équipe avec un milieu Violeau-Laigle-Linarès. C’est le socle. Après les stars arrivent. »

2. Henri Bedimo. « J’aime bien Bedimo. En plus, avec ce système, il a tout le couloir pour lui. C’est ce genre de joueur qu’il faut avoir. Et après lancer les jeunes. Ce qui est bâtard, ce sont les scories du passé. D’où l’intérêt de changer de système. Ça signifie : « On fait les choses pour vous. »

3. Anthony Lopes. « J’espère qu’il va revenir. C’est la première fois depuis longtemps qu’on prend un gardien du club. Il a un côté casse-cou, il ne tremble pas. Faut qu’il apprenne à gérer, à faire des choix, mais c’est bien de ne pas se laisser dominer par les choses. Ça se travaille, ça se canalise. Il est perfectible, heureusement. »

4. Alexandre Lacazette. « J’attends de voir ce que ça va donner dans ce système-là. Là, il est dans la période compliquée : c’est plus le jeunot. Il est toujours impliqué, il fait les passes dans le bon tempo. Mais parfois, il baisse la tête. »

5. Clément Grenier. « Je trouve que c’est un grand joueur. On voit bien qu’il peut être décisif. À son âge, Zidane était à peine parti de Cannes. Je ne dis pas qu’il a le niveau de Zidane, mais on ne sait pas. Évidemment, il y a les salaires, le statut de star. Le business, c’est le plus compliqué aujourd’hui dans le foot. C’est le roman qu’on doit vendre à l’extérieur. Juger la sincérité d’un joueur, comme dans le cinéma, c’est très compliqué. C’est un joueur, je paye ma place pour le voir. Le reste, c’est la saloperie de l’économie du foot. C’est ça qui avait fait du bien avec Malbranque : les six premiers mois, c’était juste un joueur de foot. »

Propos recueillis par Pierre Prugneau

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