Gonalons, un corps en Corse

Olympique Lyonnais

RANK’N’OL #S03E18L’OL n’a jamais vraiment su s’y prendre pour faire pleuvoir les buts à Furiani. La preuve une fois de plus ce samedi après-midi où ce sont les coups qui se sont mis à tomber drus sur les têtes lyonnaises. Dans ce cas-là, mieux vaut tenir celui qui sait jouer les durs au mal pour assurer le coup du point, celui du nul (0-0). Pour frapper les esprits, on attendra la semaine prochaine. Ça tombe bien, c’est Derby.

 

Le match : L’OL respecte sa moyenne anglaise

 

Olympique Lyonnais

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Maxime Gonalons

Parce qu’elle fait moins sens que double sens, il faut toujours écouter la parole du paternel : « Max, il aime la gamelle. » Ce qu’on tenait jusque-là pour un hommage à la cuisine des mères relève aussi d’un goût plutôt prononcé pour la baston. Celle qui, à défaut de laisser jouer, a au moins le mérite de maintenir éveillé – à moins de vouloir finir assommé. Du coup, on renvoie les diamantaires du beau losange à la remise et on ressort le coup du beau jeu laid nouveau. À voir l’état de la pelouse et surtout l’esprit qui règne dans le maquis corse, on se dit que c’est de saison. Alors, plutôt que de compter les points qui font du Rank un tableau, on relèvera les onomatopées qui partent dans le décor. Bim ! À partir de la 20e, Max sonne la charge, dans les cannes adverse pour commencer, histoire de gratter ces ballons de relance qui peuvent enfin inspirer l’attaque lyonnaise pour les dix minutes qui suivent. Bam ! Puisque c’est pas soir de divin maquis, Max la joue maquis de sale, histoire de laisser passer le vilain coup de pompe de Malbranque en seconde période. Boum ! Parce qu’il n’y a pas de plaisir d’offrir sans joie de recevoir, comme on dit à la Roseraie. Rien à voir avec le coup de sang de Cahuzac sur Malbranque (57e), mais Gonalons s’en mange lui aussi quelques-unes. Pour se relever et mieux y retourner tête la première. C’est à ce genre de détails qu’on reconnaît les séries en cours. Car si l’OL ne gagne pas sans Fekir, il ne perd plus avec Gonalons.

Olympique Lyonnais2. Anthony Lopes

Quand on n’a pas la taille des grands gardiens du moment, il faut sans doute compenser. Ce qu’a rappelé le matin même un de ses anciens formateurs, Gilles Rousset : « Il a toujours beaucoup joué sur l’anticipation, l’agressivité. » (L’Équipe) De même qu’il a fallu aussi compenser par le miracle et l’état de grâce toutes ces fois où l’OL ne tenait pas sa défense. Maintenant que les choses ont changé devant lui, Anthony Lopes doit faire autrement : il faut penser. Quitte à remiser une tendance naturelle au combat, y compris le jour où tout s’y prête, pour mieux envoyer les gestes qui sauvent : une sortie sur la tête de Squilacci (19e), une frappe d’Ayité déviée du bout des doigts (65e), se coucher sur un tir tendu de Cahuzac (72e). L’OL est arrivé en Corse avec la meilleure attaque du moment. Il en repart avec l’une des défenses les plus solides. Où tout le talent d’un gardien est aussi de savoir varier ses interventions pour passer du simple « je compense, donc je suis » au « je pense, donc j’essuie » un brin plus complexe. Toujours ça de gagné sur le doute qui menace de l’emporter à chaque fois qu’il faut ne pas prendre ce but qu’on n’a pas su planter.

Olympique Lyonnais3. Christophe Jallet

Dans un match où la défense a tenu le haut du pavé faute de mieux, Jallet serait celui par lequel l’attaque lyonnaise aurait pu se reprendre pied. Pas sur cette première période surtout passée à rendre coup pour coup. À ce jeu-là, le latéral se montre plutôt discret : un pied ou une tête tout au plus puisqu’il n’y jamais besoin que de ça pour venir à bout de Kamano ou d’Ongenda. C’est que face au cinq majeur qui tient lieu de défense côté bastiais, Jaja a situé la zone de vulnérabilité du plan corse : dans le money time. D’autant plus quand Benzia se pointe pour rattraper le temps perdu en même temps que les centres dernière minute envoyés par son latéral droit. Sur la première tentative, c’est Areola qui est en avance sur tout le monde (88e). Sur la seconde, l’attaquant lyonnais doit une fois de plus composer avec son destin : il reste en retard. On pourra toujours reprocher à Jallet de ne pas avoir su anticiper l’affaire, il n’a pas non plus à s’en vouloir. Il n’a jamais qu’à faire demi-tour pour retrouver ceux qui ont sauvé le match à défaut de le gagner. En défense.

henri-BEDIMO4. Henri Bedimo

À croire que Gourcuff a senti le coup venir. Celui qui aurait pu l’éloigner un peu plus des terrains. Bedimo lui a choisi de le précéder. Face à un 3-5-2 bastiais monté pour étouffer Lacazette et pour bloquer les couloirs lyonnais, le latéral gauche prend la seule option qui lui reste : le passage en force. Après tout, l’OL a perdu suffisamment d’illusions par le passé à Furiani pour se délester de ses bonnes manières et répondre au défi bastiais. Mauvaise pelouse, intensité étouffante et folklore à tout bout de champ – célébrations et provoc’ d’avant-match, projectiles qui descendent des tribunes, coup de sang de Cahuzac. De quoi faire dérailler un match et la mécanique lyonnaise. À moins de se dire que rien de tout ça n’est sérieux. Y compris ce pénalty oublié par l’arbitre (9e) que Bedimo ne veut même pas réclamer à la mi-temps. Il y en aura d’autres pour le faire à sa place dans le grand procès permanent de l’arbitrage français. En attendant, le Camerounais a rappelé qu’il vaut mieux certains soirs avoir roulé sa bosse de clubs en clubs, loin du confort lyonnais, pour saisir l’atmosphère et préférer jouer avec.

BISEVAC5. Milan Bisevac

Il aurait sans doute mérité de rentrer plus tôt dans le Rank. Bisevac peut bien aligner les matchs solides et s’affirmer toujours plus comme l’un des tauliers du onze type de Fournier, il y aura toujours un geste classieux d’Umtiti pour remettre son retour à plus tard. Ce qui aurait dû se produire une fois de plus quand, à la 49e, le Fossoyeur de Ménival se pointe pour enrouler son coup franc tout près de la lucarne d’Areola. De quoi normalement l’absoudre de toutes ses hésitations de début de partie qui poussent le pressing bastiais un cran plus haut dans la férocité. De quoi pardonner ce duel manqué face à Kamano qui oblige Bisevac à revenir par la fenêtre pour contrer le tir de l’attaquant bastiais (27e). Pour que le coup d’éclat ouvre la voie à la mauvaise foi, encore faut-il tenir l’histoire qui va avec. Dans un match sans but, les merveilleux peuvent laisser leur place aux habituels sacrifiés du Rank. D’autant plus pour Bisevac qu’il a le sens du combat plutôt démonstratif. Au point de voir dans ses remontées enragées pour retisser le lien avec son milieu l’une des seules leçons du jour : quand l’OL n’a plus assez de talent, il lui reste au moins assez de tempérament.

Par Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

(Photo SC Bastia)

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