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Ferri-Tolisso, comment tenir à deux
- Publié le: 26 janvier 2015
RANK’N’OL #S03E29. Rapidement sans Lacazette et avec (un peu) moins de Fekir, l’OL n’a eu d’autres choix que de dévoiler son ultime secret : son milieu aussi joue le titre, et sa défense n’en est plus très loin. Pour ceux qui en doutent encore, le Rank’n’OL livre un top 5 qui fera forcément autorité par sa rigueur, ne serait-ce parce qu’il contient six noms.
Le match : L’OL sur avance rapide
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Jordan Ferri & Corentin Tolisso
Une feinte de corps pour Jordan (54e) et un but pour Coco (83e). Les deux néo-tauliers du milieu auraient mérité une fois de plus d’être cités à part dans le Rank. Ce n’est pas que les places soient plus chères qu’en Jean-Jaurès, pas plus qu’il soit difficile de les départager aux points. C’est qu’il est aussi légitime de considérer leur prestation à travers le prisme du duo qui change la face des choses – à commencer par la marche tranquille de l’OL en tête du classement depuis la reprise. Car Fekir peut bien provoquer autant de fautes qu’il touche de ballons dans le premier quart d’heure, si l’attaque lyonnaise se met à faire la différence, elle le doit d’abord aux passes de Ferri et Tolisso. Pas seulement les passes qui se voient, qu’elles coupent les lignes ou basculent le jeu. Non, toutes les passes, y compris celles vers l’arrière ou celles qui vont trois mètres plus loin. Des passes l’un vers l’autre ou l’un sans l’autre qui ont en commun d’être exécutées vite, fort et en première intention. Pas la peine de chercher plus loin ce qui fait la différence en ce moment à Lyon, que ce soit ce jeu de confiscation qui fait tourner la possession à 70% ou ce jeu d’accélération qui s’en remet à l’autre duo du moment, Fekir-Lacazette. Sans Ghezzal qui repousse le moment où il faut conclure (54e), Ferri aurait pu la faire. C’est Tolisso qui profitera d’une autre action de classe, ce contrôle orienté et tour sur lui-même au milieu de quatre défenseurs de Gourcuff (83e). De quoi valider un peu plus ce constat ramené de l’élimination face à Nantes : il n’y a pas seulement ceux qui donnent la direction et ceux qui la prennent. Il y a aussi les Ferrisso qui font les deux.
2. Maxime Gonalons
La victoire de l’OL face à Metz n’a pas été la plus funky des sept d’affilée en Ligue 1, des dix de suites à Gerland, des quinze en vingt-deux journées, mais elle a été rassurante. Les Messins sont désormais lanterne rouge du championnat, mais la faiblesse de l’adversaire n’a jamais été ces dernières saisons une raison suffisante pour les Lyonnais de ne pas se faire peur. Sauf que, si l’OL s’est depuis un an construit une identité sur sa capacité à mettre le feu, il a su profiter ces six derniers mois de son euphorie pour consolider ses arrières. Et il le doit en grande partie à Maxime Gonalons. À tel point que la vie sans Lacazette qui s’annonce lors des semaines à venir ne fait même pas aussi peur que ça. Si le losange est aussi irrésistible, c’est aussi parce que Washing Maxime est à la hauteur – voire un peu au-dessus – à l’intersection de la croix constituée aux extrémités des défenseurs centraux et des relayeurs, deux paires qu’il complète avec la même efficacité selon que son équipe ait ou non le ballon. Au moment où il s’apprête à rencontrer coup sur coup ses deux adversaires les plus sérieux du moment, l’OL est plus crédible que jamais. Et si les attaquants ont repoussé loin les limites de l’irrationnel jusqu’ici, il sait qu’il peut désormais compter sur Gonalons pour repousser tout le reste.
3. Samuel Umtiti
Il y a d’abord eu ce retour exceptionnel dans les pieds de Nsor, parti avec quelques bons mètres d’avance et dans le bon sens (10e). Sa deuxième intervention sur le jeune attaquant ghanéen allait lui valoir un avertissement largement mérité, mais elle n’en était pas moins décisive (45e). Le reste, ce sont ses ballons hostiles interceptés et qui repartent domptés d’une seule et même touche, avec n’importe quelle surface du corps. Mais au-delà de l’efficace et du beau, Samuel Umtiti se signale aussi par son envie, avec des coups de gueule de remobilisation générale qui disent en substance que ce serait dommage de lâcher quand on est en train d’écrire l’histoire. Le Fossoyeur de Ménival est joueur, et il ne fait aucun doute qu’il joue le titre. Parce que s’il croit toujours autant en lui, Umtiti croit aujourd’hui encore plus aux siens.
4. Maxwell Cornet
Il faudra un peu de temps pour comprendre ce qu’a voulu dire Lacombe au moment d’y aller de sa correspondance rituelle qui accompagne l’arrivée de toute nouvelle recrue. Car, pour sa première apparition sous les couleurs lyonnaises, Maxwell Cornet ne nous a pas franchement rappelé Florent Malouda. Il ne nous a même rien rappelé du tout. On veut dire par là aucun joueur aperçu ces vingt-cinq dernières années entre Saône et Rhône pour envoyer une prestation de ce calibre-là avec ce niveau d’expérience-là. Niveau technique d’abord quand, tout juste entré en jeu pour remplacer Lacazette, il provoque une première faute sur un double contact à en faire perdre leur ponctuation aux suiveurs encore scotchés sur la virgule de Farès (37e). La vivacité quand ne lui manque déjà plus que quelques centimètres pour glisser sous Carrasso une passe piquée de Ferri par-dessus la défense (44e). Le sens du jeu sur cet appel en contre qui aspire une partie de la défense messine et permet à Fekir de libérer Ferri (54e). L’intensité après un tacle qui le voit se relever, conserver et passer par-dessus la défense pour Ghezzal (59e). Cornet n’est là que depuis trente minutes en Ligue 1 et c’est l’ordre patiemment établi de l’attaque lyonnaise qui s’en trouve mis dessus dessous. La dernière fois qu’on a vu pareil chambardement, c’était pour le retour de Steed Malbranque. Malgré le nombre d’années qui les séparent, les deux ont en commun d’avoir cessé d’être joueurs professionnels pendant plusieurs mois. Pour mieux rappeler au monde qu’il aurait mieux valu ne pas s’en priver plus longtemps. Sans le calendrier et ces deux matchs à suivre face à Monaco et au Paris Saint-Germain, l’arrivée de Cornet aurait suffi à faire oublier l’absence pour Lacazette. Une révélation n’arrivant jamais seule, on en conclut aussi que l’OL ne fait pas que former les meilleurs jeunes du moment. Il les recrute aussi.
5. Mouhamadou Dabo
C’était il y a moins d’un an, sur le terrain n°10 de la Plaine des Jeux. Il faisait aussi froid que cet après-midi à Gerland et on assistait au retour de Dabo sur un terrain avec la réserve face à Villefranche. Derrière les bancs de touche, le foot s’entend et se voit comme nulle part ailleurs. Et ce qui avait frappé cet après-midi-là, c’était de voir que Dabo était bien un joueur de foot professionnel. De pas beaucoup peut-être, mais largement plus que tous ceux qui étaient sur le terrain avec lui. On en était resté là sans trop savoir quoi faire de cette révélation. Jusqu’à ce match face à Metz où Mou fait tout comme Dab : souvent à la limite, mais toujours comme il faut. Pas un placement qui ne soit au millimètre, pas un geste qui ne colle à l’instant. Et histoire de convaincre les faibles d’esprit, ceux qui ont toujours besoin d’une preuve éclatante pour se mettre à y croire à leur tour, le voilà qui envoie une longue transversale sur l’une de ses premières possibilités de montée pour Lacazette. La remise en première intention du Kid de Mermoz est géniale. Ce qui suit est inespéré : faute sur Ghezzal, pénalty, carton rouge et but (30e). Un geste qui déclenche tout et voilà qu’on l’oublie déjà : cette inspiration dit tout de Dabo. Au point de se demander si on peut vraiment avoir quelque chose à en dire. C’est là tout le drame du latéral sans qualité qu’il incarne si bien dans un losange qui exige des types à son poste qu’ils flambent. Ce n’est certainement pas lui qui prendra le risque de se cramer. À l’heure du grand bilan, on sait qu’il lui manquera toujours ces quelques actions qui doivent marquer le passage d’un joueur entre Saône et Rhône puisque, de toute façon, qu’il soit là ou non ne change rien à la face d’un match. Ce qui, dans un match dominé sans jamais trembler, suffit largement à justifier sa présence. Jamais un joueur dont on finira par se passer n’a été aussi indispensable.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.
(Photo Jean-Marc)