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Élodie Thomis : « Bernard Lacombe m’aide beaucoup »
- Publié le: 29 décembre 2014
ENTRETIEN. Même un pied gauche dans le plâtre ne l’a pas incitée à annuler son invitation dans son appartement situé à Gerland. « Je ne sais pas marcher avec des béquilles et j’ai failli me ramasser dès ma sortie de l’hôpital », sourit Élodie Thomis, 28 ans, si timide en apparence et si volubile lorsqu’elle est en confiance.
Cela a été le cas, durant près de trois heures ce mercredi 3 décembre, tout comme avec l’OL depuis huit saisons. La joueuse probablement la plus rapide du monde, qui a vécu son premier entraînement de football à seulement 15 ans, revient sur un parcours qui l’a conduite à toutes les conquêtes lyonnaises majeures et au cours duquel elle a porté 112 fois le maillot des Bleues. Avec en fond des clips de zouk et de ragga, elle nous explique qu’elle portait « un bandana à la Tupac » en arrivant à Clairefontaine, qu’elle zappe un Real-Barça au bout de dix minutes. Forcément insaisissable et spontanée, elle défend même Bernard Lacombe dans l’épisode « des casseroles »… Entretien « pépites de chocolat ».
« Je ne savais même pas que l’équipe de France existait »
As-tu le sentiment d’être une joueuse atypique ?
Oui, apparemment, je suis une joueuse atypique, une joueuse bizarre mais une joueuse quand même !
Comment est venue ta passion du foot ?
Je n’ai commencé qu’à 15 ans. À l’époque, je jouais avec mes frères à la cité et je ne pensais pas du tout faire carrière dans le football. Je ne savais même pas que l’équipe de France existait. Je pensais être une des seules filles jouant un peu au ballon dans le pays, pour vous dire mon délire ! J’ai aussi dû supplier ma mère pour qu’elle accepte que je joue.
« Dans ma tête, je suis passée de très forte à très nulle en côtoyant Camille Abily »
Tu te voyais vraiment poursuivre l’athlétisme avant cela ?
Sans cette affiche, j’aurais continué l’athlé. Mon entraîneur Tahar était tellement dégoûté… Pour lui, j’étais une graine de championne. Le football n’a jamais été une passion mais quelque chose qui est venu à moi. J’ai su saisir l’opportunité en me retrouvant à Clairefontaine, en équipe de France des moins de 17 ans. Et depuis, ça ne m’a plus jamais lâché.
Comment as-tu vécu cette trajectoire si soudaine ?
Ça n’a pas été facile. À Clairefontaine, les autres joueuses ont commencé le foot vers 6-7 ans et moi… je ne savais pas jouer ! Dans ma tête, je suis passée de très forte à très nulle en côtoyant Camille Abily et d’autres filles. D’ailleurs Gérard Prêcheur (ancien directeur du pôle féminin à Clairefontaine entre 2000 et 2004 et actuel entraîneur de l’OL, ndlr) m’avait dit à mon arrivée : « Tu as comme force la vitesse, tu as un an pour travailler la technique et si tu n’y arrives pas, tu ne resteras pas. » C’était une bonne pression. La mauvaise pression tenait dans l’attitude de certaines filles, pas sympas avec moi. J’étais la seule à venir du « quartier » (un an avant Marie-Laure Delie) et j’étais différente avec mon bandana à la Tupac. Ça, ça ne passe pas ! (Rires)
« À part courir, tu sais faire quoi ? »
Cette étiquette de sprinteuse devenue footballeuse par hasard a tendance à te gonfler ?
Au début, cela me gênait et m’handicapait car j’ai subi beaucoup de critiques. Tous les week-ends, sur les terrains, j’avais droit à la même réflexion des adversaires : « À part courir, tu sais faire quoi ? » J’en avais marre, même si je peux comprendre que ça leur foutait la rage. Cette étiquette était chiante et ce n’est pas facile de courir vite avec un ballon. Et puis les gens n’étaient pas censés savoir que je n’avais jamais joué avant 15 ans. J’ai dû apprendre à jongler, à dribbler, à me placer et tout le reste… C’était douloureux mais je me suis construit une carapace et j’ai bossé. Aujourd’hui, les coachs croient en moi et j’ai fait en sorte que ma vitesse devienne ma technique, ma force.
Songes-tu parfois à la joueuse que tu serais si tu avais acquis les fondamentaux du foot dès l’enfance ?
« Clairefontaine est devenu ma maison. J’y jouais au foot six jours sur sept et on a ramené une télévision en cachette dans ma chambre pour jouer à la GameCube ! »
À cette époque, rêvais-tu que le foot féminin permette un jour des contrats pro et que tu en fasses partie ?
Avant d’être à l’OL, je n’ai jamais pensé pouvoir vivre du foot. Même maintenant, je reste lucide. Je ne vais pas pouvoir vivre toute ma vie avec ce que je mets de côté pendant ma carrière de footballeuse. Je n’ai pas la paie d’Ibrahimovic !
« J’ai conscience parfois de ne pas être très concernée »
Y’a-t-il des plans anti-Thomis lors de certains matchs ?
Oui, d’ailleurs quand je vois qu’il y a un marquage individuel, je cours de partout. J’ai des facilités physiques en plus de ma vitesse donc je cours pour courir, afin de fatiguer mon adversaire directe, qui est souvent la latérale. Ou sinon des fois je marche, je fais genre que je ne suis pas concernée par le jeu. Je déteste montrer à qui que ce soit que je vais partir en profondeur, que je suis dans les starters. Puis je peux faire la différence sur un seul sprint. Le défenseur a des chances de vivre un mauvais match mais j’ai conscience parfois de ne pas être très concernée. Je ne suis pas une joueuse très régulière.
« C’est une belle vie, on ne va pas cracher dessus. Mais parfois on a des moments de bad. J’aimerais bien mettre mon réveil, prendre le bus à 8 heures, aller au travail, boire un café avec des collègues, poser des vacances et voir du monde »
Comment expliques-tu cette irrégularité ?
J’ai des coups de moins bien liés à des choses personnelles. Mais c’est notre métier, on se doit d’être performantes donc on essaie de camoufler quand ça ne va pas. Pendant un match, parfois le corps joue mais la tête est ailleurs. C’est dans ces moments-là qu’on peut aussi se blesser.
As-tu déjà songé à mettre un terme prématurément à ta carrière professionnelle?
J’en discute parfois avec Louisa Necib. On a des périodes où on en a marre et où on aimerait voir la famille, se construire une vie… Je fais du haut niveau depuis 14 ans avec les mêmes semaines, les mêmes déplacements. Le dimanche, je sais exactement ce que je vais manger… C’est une belle vie, on ne va pas cracher dessus. Mais parfois on a des moments de bad. J’aimerais bien mettre mon réveil, prendre le bus à 8 heures, aller au travail, boire un café avec des collègues, poser des vacances et voir du monde. Car là, on voit toujours les mêmes personnes.
Manque de chance, vous vous êtes à nouveau qualifiées pour la Coupe du monde au Canada (du 6 juin au 5 juillet), donc tu auras encore peu de vacances l’été prochain…
On se dit surtout qu’avant cette compétition, on va faire une énorme préparation, ça va être dur. Pour moi, la prépa physique est ce qu’il y a de pire dans le foot ! Il faut dire que j’ai tout le temps la flemme. Tant que le coach n’a pas lancé l’entraînement, que ce soit à l’OL ou en équipe de France, je reste assise, c’est plus fort que moi.
« Il y a des requins même dans le foot féminin »
Tu évoquais Louisa Necib. Vous vous êtes consultées pour rejoindre au même moment Montpellier puis Lyon ?
On voyait les ambitions de Lyon qui venait de recruter quatre anciennes Montpelliéraines (dont Bompastor et Abily). Suite à la finale du Challenge de France 2007 que l’on a gagnée face à l’OL aux tirs au but, le président Aulas est venu me voir pour qu’on signe à Lyon avec Louisa Necib.
« Je sais d’où je viens et je connais la valeur de l’argent. Je ne veux pas tomber dans le superficiel et que cela me détruise. Le foot est éphémère »
Est-ce le revers de la médaille d’une médiatisation en hausse pour le football féminin ?
Quand j’entends que l’on n’est pas assez reconnue, je ne suis pas d’accord. L’évolution en dix ans est vraiment bonne. Quand j’ai commencé en 2005 en équipe de France A, les primes étaient également bien moindres, il n’y avait pas d’avion privé et c’était le bordel pour les équipements. Il y a un monde d’écart depuis la Coupe du monde 2010.
Envies-tu parfois le football masculin ?
Ah non, pas du tout ! Les salaires font évidemment envie à tout le monde mais j’ai déjà de la chance d’être payée ainsi. Je sais d’où je viens et je connais la valeur de l’argent. Je ne veux pas tomber dans le superficiel et que cela me détruise. Le foot est éphémère et je prépare déjà ma reconversion professionnelle.
« Les entraîneurs qui me marquent sont ceux qui me réveillent »
Souhaiterais-tu devenir entraîneur comme Sonia Bompastor ?
On ne sait jamais, j’ai passé trois diplômes d’entraîneur, mais je n’en ai pas envie, à cause de l’hiver notamment ! (Rires) Et puis je manquerais sans doute de patience avec les jeunes, déjà que j’ai du mal à être patiente avec moi-même… Je me dirige vers l’audiovisuel, le montage, la caméra. Je fais un stage étalé sur un an avec une demi-journée par semaine à OLTV depuis octobre. Je suis contente car ça me rapproche de la vie professionnelle. Cela me change du foot où on est coupé de tout. J’aime vraiment être derrière la caméra, c’est très technique. J’aimerais faire des documentaires animaliers ou filmer des matchs. Je me suis même dit que je pourrais travailler sur un film de Brad Pitt tellement je pars loin dans mes délires…
« Thierry Henry, c’est mon joueur. Dans mon cœur, il y a des pépites de chocolat quand on me parle de lui ! »
Tu as eu trois entraîneurs différents à l’OL. Qui t’a particulièrement marqué ?
Les entraîneurs qui me marquent sont ceux qui me réveillent. Patrice Lair (depuis Montpellier) et Gérard Prêcheur (depuis Clairefontaine) me connaissaient déjà donc ils savaient comment s’y prendre. Tous les deux ont eu un rôle déterminant dans ma carrière. Farid Benstiti était plus gentil mais quand même exigeant avec les joueuses. Il s’agit de trois entraîneurs vraiment différents. Je sais que Farid a eu des problèmes avec des joueuses mais cela leur appartient. Perso, je n’ai jamais eu de véritables problèmes avec les coachs. Je fais toujours en sorte que cela se passe bien.
Plusieurs joueuses ont estimé que le discours de Patrice Lair ne passait plus après trois saisons. N’as-tu pas eu ce ressenti ?
Pour moi non. Regardez à Arsenal, Wenger est là depuis si longtemps. Mais oui, avec certaines filles, ça ne passait plus. Peut-être que lui aussi en avait assez, puisqu’avant l’OL, il n’était jamais resté plus de deux ans quelque part.
Les départs de Megan Rapinoe et Sabrina Viguier en cours de la saison 2013-2014 étaient des signes de cette usure, non ?
Je suis volontairement en retrait de toutes ces histoires. Je les ai subies. Je n’ai par exemple appris le départ de Sabrina que le jour J.
« Jean-Michel Aulas a un côté paternel »
Le départ de Patrice Lair à l’intersaison a semblé t’affecter…
Oui beaucoup, c’est quelqu’un avec qui j’ai toujours gardé contact. Je connais aussi sa famille. Humainement c’est un bon gars et je ne m’attendais pas à son départ. Mais Gérard lui ressemble un peu et c’est une bonne chose pour l’OL d’avoir des mecs forts comme coachs. C’est particulier car c’est lui qui m’a appris le football. Il m’a vu changée, en mode tatouages. Ce n’est plus la petite Élodie d’avant qui se tirait les cheveux ! Il me faisait peur à l’époque, il avait une certaine rigueur mais on sentait que c’était un papa poule dans le fond.
« Le foot est une spirale infernale, ça ne s’arrête jamais. Nous n’avons pas le temps de nous lamenter après une défaite, il y a encore 40.000 matchs derrière… »
Échanges-tu souvent avec Jean-Michel Aulas ?
Oui, on échange pas mal. C’est un président qui prend vraiment soin de ces joueuses. Il est toujours là, avec un côté paternel. Ça a beau être un homme d’affaire très occupé, on peut le voir le dimanche à la Plaine des jeux pour un OL-Soyaux. Vu tout ce qu’il a donné depuis les débuts de l’OL, c’est grâce à lui qu’on a obtenu tous ces titres.
A-t-il haussé le ton après les deux éliminations de rang prématurées en Ligue des champions ?
Non, ce n’est jamais arrivé. Il a trop de respect pour nous. Les deux fois, il a cherché à nous remonter le moral. Ça ne sert à rien d’enfoncer ses troupes. Le match est passé, il est perdu. Personne n’a le pouvoir d’empêcher des coups francs qui entraînent des buts. C’est chiant, deux fois de suite en plus. (Soupir)
« L’élimination contre le PSG, c’est un truc vaudou ! »
Cette cruelle défaite face au PSG est-elle encore dans toutes les têtes ?
C’est douloureux mais on a déjà tellement gagné. Le foot est une spirale infernale, ça ne s’arrête jamais. Nous n’avons pas le temps de nous lamenter après une défaite, il y a encore 40.000 matchs derrière…
Certes, mais à ce point dominer et quitter la Coupe d’Europe dans ces conditions, dès l’automne, doit toutes vous faire cogiter non ?
On a dominé mais ça ne rentrait pas ! C’est au-delà de la Terre, il faut demander à Dieu. On ne régresse pas, ça ne se joue à rien. Contre Paris, j’étais sereine quand je suis entrée en jeu, jusqu’à ce coup franc. C’est un truc vaudou, ce n’est pas possible ! Avant ce 8e de finale contre le PSG, c’était de la folie comme pression. On était un peu stressées et il aurait fallu passer au-dessus de cette mauvaise série en Coupe d’Europe. Mais je pense que l’on n’était pas toutes capables de le faire. On sombre un peu, on se pose des questions, on refait le match…
L’avez-vous eu mauvaise qu’elles fêtent bruyamment leur qualification dans le vestiaire ?
On l’aurait fait aussi à leur place. Par contre, c’est très bien qu’on ait gagné contre elles en championnat (2-1 le 1er novembre). C’est ce type de match qui détermine la qualification pour la prochaine Ligue des champions. Je souhaite à Paris de faire le plus long parcours possible cette année. Je ne vais pas faire la rageuse. J’ai déjà gagné deux Ligue des champions et huit titres en D1. Alors que Paris n’a pour le moment pas de palmarès…
« Certaines vivent mal le rôle de joker, pas moi »
Quel est ton meilleur souvenir avec l’OL ?
C’est la première Ligue des champions (en 2011). La première, c’est toujours « Waouh », une autre sensation. C’était un truc de malade.
D’autant que l’année précédente, c’est peut-être ton pire souvenir avec ce tir au but raté lors de la première finale de Ligue des champions de l’OL face à Postsdam (0-0 ; 6-7 aux tab le 9 mai 2010)…
Comme par hasard, le premier et le dernier penalty de ma vie. Qu’est-ce qui leur a pris de me mettre sur la liste ? Laura (Georges) ne voulait pas tirer. Je savais que j’allais faire une couille… et j’ai frappé la barre.
As-tu la sensation de souvent être cantonnée à un rôle de joker, à l’OL comme avec les Bleues ?
Cela dépend de ce que le coach décide. Quoi qu’il en soit, il sait que je peux enchaîner les matchs et que je peux rentrer en cours de partie. Certaines le vivent mal mais ce n’est pas mon cas. Je sais que j’ai un rôle à jouer et je joue pour l’équipe, pas pour moi. J’aimerais bien que toutes les filles pensent comme ça.
Et lorsque tu rentres à l’heure de jeu, il est fréquent que le match bascule…
J’aime bien prendre ce genre de responsabilités. À la Starwars, je connais ma mission. (Sourire) Avec ma vitesse, une accélération peut toujours déclencher une action de but.
« Je suis la maquerelle de service »
Estimes-tu être la joueuse la plus rapide du monde ?
Pour le moment, je pense que l’on ne m’a pas dépassée. Pendant la Coupe du monde ou les Jeux Olympiques, j’ai toujours été plus rapide que tous les défenseurs. Ma vitesse est quelque chose d’inné. Je ne la travaille pas plus que ça. Avec le préparateur physique de l’équipe de France, j’apprends juste des techniques d’athlétisme pour tenter de gagner encore des secondes.
Comment vis-tu d’avoir si souvent été qualifiée de Thierry Henry ou Loïc Rémy au féminin ?
« Je ne peux pas rester sur un match devant la télé, je m’endors systématiquement. Je fais déjà du foot tout le temps… »
Côtoies-tu certains joueurs de l’OL ?
Moi, sauvage comme je suis ? Je dis bonjour par politesse. Certaines partenaires connaissent des joueurs et mangent parfois avec eux. Il faut dire qu’il y a de belles filles dans l’équipe… Moi je suis là pour voir ce qui se passe. Je suis la maquerelle de service. (Rires)
Regardes-tu des matchs de haut niveau de football masculin ?
Non, quasiment jamais. Je peux être contente de m’installer devant un Real-Barca. Mais dix minutes après le coup d’envoi, j’ai déjà zappé ! Je ne peux pas rester sur un match, je m’endors systématiquement. Je fais déjà du foot tout le temps…
« Quand je joue sans me poser de questions, ça va toujours bien »
Pour revenir à Thierry Henry et Loïc Rémy, ils ont connu une évolution d’ailier à attaquant de pointe. Aimerais-tu avoir cette opportunité ?
Avant, je jouais avant-centre à Montpellier et je marquais beaucoup de buts. On se régalait avec Louisa. Puis on m’a mise sur le côté. Je connais bien ce poste qui implique d’attaquer mais surtout de défendre. On m’a formée là, alors que je détestais défendre. Patrice Lair me faisait des fiches sur le replacement à avoir car le football féminin est devenu très tactique, avec beaucoup de discipline.
Quel poste préfères-tu ?
J’aime bien être sur mon côté au début du match et terminer dans l’axe. En plus, avec les autres attaquantes comme Eugénie (Le Sommer), on a pas mal d’automatismes et on permute.
Si tu n’avais pas à assurer tous ces replacements défensifs, serais-tu plus réaliste devant ?
Franchement, c’est dur d’arriver en bout de course et de prendre la bonne décision, sachant que tu vois tes collègues bien placées mais que tu peux aussi frapper. Il y a trop de solutions ! Je dois travailler sur ce bon choix à effectuer, grâce aux cinq secondes d’avance que je peux avoir avec ma vitesse. Quand je joue sans me poser de questions, ça va toujours bien.
« Physiquement, les Américaines sont des cowboys »
Depuis cet été, les différences de niveau semblent se réduire entre les Bleues et les grosses sélections, mentalement comme physiquement. Est-ce ton sentiment ?
C’est vrai mais physiquement, les Américaines sont des cowboys. C’est chaud ! On peut les balader techniquement car on fait bien circuler le ballon. Mais physiquement, ce sont des monstres. Nous travaillons ça actuellement en faisant plus de musculation en sélection.
Quelles seront les équipes les plus dures à battre à la Coupe du monde ?
Les États-Unis et l’Allemagne sont pour moi les favoris, suivis des Brésiliennes. On vient de les battre en amical à Gerland mais il manquait six titulaires.
« Je reste dans mon monde arc en ciel »
As-tu senti une grosse différence entre Bruno Bini et Philippe Bergeroo ?
Tous les coachs sont différents. Ça se voit que Philippe Bergeroo sort du monde masculin. Il a été champion du monde, il ne faut pas l’oublier (il était l’entraîneur des gardiens lors de la Coupe du monde 1998). J’aime bien dire ça car je ne le savais pas du tout moi-même au départ !
Tu sembles n’avoir jamais été concernée par les nombreuses tensions entre Bruno Bini et l’OL (Lair, Henry, Bouhaddi, Bompastor)…
J’étais neutre. Je fais mon foot et ma vie et je n’aime pas les complications. Je reste dans mon monde arc en ciel où tout va bien. Le coach est le patron, il n’y pas de discussion à avoir.
As-tu des envies de capitanat ?
« Bernard Lacombe m’a donné des conseils sur des placements à avoir. Il m’a aussi conseillé de mettre des pantalons en hiver. Au début, je faisais la belle mais là, je fais le pélo de ouf ! »
Quelle est la joueuse qui t’impressionne le plus à l’OL ?
Amandine Henry est vraiment forte. Aux côtés de Camille et Louisa, c’est du lourd ! Même avec son problème au genou, c’est une joueuse phénoménale. Déjà à Clairefontaine, les gens parlaient beaucoup d’elle.
Patrice Lair et plusieurs joueuses de l’OL ont été choqués par l’affaire des casseroles de Bernard Lacombe en mars 2013. En fais-tu partie ?
Cela ne m’a pas atteint. C’est vraiment quelqu’un de super gentil, je n’ai pas porté de jugement. Je trouve que c’est parti un peu trop loin pour rien. J’ai eu un gros problème cette année (*) et il m’a encore beaucoup aidée. C’est vraiment quelqu’un de bien. Je ne le vois pas comme quelqu’un qui est contre notre équipe. Je suis déjà allée boire des cafés dans son bureau. Il était attaquant et m’a donné des conseils sur des placements à avoir. Il m’a aussi conseillé de mettre des pantalons en hiver. Au début, je faisais la belle mais là, je fais le pélo de ouf ! (Sourire)
« Ça m’a tentée de partir aux États-Unis, mais j’ai flippé »
As-tu déjà pu être tentée par une aventure dans une grosse équipe européenne ou américaine ?
Je suis bien à Lyon mais à un moment, ça m’a tentée de partir aux États-Unis. Il y a eu des contacts avec Washington et Atlanta, il y a environ quatre ans. Atlanta m’avait vendu le truc en me disant qu’il y avait des Blackos et des McDo là-bas ! Mais j’ai flippé : un autre pays, une nouvelle langue… C’est quelque chose que tu peux peut-être plus facilement faire en fin de carrière. J’ai mon train-train quotidien à Lyon et je ne vais pas tout changer.
Vois-tu donc plus loin que ta fin de contrat en 2016 avec l’OL ?
Je n’aime pas trop me préoccuper de ce genre de choses et je n’ai jamais eu d’agent. J’ai construit ma vie à Lyon et ça fait huit ans que je suis là, donc pourquoi pas y rester. Mais je ne vais pas affirmer comme certaines : « Moi, je ne signerai jamais à Paris. » Je déteste cela. Si j’ai des propositions intéressantes, on ne sait jamais de quoi sera fait demain.
Il y a cinq ans, tu as posé nue dans la fameuse campagne publicitaire de l’équipe de France « Faut-il en arriver là pour que vous veniez nous voir jouer ? ». T’arrive-t-il de le regretter ?
Non, pas du tout. Je suis quelqu’un de pudique et ce jour-là, je voulais juste me prouver que j’étais capable de faire ça. J’ai levé le bras quand on nous a proposé cette séance. Toutes les filles de l’équipe de France étaient surprises et ont dit : « Thomiiiis !!??? » Plus j’entendais cette remarque et plus mon bras s’est levé haut. J’aime bien les challenges et cela reste une expérience professionnelle enrichissante. Je m’en foutais des conséquences et je le referais sans hésiter. L’idée était à l’époque de promouvoir le foot féminin. Que ce soit en bien ou en mal, ça a fait parler. Les temps ont bien changé mais des fois, des gens ressortent ces photos pour que je leur dédicace.
Entretien réalisé par Jérémy Laugier et Agathe Renaudier
(Photo Jérémy Laugier – Le Libéro Lyon)
(*) Un des frères d’Élodie est décédé le 23 août dernier.