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C’est Astra, un maudit blues
- Publié le: 22 août 2014
RANK’N’OL #S03E05. Battu par les Roumains d’Astra à Gerland (1-2), l’OL a-t-il définitivement enterré une partie de son histoire ou seulement gâché la fin des vacances ? Personne ne le sait encore et ce n’est pas pour ça que c’est rassurant. Pas plus en tout cas que de se retrouver avec un Bako Koné en taulier de la défense, un Momo Yattara en leader technique ou un Kiki Jallet en recrue glam.
Jeudi 21 août 2014, barrage aller de Ligue Europa
Olympique Lyonnais – AFC Astra Giurgiu 1-2
Buts : Malbranque (25e) pour Lyon ; Fatai (71e), Budescu (81e sp) pour Astra.
Avertissements : Rose (44e ; 78e) pour Lyon ; Junior Morais (39e), Enache (90e+3) pour Astra
Expulsion : Rose (78e)
OL : Lopes – Jallet, Rose, B. Koné, Tolisso – Malbranque (Grenier, 76e), Gonalons (cap.), Ferri – Bahlouli (Mvuemba, 69e) – Lacazette, Yattara (Ghezzal, 82e). Entr. : Hubert Fournier.
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Steed Malbranque
On pourrait réduire le théorème du losange lyonnais à cette seule hypothèse. Soit un pressing haut qui tient son rang tant que Steed suit le rythme. Pendant 45 minutes, son harcèlement forcené et ses projections à répétition entretiennent l’idée qu’il serait celui par lequel la saga européenne de l’OL pourrait continuer. Après tout, il figure comme le dernier héritier de cette histoire à peine moins vieille que Fares Bahlouli. Une défaite plus tard, c’est un autre héritage qu’il faut faire ressurgir, celui de Maribor. Malbranque tenait alors un autre rôle, celui du jeune premier à qui on promet un avenir doré. Et Fournier était déjà là lui aussi, mais sur le terrain. Il faut alors reconsidérer cette activité débordante de la première période et comprendre que ce qui a poussé l’OL toutes ces années à maintenir son niveau les soirs d’Europe au-delà de la seule limite qui vaille, celle du ridicule, n’avait pas grand chose à voir avec ces histoires d’ « ADN européen » qu’on a pu convoquer après coup. Mieux vaut en revenir à cette psyché collective qui ne s’est jamais vraiment remise du désastre de Maribor. Laquelle a continué à agiter l’OL tant que Malbranque a été présent. Il reste encore un match retour pour continuer à croire que ce dernier barrage pour l’Europe peut être passé. En voyant sortir Malbranque (76e) et l’OL couler dans la foulée (un rouge pour Rose et un penalty pour Grenier), on n’est pas loin de penser que c’est un autre barrage construit toutes ces années contre le souvenir de Maribor qui a peut-être fini par sauter.
2. Anthony Lopes
On attend toujours d’un gardien qu’il soit l’homme des situations désespérées. Mais on imagine rarement des situations aussi désespérées. Longtemps Anthony Lopes a maintenu un soupçon de cohérence au tableau d’affichage entre la 20e équipe au classement UEFA et la 212e. Tout avait commencé tranquillement devant Fatai (39e), avant de s’intensifier après la mi-temps face à Junior Morais (55e) puis Budescu (58e). Le gardien semble alors le seul Lyonnais toujours en vie. Et si, à force, les Roumains finissent par avoir sa peau, l’OL lui doit de pouvoir encore de croire à la qualification, ce qui valait bien un petit hommage. Même à titre posthume.
3. Christophe Jallet
On peut difficilement trouver recrue plus appliquée lorsqu’il s’agit de coller à la lyonnaise du way of life. Dress code tout droit sorti de chez Celio, fuite de Paris et de sa démesure pour mieux afficher son bonheur de retrouver un club et une ville à hauteur d’homme. Ne restait plus qu’à frapper l’imaginaire de Gerland en assurant la reprise d’un tube qui a le goût d’éternité entre Saône et Rhône. Quand on évolue sur un mètre de large et sur 100 mètres de long côté droit, pas la peine de chercher bien longtemps. Il n’y a qu’à rejouer à la même allure la montée extatique de Réveillère face au Real en 2006. Même relance de Coupet ou de Rose. Quelques combinaisons en moins, mais le buteur (Wiltord ou Malbranque) qui traîne déjà dans le coin pour jouer du relais. Pour que la course jamais ne s’arrête, il faut un geste d’exception, une talonnade de Yattara ou une passe lumineuse de Tiago. Un centre en retrait plus tard, on ne sait plus quel nom retenir tant la construction collective renverse le spectateur (25e). Manque encore les deux buts qui précédaient ceux de Wiltord en 2006 pour dérouler tranquille. Les Lyonnais n’en sont plus là depuis longtemps. Et Jallet n’a plus qu’à sauver ce qu’il peut, autrement dit sa propre prestation, à coups de montées et de centres qui pourraient valoir bien mieux s’il ne fallait patauger dans l’Astra time. L’électricité est toujours là côté droit, mais la grâce a foutu le camp tout autour. Il faudrait avoir l’épaisseur du joueur de club déjà prêt à porter le monde sur ses épaules pour pouvoir le sauver. Tout juste sorti du superband parisien, Jallet n’a, pour le moment, guère plus à offrir qu’un peu de sang froid. Celui du requin de studio.
4. Mohamed Yattara
Peut-être eut-il été judicieux de ne pas être bon ce jour-là. Parce qu’on (s’)entend déjà dire que le jour où l’OL placera son destin entre les pieds de Momo Yattara, il ne méritera guère mieux que de se faire fesser à la maison par un obscur club roumain. Ce jour est arrivé. Le même qui aura vu Yattara mettre au supplice un latéral brésilien grâce à un très bel enchaînement technique le long de la touche, quelques petites minutes avant de servir Jallet d’une talonnade géniale sur l’action du but lyonnais (25e). La vie est dégueulasse pour Yattara, déjà suspecté d’être au bon endroit au bon moment, à savoir le pire. Alors que le pire, c’est encore d’être à l’envers avec le bon Momo.
5. Bako Koné
Bako Koné finit par rentrer dans le Rank comme on l’a trouvé sur le terrain. Un peu par hasard, souvent en marchant et surtout faute de mieux. Il y a d’abord cette allure du défenseur à la ramasse dès que Budescu, cette merveille de meneur qui pourrait compléter la collec’ lyonnaise, croise ses passes pour trouver Fatai dans la profondeur. Le corps a son langage et celui de Bako nous dit alors que ces affaires-là ne l’ont jamais vraiment concerné. Après tout, il y a encore dix autres gars sur le terrain qui peuvent s’en charger si le cœur leur en dit. Cela pourrait être Gonalons. Washing Maxime se récite peut-être tout Léo Ferré, mais il ne joue plus sa partition : ballons oubliés plein axe, projections à contre-temps. Sur les côtés, les latéraux flânent trop haut pour ne pas y laisser une part de leur défense. Reste Rose plus Axel que jamais quand il finit par envoyer Appetite For Destruction sur le crâne de Fatai. Que l’OL sombre à ce point et on sait alors que ce qu’il reste de salut doit passer par Koné. Ce qui donne un tacle à la limite du miracle sur Fatai, bien parti pour s’enfoncer tout seul vers les buts (74e). Une tête aussi, qui reprend d’autorité un centre de Jallet et la barre plutôt que l’égalisation (90+1e). On l’accorde, ce n’est pas grand chose. Il n’en fallait pas plus pour quitter le terrain comme on se retrouve dans le Rank.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.
(Photo Frédéric Chambert – Panoramic)