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Bryan Pelé, le mythomane
- Publié le: 5 mai 2018
INCULTURE FOOT. Dans son best-seller Les grandes figures de la mythomanie sportive, le journaliste Pascal Praud aborde, après un long chapitre autobiographique, l’histoire d’Erwin Schulz. Cet attaquant allemand prétendait avoir marqué 2 803 buts durant sa courte carrière (1938-1945), un chiffre objet de fantasmes durant plusieurs décennies. Son procès tardif rétablit la vérité : Schulz avait inscrit la plupart de ses buts contre des équipes amoindries, à l’occasion de rencontres disputées dans des camps de concentration.
Plus connu du grand public, Stéphane Mouchetard s’est fait passer pour un ancien joueur du PSG afin d’être recruté par Newcastle : cet étudiant en fac de droit avait rejoint l’Angleterre en s’inventant une carte de visite riche de cinquante matchs de première division. Pour l’anecdote, Mouchetard évolua finalement à Paris en 2003, saison où Luis Fernandez l’aligna titulaire aux dépens de Ronaldinho.
Le Troyen Bryan Pelé aurait sans doute mérité une citation dans le sommaire. En 2004, lorsqu’il postula pour une place en centre de formation, le jeune Benjamin Brillant fit comme tout le monde : il truqua son CV.
– Un prénom américanisé
– Un nom emprunté à une légende de son sport
– La photo d’une bonnasse trouvée sur Google Images
– Une compilation de gestes techniques mise en ligne sur Youtube par son agent
Courtisé par une dizaine de clubs, il choisit Lorient, début d’une carrière marquée par le mensonge pour ce prétendu « milieu offensif » auteur de 10 buts en 90 matchs. Tout avait pourtant si bien commencé pour lui : lors de son premier match en pro, en Coupe de France, il avait réussi un quadruplé, deux passes décisives, un coup du sombrero sur le gardien et le record du monde du 5 000 mètres steeple. Cette rencontre, disputée sous la neige et par un vent glacial, fut diffusée sur Eurosport 3, à 17h25, avec un taux d’audience de 0 %. Aucun témoin ne put jamais authentifier cette performance, car les spectateurs présents ce soir-là moururent tous d’hypothermie.
Le joueur en garde une rancœur tenace. Il raconte son exploit à qui veut l’entendre : celui d’avoir été, l’espace d’un match, le meilleur joueur du monde. Bryan Pelé n’est que l’un de ces millions de footballeurs mythomanes, pour la plupart amateurs, sévissant partout en France. « Je serais passé pro sans cette blessure. » « En ce moment je suis caissier mais c’est temporaire, mon agent doit me rappeler. » « J’aurais gagné la C1 avec le PSG sans cette cheville fracturée. » Ne les blâmons pas.
Les entraîneurs mentent, eux aussi, en conférence de presse. À chaque mercato, des escrocs bernent des présidents de club en achetant avec de l’argent qu’ils n’ont pas des joueurs qui ne sont pas ce qu’ils sont. Quant aux supporters, ils affirment tous avoir été présents le jour du plus grand exploit de leur club – généralement un match nul obtenu après avoir remonté deux buts à l’OL. A qui faut-il donc faire confiance ? À personne, et sûrement pas en l’auteur de ce texte, mythomane convaincu, un écrivain sous pseudonyme ayant vendu plus de 24.000 exemplaires de son dernier roman.
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