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Bergougnoux : « Mon rêve, ce serait de rejouer à Lyon »
- Publié le: 22 mai 2013
#BERGOUGNOUX2014. L’été dernier, c’est lui qui appelait des agents. Et tous ne se pressaient pas pour lui répondre. Après une très belle saison en Ligue 2 sous le maillot de Tours, le téléphone de Bryan Bergougnoux sonne à nouveau. « Rien de concret pour l’instant. » Ce qui permet au moins de rêver encore un peu. Entretien avec un Gone. Pardon : Més que un Gone (*).
« On encense vite, on enterre vite »
Le coup franc de Grenier, tu l’aurais mis…
Je sais pas si je l’aurais mis, mais je l’aurais tenté. Ce qui est important, c’est qu’il le met au bon moment, parce que réduits à dix, ça aurait été presque impossible de revenir. Il n’y avait plus que les coups de pied arrêtés. Il avait le vent avec lui, il a envoyé une sacoche. Terminé.
Mais celui que tu mets à Dijon, c’est le même ?
Pour lui, le gardien sait qu’il va frapper. Moi je joue davantage sur la feinte centre. Mais après, la distance, c’est à peu près la même.
Et ce dixième but, t’as décidé d’attendre la dernière journée pour le mettre ?
Ouais, j’attendais la dernière journée et Monaco pour que les gens en parlent plus !
Quand on parle aux personnes qui t’ont vu jouer cette saison, on a l’impression qu’ils te découvrent. Comme si tout le monde t’avait enterré.
C’est le football qui est comme ça. Ça va tellement vite : on encense vite les joueurs, on les enterre vite. L’avantage, c’est qu’on peut refaire parler de soi rapidement !
« J’ai adoré jouer à Chypre ! »
Si les gens considèrent que tu es passé à côté de ta carrière (pour l’instant), quand est-ce que ça a déconné ?
Quand j’ai fait le choix de partir à Lecce. Ça m’a appris beaucoup de choses d’aller en Italie mais quand on ne joue pas, on ne peut pas marquer de buts et… La première saison, j’ai joué onze matchs et les deux suivantes je n’ai pas joué du tout.
En janvier 2011, tu pars à Châteauroux, tu marques 6 buts en 14 matchs, mais personne ne t’appelle.
Retour à Lecce. L’entraîneur avait changé mais c’était toujours la même direction. Donc toujours pas de match.
Au mercato 2012, tu vas à Chypre, à l’Omonia Nicosie. Avec le recul, est-ce que tu regrettes ?
Du tout ! Au contraire. J’ai adoré joué là-bas, j’avais des supporters extraordinaires. On a gagné la coupe de Chypre, ça m’a permis de jouer. Et si je fais une bonne saison cette année, c’est parce que j’ai joué beaucoup de matchs en quatre-cinq mois, entre le championnat et la coupe, ça m’a permis de marquer quelques buts et de retrouver un peu confiance. Là-bas, je jouais au milieu, 10 ou même 8, parce qu’il y avait des joueurs très très rapides devant, j’ai fait plus de passes que mis de buts d’ailleurs.
Tu t’es éclaté, sauf que personne en France ne fait attention à un mec qui a joué à Chypre…
Voilà. Ce qui est encore plus dommage, c’est que c’était pendant le parcours de l’Apoel (pour les amnésiques, ndlr). On a fini ex æquo avec eux, ce qui prouve bien que le niveau du championnat n’est pas si faible.
« Ça va peut-être m’aider à retrouver un club de Ligue 1. »
Alors comment tu t’es retrouvé à Tours ?
Par l’intermédiaire de mon beau-frère, Grégory Dutil, qui jouait Nîmes (aujourd’hui à Calvi, en CFA) et qui m’a mis en relation avec son agent. Au dernier moment (il signe le 31 août), Tours, qui n’avait pris qu’un seul point en cinq matchs, a cherché à créer un électrochoc dans l’équipe. Ils se sont dit : « Peut-être que Bergougnoux peut nous apporter. » Et, sans être prétentieux, je pense qu’ils ne regrettent pas aujourd’hui. (Tours a assuré son maintien dès la mi-avril et va terminer 9 ou 10ème)
Depuis février, tu es avant-centre, un poste auquel tu n’avais jamais trop joué.
À part en CFA et en jeunes, à Lyon. C’est bien, parce que je savais que je pouvais y jouer. Les gens en doutent toujours, ils se disent : « Non, c’est pas vraiment un attaquant, c’est un 10″ ou je ne sais quoi. Et puis je prouve que je peux jouer à plusieurs postes, c’est aussi intéressant, ça va peut-être m’aider pour retrouver un club de Ligue 1.
À part l’expérience, tu as quoi en plus aujourd’hui par rapport à 2009, quand tu as quitté la Ligue 1 ?
En Italie, j’ai énormément progressé au niveau tactique. J’ai appris à être plus efficace, à faire mal à l’adversaire plutôt que de me faire plaisir. Je n’ai pas joué, mais j’ai vraiment beaucoup appris au niveau du travail des attaquants. S’il y a des Di Natale qui marquent vingt buts par saison, c’est que là-bas, ils sont vraiment balèzes sur l’efficacité. En France, on va davantage se pencher sur l’aspect esthétique. Mais en Italie, le meilleur, c’est celui qui met le plus de buts.
« J’avais une mauvaise réputation »
Et en Italie, ils font jouer les trentenaires sans aucun problème…
C’est vrai. Mais en France, je pense qu’ils vont commencer à changer leur politique. Il y a beaucoup de clubs qui se sont aperçus qu’avoir des jeunes, c’est bien, on peut les revendre après, mais ne mettre que des jeunes, c’est très très risqué. Il y a toujours besoin d’une alchimie, avec quatre-cinq cadres expérimentés.
Et qu’est-ce que tu dis à ceux qui te trouvent 2-3 kg de trop ?
Je leur dis de venir courir avec moi ! Je suis toujours dans le trois-quatre premiers aux tests d’endurance, aux tests physiques. Je finis toujours bien mes matchs, j’ai mis tous mes buts en fin de match… L’important, c’est d’être efficace. Je fais le même poids que quand j’étais à Toulouse. Pareil, j’avais une mauvaise réputation : je sortais soi-disant tout le temps. Quand j’arrive dans un club, on me dit : « Putain mais c’est fou, on nous disait que tu sortais tout le temps. » Et ils s’aperçoivent que je ne sors pas du tout, que je suis toujours avec ma famille, mes enfants.
Pourquoi ? Parce que t’as une image de grande gueule ?
Peut-être. Après, cette image, elle est un peu en train de se casser. Les réseaux sociaux, j’étais complètement contre à la base et puis j’ai compris qu’avec Twitter, je pouvais, sans forcément chercher à donner une bonne image de moi, juste montrer ce que je suis vraiment. Je peux répondre, je ne suis pas dépendant de ce qu’on va écrire sur moi ou ce genre de choses. Je l’ai compris un peu tard, malheureusement.
« Abi va faire la Coupe du monde. J’en suis sûr »
Tu regardes tous les matchs de l’OL ?
Je regarde beaucoup de matchs de Lyon, de Barcelone, de Toulouse. Je regarde les gros matchs, mais surtout, je regarde mes potes : Abidal à Barcelone, Capoue, Sirieix et Braaten à Toulouse, Gignac, François Clerc, même si son maillot est un peu bizarre en ce moment… À Lyon, il n’y a plus grand monde : il reste Antho (Réveillère) et Rémy (Vercoutre), de l’époque où j’étais encore là, et c’est tout. Mais même si je n’ai plus un seul pote, dans vingt ans, je regarderai encore les matchs de l’OL.
On a même évoqué un retour d’Abidal, à l’OL. Tu ne veux pas venir rejouer avec lui ?
Je reviens avec plaisir jouer avec Abi. Je vais lui dire : « Si tu reviens à Lyon, mets-moi dans les bagages. » Malheureusement, sa maladie l’a un peu coupé dans son élan. Mais bon, je pense qu’il va faire la Coupe du monde. J’en suis sûr.
Toi, c’est quoi ton rêve ?
Mon rêve ? C’est ton hashtag ! Non, non. Mon rêve, ce serait surtout de rejouer à Lyon. C’est clair et net.
Quand tu as vu Malbranque revenir après une année sans jouer, enfiler le maillot de l’OL, est-ce que tu t’es imaginé ce qui se passait dans sa tête?
Bien sûr ! Je me suis dit : « Voilà, rien n’est impossible. » Ce genre de cas, ça n’arrive pas souvent. Mais ça me laisse une chance. Après, il faut que je travaille comme un malade, faut que je marque des buts, que je fasse des passes décisives, que je sois efficace. Montrer que c’est crédible. Il y a toujours des aléas. Mais si ça doit se faire, je serais le plus heureux du monde.
Propos recueillis par Pierre Prugneau
(*) Plus qu’un Gone, en référence au slogan catalan du Barça « Més que un club » (plus qu’un club)