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Bako, l’histoire désastre
- Publié le: 22 mars 2015
RANK’N’OL #S03E37. Quand Bako s’oublie, c’est Puel qui gagne en rappel (1-2). Quand Bako se déchire, c’est Gonalons et Gourcuff qui ramènent la déchirure de trop. Quand Bako est nul, même Rose paraît bon. Il a fallu que le Rank menace de se retrouver sans titre pour que Bako lui sauve la mise. On a beau tout prévoir, on n’anticipe jamais assez le mouvement désastre.
Le match : L’OL s’incline à onze contre Nice
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Maxime Gonalons
On en oublierait presque ce premier quart d’heure passé à jouer tout en déviations, à une touche, donnant aux premiers mouvements quelque chose de soyeux et tenant les Niçois pile à la distance qu’il faut – celle qui les sépare encore de la qualité technique lyonnaise. Les retours de Gonalons dans les pieds niçois sitôt la ligne médiane y sont pour quelque chose. C’est bien parce que les Aiglons l’ont compris qu’un tacle de Bauthéac finit par faire voler le capitaine lyonnais au quart d’heure. Le message est clair. Il y a deux ans, la marmaille niçoise s’était laissée aller à la fantaisie d’une après-midi enjouée avant de tout perdre sur une série de contres lyonnais (3-0). Cette fois, les Rouge & Noir reviennent avec des coups plein la besace. Plutôt que de se disperser, ils vont les balancer là où ça fait mal. Devant une défense trop incertaine pour ne pas craquer. Au niveau du jeu de transition qui fait la force du milieu lyonnais. Sur Gonalons. Si le capitaine manque de sortir sur le coup, il y laisse suffisamment d’intensité pour que le jeu de son équipe se mette à tourner à vide. Il sert encore les dents quand Gourcuff lâche à la première alerte (49e). Le meneur lyonnais est déjà ailleurs, muré dans une solitude qui confine à la paranoïa – sa sortie sent le règlement de compte mutique avec un staff qui l’a fait jouer contre sa volonté. Le genre d’état d’âme que Washing Maxime ne calcule plus au moment de tirer son pénalty (57e). Bien sûr, il lui manquera toujours ces quelques grammes de finesse au moment de décaler Cornet dans le temps additionnel. Reste que si les Niçois l’ont emporté cette fois, c’est en rendant sa douceur à Gourcuff pour mieux prendre la dureté de Gonalons.
2. Nabil Fekir
Dans un match où l’OL doit faire avec les moyens du bord, c’est encore Nabilon qui déborde. Parce qu’il n’y a que là que l’une des transmissions les mieux éprouvées cette saison (avec Jallet) fonctionne encore. Parce qu’il faut bien un pas de côté pour se mettre à l’abri de l’avis de tempête qui menace sur le versant Njie de l’attaque. Parce que, jeudi, Deschamps se demandait ce qu’il allait bien pouvoir faire de lui. À la 16e, Fekir pose une première double accélération qui scotche Amavi et ouvre le champ au plus imparable des centres. Encore faut-il que son partenaire du jour y soit, en retrait. A défaut de solution, c’est au moins une leçon pour la suite. Celle que Yattara a eu le temps de considérer en long, en large et en travers. Passe pour Nabilon (63e). La prise de balle est trop violente pour que le tacle de Palun qui suit ne le soit pas lui aussi. Penalty, de ceux qu’on ramasse désormais à Lyon comme Puel perd ses procès, à l’appel. Le rouge laisse croire que c’est la fin des ennuis. L’ennui, c’est qu’à la fin y a Bako. De cet échange lointain entre l’astre et le néant, on ne retiendra qu’une règle : l’Étalon tue le génie.
3. Christophe Jallet
Ces derniers temps, à mesure que l’OL s’est mis à piétiner, on a pu lui reprocher de ne pas avoir su être à la hauteur. Le spectre du joueur qui peine à se hisser au niveau de des grands événements a même fini par revenir à la surface. Avant que Jallet ne rappelle que la seule hauteur qui tienne renvoie à la sienne dans son couloir, soit toutes les fois où l’OL presse haut pour mieux se projeter dans la foulée. Le latéral ne rechigne pourtant pas à défendre, ce qu’il fait même plutôt bien, que ce soit ses têtes défensives au premier poteau sur coups de pied arrêtés adverses ou ses retours qui savent éteindre le feu (sur Eysseric, 34e). Reste que son équipe n’est jamais aussi bonne que lorsqu’elle n’a pas à défendre. Ce qui revient au mieux à conserver le ballon, au pire à le récupérer le plus vite possible. Jallet a bien tenté de maintenir son niveau d’engagement et de justesse pour tirer son équipe vers le haut – au propre comme au figuré. Encore fallait-il que l’équilibre entre les deux ne se mette à décliner avec Ferri. Puisqu’il n’y a plus de milieu et que de l’excès, Jallet y va alors de sa cover des montées cro-magnesques à Delmotte, avec ce genre de tir non cadré en bout de course (73e) qui tient autant de l’exaspération que du manifeste des enragés. Avant de convoquer un autre fantôme, celui de Toulalan, quand sa reprise plus nette et plus franche de la partie refuse toujours de rentrer (90e+5). On voulait en avoir le cœur net. Jallet en a fait la démonstration : la hauteur damne.
4. Mohamed Yattara
À force de l’éprouver chaque dimanche sur des pelouses incertaines et des synthés fatigués, le joueur de Ligue des Copains connaît la règle par cœur. On peut bien envoyer les plus beaux appels du monde, démarqué dans un océan de solitude à trois fois rien d’un duel avec le gardien adverse, c’est encore au meilleur joueur de l’équipe qu’il revient de filer la chique quand il faut faire la différence. Ce que le joueur de Ligue des Copains ne savait pas, c’est que cette règle pouvait surgir de façon aussi flagrante, presque violente, au plus fort d’un match de Ligue 1. 53e minute, Lopes dégage à l’aventure. Rentré quelques minutes plus tôt, Yattara hérite du ballon plein axe. Face à lui, Njie lance son appel, seul, la Promenade des Anglais grande ouverte face à lui. Momo fait comme s’il n’avait rien vu. Sans doute parce qu’il a trop vu depuis le banc la pagaille semée par le funk à Clinton toute la première mi-temps. Peut-être parce que, comme tous ceux qui ont un peu de ballon, il sait que c’est encore la seule façon de ménager celui qui en a tant manqué jusque-là. Tout simplement parce que c’est Fekir qui, au milieu de trois Niçois, le sollicite plein axe. Yattara sait ce qu’il lui reste à faire : le plus mauvais choix à l’exception de tous les autres. Ce qu’il est lui aussi un peu, au fond.
5. Lindsay Rose
L’histoire retiendra peut-être que c’est au fond du trou qu’on a fini par voir un peu d’avenir en Rose. On est prêt à reconnaître que l’absence d’Umtiti y tient une part au moins aussi importante que la présence de Koné. Raison de plus pour se dire qu’on tient le premier match où Rose a pu exister pour ce qu’il est. Soit un central plutôt redoutable dès qu’il faut s’embarquer au duel. D’autant plus qu’il fallait bien ça dès lors que le match a tourné à la course poursuite, avec la menace du contre qui plane sur chaque offensive portée en nombre. À ce jeu, Rose a assuré les arrières de l’OL comme il sait le faire. Sans fioriture mais sans pesanteur non plus. Le retour sur Pléa, parti en solo (42e), aurait pu mal se finir sans ce mélange de vitesse, de puissance et de rage qui fait la différence. Soit précisément tout ce qui peut manquer à Bako dans les situations analogues. Ce qui, cette fois pas plus que les autres, n’a empêché le Christophe Rocancourt de la défense lyonnaise de faire la différence pour la course au titre. Du Rank, pour l’instant.
Par Serge Rezza
Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.
(Photo OGC Nice)