Armor luck

RANK’N’OL #S02E50. Si l’OL a laissé beaucoup de points en route cette saison, ceux ramenés de Guingamp (0-1) sont une petite revanche sur le destin. Pas réellement arrachés avec le cœur, encore moins mérités, ils permettront au moins aux Lyonnais de pouvoir regarder les Stéphanois les yeux dans les yeux le week-end prochain. Et même d’en être fiers, en attendant.

Olympique Lyonnais

Lacazette, l’attaquant qui, plutôt que d’avoir mal, préfère encore faire mal. (Photo Nolwenn – FEP / Panoramic)

Dimanche 23 mars 2014, 30e journée de Ligue 1

En Avant Guingamp – Olympique Lyonnais 0-1

But : Gomis (46e).

OL : A. Lopes – Miguel Lopes,  Bisevac (Sarr, 67e) , B. Koné, Dabo (Tolisso, 67e) – Ferri (avert. 13e), Gonalons (cap., avert. 50e), Mvuemba – Malbranque (Gourcuff, 82e) – Lacazette, Gomis. Entr. : Rémi Garde. (+Vercoutre, avert. 51e)

Olympique Lyonnais

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Alexandre Lacazette

Le coup du terrain laissé à la limite du vague est une bonne idée pour qui veut faire mal à l’OL et à son jeu qui passe par la possession. Avant d’en remettre une couche en envoyant le grand Diallo finir le boulot commencé à l’aller sur Gonalons. Les muscles qui lâchent, les pommettes qu’on enfonce et la cheville qui finit en vrac, ça ressemble de loin à un inventaire à la Chester Himes, juste après la baston. On sait bien que lorsqu’il se met à pleuvoir des coups durs, qu’il s’agisse d’un bouge de Harlem ou d’une partie disputée sur terrain pourri, il ne reste de place que pour les types les plus forts. Ed Cercueil et Fossoyeur d’un côté et Alexandre Lacazette de l’autre. Suffit de voir Mou Dabo sortir sur une civière (66e) pour se rappeler du monde tel qu’il tourne chez le maître du roman noir américain. Où on lâche ces histoires de lutte des classes pour s’en remettre à cette autre opposition, entre les victimes et ceux qui s’en sortent. Ce qu’a compris l’attaquant qui plutôt que d’avoir mal préfère encore faire mal. Quitte à jouer des coudes sur ses premières accélérations avec sulfatage en règle dès qu’une fenêtre s’ouvre (10e). En face, les gars s’en souviendront et y réfléchiront à deux fois avant de revenir mettre des coups. Lacazette y gagne un peu plus de place, celle qui pouvait manquer jusque-là et envoyer son centre à l’arrêt pour Gomis (46e). Comme pour mieux rappeler qu’avec ses manières de gars élevé à la garra charrùa, l’Amérique commence sur les terrains de Mermoz.

Olympique Lyonnais2. Anthony Lopes

Ça aurait pu tout bêtement être l’histoire d’un type né à Givors et qui finit à Lyon, ce qui suffirait à en faire un enfant béni des dieux. Mais c’est plus que ça. Anthony Lopes a fini sa formation dans l’ombre de Mathieu Gorgelin avant de profiter du prêt (foireux) de son camarade pour revenir en grâce à Tola Vologe. Il a ensuite bénéficié de la blessure (à l’entraînement) de Rémy Vercoutre une veille de Derby pour se faire une place de numéro un. Et même quand son corps le lâchait, c’est encore aux boulettes de son aîné qu’il devait l’arbitrage de son coach en sa faveur au moment de trancher la question du titulaire. On pourra toujours épiloguer sur les notions de talent et de mérite, il y a bien longtemps qu’on sait qu’elles ne servent à rien sans un coup de pouce du destin. On préférera en conclure qu’Anthony Lopes est un mec qui a eu de la chance et qui a su la saisir. Mais, mieux encore, qui a eu le bon goût d’en faire profiter tout le monde.

Olympique Lyonnais3. Steed Malbranque

Pas la peine d’envoyer Gourcuff dans ce Roudourou pour les durs quand la moindre passe saute déjà dans les pieds et que les taquets appellent l’envoi au tapis. Yoyo aime bien la Bretagne, mais il préfère encore la lumière des projecteurs aux néons de l’infirmerie. Habitué à batailler dans ces matchs du ventre mou de Premier League tout juste bons à maintenir en éveil un pub d’une ville sordide du Nord de l’Angleterre, Malbranque en a vu d’autres. Passée la tentative des vingt premières minutes, l’idée de défendre en tenant le ballon ne tient déjà plus debout. La preuve, les mecs sont déjà presque tous par terre. Alors on exhume ces quelques principes sur lesquels José Broissart a fondé la formation à la lyonnaise : « Ne rien lâcher, courir le plus longtemps possible et surtout ne rien lâcher. » Le reste, c’est de la poésie : une balle piquée pour Mvuemba au milieu de la défense (23e) ou un grand pont pour lancer un contre (42e). Avec le retour attendu de Gourcuff, Malbranque ne jouera peut-être pas le Derby. Il aura au moins rappelé où il se joue.

Olympique Lyonnais4. Miguel Lopes

On peut débarquer avec une tête éméchée, un suçon tatoué dans le cou et croquer un supplément d’éternité en balançant « Je ne savais pas que les attaquants allaient tous très vite en L1″ (L’Équipe), rien ne vous empêche de finir dans la peau du défenseur le plus sérieux de la journée. Certes, il a fallu du temps pour maîtriser les premiers rudiments du métier, mais ça commence à rentrer. Plutôt que de finasser les relances au risque de les renvoyer, comme Bisevac, aux Guingampais, ou de laisser un ballon aérien flotter jusqu’à Bako, mieux vaut encore balancer tout ça, en touche, en corner, derrière les tribunes. Partout, sauf sur le terrain. Après tout, il est déjà assez cabossé comme ça et comme les gars d’en face sentent le goût du sang au moindre contre qui s’amorce, on n’ira pas reprocher au latéral droit lyonnais d’avoir senti le sens du match. Jusqu’à lâcher la mélodie aux mille passes pour déclencher la symphonie héroïque, celle qui se joue en serrant les dents quand la cheville est en train de lâcher. Miguel s’accroche, tient bon, résiste. Dire qu’on avait cru qu’il ne savait pas défendre. C’est juste qu’il attendait d’y être obligé. En dernier défenseur.

Olympique Lyonnais5. Bafétimbi Gomis

Quand Garde en est réduit à chercher du défenseur central dans les tréfonds d’une génération creuse de son centre de formation, on aurait presque envie de lui souffler qu’il a déjà un profil intéressant sous la main. Mais il faut se rendre à l’évidence : la vanne est méchante. Pour Bisevac, Koné et Sarr. Parce que si aucun des trois ne défendra jamais comme Edmilson, ni ne relancera comme Cris, on ne leur fera pas le procès de la mauvaise volonté. Longtemps, souvent en tout cas, Gomis a été convaincant par son acharnement à tanner ses adversaires – quitte à ne jamais en profiter. Ou encore pour sa capacité à renvoyer de la tête un ultime corner hostile histoire de faire souffler ses partenaires. On ne se vantait pas d’être gomissophiles dans les soirées en ville, mais on n’hésitait pas à venir son secours quand le sujet venait sur la table. Sauf que les choses ont changé. Le départ en bout de contrat peut encore passer pour un bras d’honneur à Aulas, même pour ceux qui n’ont pas oublié les six premiers mois de 2013. Mais la métamorphose en un attaquant qui joue pour lui et ne saute même plus dans les duels est un peu plus dure à excuser. Surtout qu’il ne ressemble pas à l’OL actuel, celui qui joue (souvent) bien et surtout qui ne lâche (jamais) rien. Le Rank a beau avoir des principes, il sait plus que tout autre que l’important, c’est les trois points. Quitte à gagner un match de manière dégueulasse, autant faire appel à un expert.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon

Commenter

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>