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Alexandre Lacazette décisif à l’aller comme au retour : et les autres comebacks à l’OL ?
- Publié le: 21 juin 2024
AUCUN LIEN AVEC JACEK. Alexandre Lacazette devrait encore être Lyonnais la saison prochaine. Une bonne nouvelle pour l’OL, tant l’attaquant de 33 ans est l’exemple même d’un retour à la maison réussi. Un retour sur les principales occurrences des années 2000 montre que le concept, qui peut tour à tour sembler de bon sens, une preuve de manque d’idées ou une incarnation de « l’ADN OL » est pourtant loin d’être systématiquement fructueux.
info @lequipe
Alex Lacazette a décidé de son avenir: l’attaquant a choisi de RESTER à l’OL. Malgré l’offre saoudienne (près de 30M€ net étalés sur 2 ans), le capitaine lyonnais préfère rester encore un an dans son club pour y jouer la Coupe d’Europe. https://t.co/4BNzzHgr53— hugo (@hugoguillemet) June 19, 2024
Patrick Müller, de la Suisse dans les idées
Janvier 2006, Caçapa est sur le flanc. Pour le suppléer, l’OL choisit un ancien, parti pas si longtemps auparavant. Patrick Müller, auteur du but de la victoire en Coupe de la Ligue (2001) et triple champion de France (2002, 2003, 2004) a quitté le club 18 mois plus tôt. Après une demi-saison à Majorque, l’international suisse s’était replié sur Bâle, où il a gratté un titre de champion de Suisse. Taulier de la défense lors de son premier passage, il joue davantage les joueurs d’appoint à partir de 2006. Régulièrement blessé lui-même, il réussit un dépannage globalement honorable, avec en point d’orgue un chef d’oeuvre de défense en anticipation contre le Real Madrid en phase de poules à Gerland en 2006 (pas le 3-0, le 2-0) et repart avec trois titres et une coupe de France supplémentaire, qu’il incarne toutefois nettement moins que ses quatre premiers titres lyonnais.
Steed Malbranque, années Rank’n’OL
En 2011, après dix ans en Angleterre, Steed Malbranque signe à Saint-Étienne. Il n’y jouera que 30 minutes, résiliant son contrat dès le mois d’août. Pour lui, 2011/12 sera sabbatique. A l’été 2012, il rejoint l’OL, d’abord pour garder la forme avec la CFA « et peut-être revenir sur le marché du football ». Le 25 août, il re-signe pour un salaire modique, a priori pour étoffer le groupe. Ses premiers mois sont magiques : il devient vite un taulier, au point que son nom est même évoqué en équipe de France. Dès la phase retour, ses performances se font moins impressionnantes, mais il restera quatre ans à l’OL, et sera l’une des figures marquantes de l’ère Garde, titré au Rank’n’OL en 2013 par le prestigieux Libéro Lyon. Par son caractère inattendu et le lien qu’il représente entre les générations Caveglia et Lacazette, ce retour était sans aucun doute le plus réjouissant (le pied de nez aux Verts ne gâchant rien), jusqu’à ce que Lacazette vienne le challenger.
Le retour de Malbranque à Lyon restera un souvenir parfait : une passion intense et furtive avant de se quitter en douceur et bons amis. https://t.co/Pwyj4HlxpF — Pierre Prugneau (@Prugneau) January 6, 2017
Tanguy Ndombele, mauvais retour à la maison pour Tanguy
Pas de réelle inspiration ici. Et peut-être, au contraire, une paresse coupable. Durant le mercato d’hiver 2022, l’OL cherche des sous. Au terme d’un mercato éprouvant pour les supporters lyonnais, il est décidé de vendre Bruno Guimarães à Newcastle le 30 janvier. Dans la foulée, l’OL annonce le retour sous forme de prêt de Tanguy. L’astuce n’est pas si mauvaise : une part non négligeables des sympathisants du club gardent un bon souvenir du joueur, parti deux ans et demi plus tôt. Mais la greffe ne (re)prendra pas. Ndombele montre très épisodiquement que c’est toujours un joueur instinctif capable de fulgurances, mais rappelle surtout le peu d’effort qu’il est prêt à consentir sur les phases sans ballon. Une limite récurrente sans doute accentuée par le fait qu’il n’est là que pour 6 mois et que la saison lyonnaise ne lui offre pas grande raison de se dépouiller (en particulier après la gifle contre West Ham le 14 avril, qui laisse l’OL sans réel objectif pour finir la saison). Un tel profil n’était finalement par idéal pour remplacer l’activité de mort de faim de Guimarães…
Alexandre Lacazette, satisfaction générale
Après une année 2021/22 ratée dans les grandes largeurs (8e de L1), Jean-Michel Aulas reconnait à demi-mot que tout n’est plus si parfait dans son club. Son plan, pour repartir de l’avant : placer de nouveau l’ADN OL au coeur du projet. L’OL annonce rapidement la signature de Lacazette. Décisif lors du dernier trophée remporté par l’OL, enfant du club, il a clairement le profil de porte-drapeau de cette logique. Sportivement, l’utilité de Lacazette pour un OL en pleine décrépitude semble évidente. Il y a des coups à prendre, malgré tout. Dans le foot, les retours au bercail n’ont pas la réputation d’être systématiquement réussis. De plus, Lacazette reste sur une petite année en termes de statistiques avec Arsenal (6 buts en 36 matchs) : quelques sceptiques, essentiellement des supporters d’autres clubs, pronostiquent un bide. Une hypothèse d’autant plus envisageable que l’OL des années 2020 est une machine déréglée susceptible de gâcher les bonnes idées et les bons joueurs. Lacazette échappera à la règle. Dès sa première année, il atteint le record de buts marqué dans une saison par un joueur (27 buts, record qu’il détenait déjà). La performance est d’autant plus méritoire qu’elle prend place dans un collectif totalement oubliable. Inutile de revenir sur son rôle essentiel dans la folie de la saison 2023/24. Avec 53 buts plantés en deux saisons (+ neuf passes décisives), son retour est une incontestable réussite. Revenu pour replacer un OL médiocre sur l’échiquier européen, alors qu’il avait certainement quelque option plus lucrative, il aura largement contribué à remplir cet objectif. Prochaine étape, un nouveau trophée ? Dans un registre plus individuel, il a d’ores et déjà dépassé Bernard Lacombe au nombre de buts marqués sous le maillot lyonnais, devenant seul deuxième meilleur buteur de l’histoire lyonnaise. Et le meilleur buteur de l’histoire du club, Fleury Di Nallo, n’a plus qu’une quarantaine de buts d’avance…
Alexandre Lacazette – 2023/2024
The Last Dance@LacazetteAlex pic.twitter.com/R3FxVg47gP
—(@lafodance) June 3, 2024
Corentin Tolisso, l’intention était bonne
Parti et revenu en même temps que Lacazette, Coco souffre de la comparaison. Son exil aura été plus fructueux que celui de son camarade (neuf titres majeurs avec le Bayern, dont une Ligue des Champions, et la Coupe du monde 2018 avec les Bleus). Mais son retour est nettement plus poussif. Alors que sa fin de mandat au Bayern avait été marqué par les blessures, beaucoup s’inquiétaient de possibles passages récurrents à l’infirmerie. Ce ne sera pas vraiment le problème : en deux saisons (sans coupe d’Europe), il participe à 63 matchs. Tolisso joue, mais il ne retrouve pas son niveau des années 2013-2017. Son attachement au club, et son désespoir de le voir sombrer à l’automne 2023, ne font aucun doute. Mais si les bonnes intentions sont là, deux ans après son retour, il devient de plus en plus difficile de le voir dans un rôle de taulier (dans le sens de « titulaire indiscutable »).
Rémy Riou, cantonné au banc
C’est un retour qui n’en est pas vraiment un : quand Riou est recruté, le même été que Lacazette et Tolisso, il apporte un peu « d’ADN OL » dans le sens où il a été formé au club, mais il n’y a jamais joué en pro. Sa carrière, honorable, s’est jouée ailleurs (en particulier à Nantes). L’affaire est d’autant plus symbolique qu’il revient officiellement pour faire troisième gardien, derrière Lopes et Pollersbeck (fouillez votre mémoire, ce gardien a bien joué à l’OL). Riou dépassera un peu cette fonction, le portier allemand quittant l’OL dès le mois de janvier suivant, et Lopes lui offrant, à travers ses suspensions et blessures, l’occasion de jouer une dizaine de fois, pour des prestations globalement ni géniales, ni catastrophiques, mais dont le moment le plus mémorable restera malheureusement une relance coupable lors d’une défaite contre Montpellier (1-4) en août 2023. Si un joueur formé à l’OL sans y avoir joué devait revenir (Georges Mikautadze par exemple), on lui souhaitera davantage de suivre les traces d’Alain Caveglia, dont le « retour » à l’OL a nettement plus marqué les esprits, à la fin des années 90.
Dejan Lovren, Yougo back
Six mois après Lacazette, Tolisso et Riou, c’est une nouvelle pierre à l’édifice ADN OL voulu par Aulas. Lovren n’est certes pas formé à l’OL, mais il y a gagné le dernier trophée du club. Laurent Blanc veut un taulier en défense, car Jérôme Boateng, Damien Da Silva et autres Thiago Mendes peinent à faire la maille au côté de Castello Lukeba. Lovren sera ce taulier. Parti en 2013, il revient auréolé notamment d’une Ligue des champions, gagnée avec Liverpool. Pour le coup, sa première demi-saison fait office de réussite (dans une période malheureusement sans grand intérêt sportivement pour l’OL). Sur le terrain, s’il fait parfois son âge, il assume aussi clairement le rôle de leader et marque même un but lors de la seule victoire réellement mémorable de la saison, 5-4 contre Montpellier. La suite se détériore rapidement. Blessé, il rate le début de saison 2023/24. Son retour à la compétition a été perçu comme une bonne nouvelle pour relancer la machine lyonnaise dans le courant de l’automne. Si le discours et l’attitude du Croate restent volontaires, il apparaît de plus en plus dépassé en compétition. Quasi pas utilisé lors de la phase retour, parfois même sorti du groupe, Lovren semble, 18 mois après son retour, ne plus avoir d’avenir à l’OL.
Eloi Pailloux