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12 février 1967, OL – ASSE (2-0) : un derby à Annecy
- Publié le: 12 février 2017
ÉPHÉMÉRIDE. Le 12 février 1967, l’OL s’impose 2-0 contre l’ASSE en seizièmes de finale de coupe de France. Un match qui reste dans l’histoire comme le seul derby disputé ailleurs qu’à Lyon ou Saint-Étienne, et comme le derby à l’origine d’une sombre histoire de carottes…
Il y a évidemment Geoffroy-Guichard, Gerland et, depuis octobre 2016, le Parc OL (où Lyon affiche un insolent 100% de victoires !). Et puis il y a l’autre, le quatrième stade à avoir accueilli le derby entre l’OL et l’ASSE. Le 12 février 1967, c’est en effet le Parc des Sports d’Annecy qui a cet honneur.
La raison ? Les deux équipes ont été tirées au sort pour s’affronter en 16e de finale de la coupe de France. Or, nous explique l’historien du sport Paul Dietschy, selon le règlement synthétisé dans le Livre du cinquantenaire de la Coupe de France 1917-1967, il est spécifié qu’à partir de « la compétition propre », c’est-à-dire des 32e de finale, les matchs se disputent « sur un terrain neutre choisi par la Commission (d’organisation) ». Celle-ci a donc choisi la préfecture de Haute-Savoie pour recevoir ce match entre les deux rivaux rhônalpins, qualifiés après avoir battu Toulon à Marseille pour l’ASSE (1-0) et les amateurs de Saint-Dizier à Chaumont pour l’OL (3-1) au tour précédent, déjà disputé sur terrain neutre. Gerland n’était d’ailleurs pas resté inutilisé pour les 32e de finale, puisque Ajaccio y avait éliminé Metz.
Avant le derby aller en championnat (remporté 3-0 par l’OL à Gerland), Louis Hon (premier joueur français à avoir évolué au Real Madrid, et dont c’est là la première expérience en tant qu’entraîneur en France après sept saisons à Santander, au Celta Vigo et à Sarragosse) présente son équipe.
Malgré leur défaite à Gerland en championnat en octobre, les Stéphanois font figure de favoris de cet affrontement en Coupe. En tête du championnat depuis début décembre, l’ASSE ne lâchera pas son fauteuil de leader et remportera son troisième titre de champion de France à la fin de la saison. Après le match, Fleury Di Nallo ne se fait d’ailleurs pas d’illusions sur les motivations des 14.692 spectateurs présents : « Il ne faut pas se leurrer. Les gens avaient fait le déplacement pour voir Saint-Étienne, pas pour voir Lyon. »
« Il ne faut pas se leurrer. Les gens avaient fait le déplacement pour voir Saint-Étienne, pas pour voir Lyon. » Fleury Di Nallo
« En défense, les Lyonnais, s’ils ne sont pas techniquement des footballeurs remarquables, surent toujours trouver la ressource nécessaire pour contrecarrer les velléités adverses. Avec de la conviction et de l’enthousiasme, ils s’imposèrent au fil des minutes. Ils étaient là pour gagner.
Les spectateurs peuvent leur tenir rigueur du manque de spectacle, mais il fallait pour Lyon choisir : tomber en beauté devant un adversaire en principe supérieur, ou bien sacrifier le jeu pour le réalisme. L’équipe de Louis Hon choisit cette deuxième solution. Peut-on le lui reprocher ? »
Non, puisque l’OL finira par faire chuter l’ASSE 2-0, dans une rencontre terminée à 10 contre 10 après la double expulsion de Bernard Bosquier (Saint-Étienne) et André Perrin (Lyon), grâce à des buts de Fleury Di Nallo en première période et d’Ángel Rambert en toute fin de match.
Le Franco-Argentin Rambert était d’ailleurs l’homme de ce derby pour le journaliste de France Foot, qui le qualifie de « maître à jouer de l’équipe lyonnaise, moins forte, certes, que sa rivale en individualités de marque, mais plus combative et plus acharnée » et qui loue sa capacité à bonifier les rares ballons exploitables en contre-attaques : « En ralentissant sciemment le jeu, ou en lui donnant le petit coup indispensable d’accélérateur, il sut envoyer Di Nallo surtout et Perrin en territoire ennemi. L’attaque lyonnaise, composée au maximum de trois joueurs, Rambert en retrait, Di Nallo et Peyroche (sic) en pointe, sema constamment le danger au sein d’une défense stéphanoise supérieure numériquement. »
« Il n’y a vraiment que des gaillards de la trempe de Rambert pour réaliser des buts pareils ! »
Une victoire surprise de l’OL qui ne passe pas du tout chez les Verts. L’entraîneur de l’ASSE Jean Snella s’en prend ainsi après le match à la tactique défensive des Lyonnais, en déclarant à la presse : « À trop jouer la carotte, Lyon n’ira pas très loin en coupe. Lyon est une équipe qui ne sait que défendre. » Son homologue lyonnais Louis Hon réplique du tac au tac : « Au moins nous irons plus loin que Saint-Étienne en coupe. »
« À trop jouer la carotte, Lyon n’ira pas très loin en coupe. Lyon est une équipe qui ne sait que défendre. » Jean Snella
Au fait, jusqu’où est allé l’OL après cette qualification ? Les Lyonnais tenaient visiblement à donner tort à Snella. Ils finiront en effet par remporter la coupe de France 1967, la deuxième du club trois ans après celle de 1964, au terme d’un parcours encore riche en histoires. En demi-finale, l’OL élimine ainsi Angoulême…. à pile ou face (les matchs nuls étaient à l’époque à rejouer, et les deux équipes n’avaient pas réussi à se départager malgré trois confrontations), tandis que la finale restera dans l’histoire pour la célèbre photographie du général De Gaulle renvoyant sur la pelouse un ballon dégagé en tribune présidentielle par le Lyonnais Hector Maison. Une image insolite qu’on n’aurait jamais vue sans un grand Rambert et un terrain boueux à Annecy trois mois plus tôt.
Hugo Hélin, avec l’aide précieuse de Mémoires de l’ASSE
(Photo l’Équipe)