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Umtiti, Tolisso, Lacazette : une fierté lyonnaise
- Publié le: 10 juillet 2017
HUMEUR. Ils s’appellent Alexandre, Corentin et Samuel. Ils sont nés à Lyon ou alentour, ont grandi à l’OL et portent aujourd’hui les couleurs des plus grands clubs du monde. Dans le Rhône, loin de l’amertume et des regrets, on les regarde désormais avec amour et fierté.
Corentin Tolisso et Alexandre Lacazette cette année, Samuel Umtiti l’an dernier, et tant d’autres avant eux, avec Karim Benzema en chef de file : chaque année, comme des ados qui quitteraient le foyer familial pour Paris, les meilleurs jeunes de Tola Vologe prennent leur envol pour les sommets de l’Europe. Après quelques années à conquérir les cœurs des Lyonnais, les enfants du pays finissent toujours par partir vers des contrées plus belles, plus riches et plus ambitieuses.
Du côté des supporters, pourtant, jamais d’amertume, jamais de regrets. Au contraire, c’est avec une infinie bienveillance et une immense dose d’amour que les Gones disent au revoir à leurs idoles, avec l’espoir de les retrouver un jour ailleurs, sous le maillot d’un adversaire ou en demi-finale de l’Euro sous la tunique bleue. Face au départ de leurs pépites, et donc à l’affaiblissement de leur équipe, cette réaction quasi-unanime des Lyonnais peut surprendre.
L’orgueil à la lyonnaise
Les Lyonnais sont des gros cons, il parait. Orgueilleux, fermés, sectaires, méprisants : les qualificatifs ne manquent pas, et on pourrait presque croire que le Lyonnais est juste un Parisien qui vit dans une plus belle ville. Mais ce qu’aime le Lyonnais par-dessus tout, c’est avoir raison. Ou plutôt, c’est de donner tort à ses détracteurs.
Depuis maintenant quasiment 10 ans, l’Olympique Lyonnais arrose le monde de joueurs de talents formé chez lui. Chaque année, les Gones inondent les réseaux sociaux d’éloges à propos de leurs jeunes, essuyant critiques et scepticisme. « Surcoté », « Incapable de marquer contre les gros », « il se prend des claques par sa copine » : a-t-on déjà vu un jeune Lyonnais percer au plus haut niveau sans que l’on accuse les Gones de « trop en faire » sur leurs jeunes ?
Dès lors, quand Samuel Umtiti a ébloui l’Europe avec le Barça, lorsque Karim Benzema a soulevé sa troisième Ligue des Champions, ou plus récemment en voyant Corentin Tolisso poser avec le maillot du Bayern, le Lyonnais éprouve un grand sentiment de fierté : il a raison. Son poulain était effectivement un prodige, n’en déplaise aux sceptiques et aux ironiques.
@AFCAcademy Lacazette, no thank you. Remy can be suit better imo
— Groover (@GrooverBlog) March 30, 2014
Si la signature de Lacazette se confirme, c'est très positif. Le négatif, c'est qu'on va manger 3 mois de compil avec le maillot lyonnais
— Groover (@GrooverBlog) July 3, 2017
Une question de lucidité
« Mais pourquoi les Lyonnais sont-ils contents de vendre cher leurs joueurs ? », demandait en substance Daniel Riolo dans un édito à charge contre une supposée béatitude du côté des Gones. Ce n’est pas vraiment le prix de vente qui intéresse les supporters, mais la valeur accolée à leur pépite. Le Lyonnais n’est pas un grand rêveur, et laisse vite la réalité le rattraper.
A l’heure actuelle, l’OL ne peut pas retenir ses pépites éternellement. Le supporter le sait, et c’est pour cette raison précise qu’il n’en veut pas à ses héros de s’envoler vers des clubs qui pourront leur apporter le succès qu’ils méritent. Partant du constat qu’un départ est inexorable, les supporterts lyonnais veulent que leurs poulains aillent le plus haut possible, qu’ils attirent au maximum la lumière. 25M€ pour Umtiti ? Pas assez ! Le fossoyeur de Ménival valait bien plus que ça, et sa saison au Barça le prouve ! 60M€ pour Lacazette ? Ah, voilà, là, c’est un prix à la hauteur du talent du buteur lyonnais.
Le Lyonnais n’est pas un banquier, il est simplement lucide sur le statut de son club et sur son avenir. Peut-être qu’un jour l’OL sera en mesure de rivaliser avec les plus grandes puissances européennes, et les Gones pourront alors en vouloir à leur club de laisser filer ses piliers pour quelques billets. Aujourd’hui, la réalité est autre : l’OL ne peut pas offrir à ses pépites un challenge à la hauteur de leur talent, et les supporters le savent.
"Gneu gneu gneu vos joueurs surcotés du centre de formation là, ça va finir à Stoke City tout ça" pic.twitter.com/DYFMDm1vSD
— Antho'o (@AnthooAlgodon) July 5, 2017
Une spécialité de chez nous
Mais alors pourquoi le Lyonnais force-t-il autant avec ses jeunes ? Pourquoi le Rhône part-il en hystérie collective lorsqu’Houssem Aouar foule la pelouse, ou qu’Amine Gouiri claque but sur but à l’Euro U17 ? La raison est simple : le cas de l’OL est unique en France, et seuls les Lyonnais peuvent se targuer d’avoir autant de joueurs locaux qui percent au plus haut niveau.
Si d’autres clubs français possèdent également un centre de formation de qualité (Rennes, voire Paris plus récemment), très peu peuvent se vanter d’avoir autant de jeunes issus de la ville même où évolue leur club. Nabil Fekir, Corentin Tolisso, Alexandre Lacazette, Karim Benzema : avant d’être des grands joueurs de foot, ce sont avant tout des « gars de chez nous », qui viennent de nos quartiers, qui ont étudié dans nos écoles. À Lyon, tout le monde connaît « un gars qui connaît » Nabil, Alex, Antho, Coco, Maxime, Sam, Loïc, Sidney ou Karim. La capitale des Gaules est suffisamment grande pour que l’Académie soit toujours pleine de talents locaux, et suffisamment petite pour que personne n’y soit vraiment anonyme. C’est bien là que Lyon est si particulière.
En France, Lyon est un cas à part. L’OL est le seul club où l’histoire du club a été en partie bâtie par des joueurs du coin et où l’avenir du club tient majoritairement à la richesse de son réservoir régional. Di Nallo, Domenech, Lacombe, Maurice, Giuly, Govou, Benzema, et plus récemment Gonalons, Tolisso, Umtiti, Lacazette et Fekir : le vivier est infini, et les Gones n’ont pas fini de fatiguer tout le monde avec leur Académie. Aouar, Gouiri, Geubbels, Maolida et Caqueret n’attendent que ça.
(Photos Barça, Bayern et Arsenal)