Samuel Umtiti, la couverture qui tient show

Olympique Lyonnais

DÉCRYPTAGE. Samuel Umtiti va célébrer contre Bordeaux son 100e match de Ligue 1 à seulement 21 ans. L’occasion de se pencher en détail sur l’évolution du pilier de la défense de l’OL depuis deux saisons, qui a gagné en sobriété sans perdre son côté spectaculaire.

 

Il laisse toujours cette impression de familiarité confortable. Comme s’il avait toujours fait partie du décor. Mais on oublie trop facilement que Samuel Umtiti n’a encore que 21 ans. Lancé dans le grand bain par Rémi Garde un jour de janvier 2012 face à La Duchère, il n’est jamais ressorti de l’équipe depuis. À un âge auquel certains découvrent à peine le haut niveau, le défenseur né à Yaoundé et qui a grandi dans le 5e arrondissement affiche plus de 120 matches professionnels au compteur, C1 et C3 incluses.

Quand les joueurs offensifs explosent et émerveillent, on a tendance à attendre des prouesses similaires d’un défenseur, à un poste où la constance, l’expérience et la concentration sont des attributs que seule la répétition des matchs peut contribuer à développer. Autant d’éléments qui semblent aujourd’hui faire partie intégrante du jeu de Samuel Umtiti. Dans le sillon de plusieurs matches de patron cette saison, il frappe par sa capacité à enchaîner les performances et à stabiliser une défense centrale dont il est devenu la seule valeur sûre, plus encore depuis la blessure de Milan Bisevac.

S’il donne cette impression d’avoir franchi un vrai palier cette saison, difficile d’expliquer pour quelles raisons concrètes. Un passage au révélateur statistique s’impose.

 

L’émergence d’un défenseur-relanceur

C’est une vraie constante cette saison : l’OL est construit pour tenir et faire circuler le ballon, avant de placer des banderilles par l’intermédiaire de ses joueurs offensifs. L’importance des trois milieux bas du losange et des latéraux dans la construction nécessite que les défenseurs centraux et le gardien soient capables de relancer court et de manière précise, mais aussi de recevoir le ballon pour basculer le jeu de l’autre côté.

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Source : Squawka

Naturellement doué dans la transmission, Umtiti n’a fait que confirmer au fur et à mesure de sa progression qu’il était un relanceur de grande qualité. Tout indique qu’il prend confiance dans la relance et touche plus facilement ses partenaires : son taux de passes réussies est en progression, tout comme le nombre de passes tentées, mais également la longueur moyenne de ses passes (de 20 mètres il y a deux saisons à quasiment 23 cette année). Il n’hésite donc pas à prendre plus de risques et à allonger le jeu lorsque cela est nécessaire. Enfin, son nombre de passes vers l’avant est lui aussi en hausse constante.

Tout indique la maturation d’un défenseur qui n’hésite pas à être la première rampe de lancement de l’équipe. De tous les défenseurs centraux lyonnais, seul Bisevac réalise un nombre similaire de passes en moyenne dans un match. Rose comme Koné sont à un peu moins de 40 passes par match en moyenne, contre quasiment 50 pour Bisevac et Umtiti.

 

L’évolution vers un défenseur de couverture

Assez fréquemment utilisé comme latéral gauche à ses débuts, Umtiti affiche des statistiques défensives qui, à première vue, laissent perplexe. Sur ses trois saisons complètes avec le groupe pro, ses statistiques défensives clés sont… en baisse. Il réussit moins de tacles, moins d’interceptions, remporte moins de duels en un-contre-un, tandis que son taux de duels aériens gagnés diminue de quasiment 20 points !

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Source : Squawka

 

Cela peut cependant s’expliquer. Tout d’abord, en se fixant dans l’axe, il est moins impliqué dans des situations défensives typiques pour un arrière latéral, basées sur le duel pur. En outre, là où son gabarit lui permettait de dominer des joueurs excentrés dans les airs, il se retrouve plus limité dans l’axe par sa taille (1,81 m).

Mais, surtout, ces statistiques déclinantes indiquent une évolution du jeu du Fossoyeur de Ménival. D’abord attendu dans le combat physique, il a toujours été un joueur d’anticipation. Mais Umtiti a appris à évoluer et à mieux identifier les situations nécessitant d’aller au duel par rapport à celles faisant appel à son sens de la couverture. Plus propre, il réalise un nombre plus faible de fautes par match (de presque 1 en 2012-13 à 0,7 cette saison) – tâche qu’il laisse à Bisevac ou Koné, largement au-dessus de lui avec 1,25 fautes par match, ainsi qu’à Rose, 1,49 – mais aussi bien moins d’erreurs défensives que lors de sa première saison. En 2014-15, Koné a ainsi réalisé… cinq fois plus d’erreurs défensives par match qu’Umtiti, en moyenne (0,15 contre 0,03).

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Source : Squawka

 

À la recherche de l’âme sœur

Alors qu’Hubert Fournier reconnaissait, au lendemain de la qualification en Ligue des champions, la nécessité pour l’OL de se renforcer la saison prochaine, il semble légitime de s’interroger sur le type de profil qui viendrait le mieux compléter celui de Samuel Umtiti. Son association enfin fonctionnelle avec Milan Bisevac s’est effondrée en même temps que les ligaments croisés du Serbe, à un moment où les deux compères semblaient avoir atteint un point d’équilibre : l’un dans la couverture, l’autre dans les duels. Alors que Koné semble montrer ses limites semaine après semaine, que Rose reste irrégulier et que la récupération complète de Bisevac paraît encore lointaine, les recruteurs lyonnais pourraient être inspirés de chercher un complément idéal à celui qui s’est affirmé comme l’un des meilleurs à son poste en Ligue 1 cette saison.

Le Samuel Umtiti tout feu, tout flamme de ses premières saisons lyonnaises semble donc s’être lentement transformé. Il a fait fructifier son sens naturel du placement et sa capacité à lire le jeu, tout en gagnant en concentration. Son importance dans la relance et le jeu de possession lyonnais ne cesse de progresser. D’un joueur souvent dans l’opposition, il est devenu plus sélectif, dispersant moins son énergie de manière inutile. Plus complet et plus propre, il commet de moins en moins de fautes et d’erreurs.

Didier Deschamps ne l’a encore jamais convoqué chez les Bleus, même si aucun axial gaucher ne s’est encore vraiment imposé malgré une forte concurrence : Mamadou Sakho, Eliaquim Mangala, Jérémy Mathieu, Aymeric Laporte. On serait pourtant curieux de voir Raphaël Varane associé à Samuel Umtiti au moins une fois. Ou dix ans.

Étienne M.

(Photo Olivier Anrigo – FEP / Panoramic)

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