- OL : pourquoi les U17 et U19 souffrent-ils autant ?
- OL : l’équipe type de la Formidable Académie 2023-24
- Alexandre Lacazette décisif à l’aller comme au retour : et les autres comebacks à l’OL ?
- OL : de la descente en 2024 à la remontée en 2030, retour sur les cinq saisons de Ligue 2
- De quoi Karl Toko Ekambi est-il l’incarnation ?
- Le problème de l’OL est de couler trop lentement
- Tuto : comment devenir insider OL, même depuis Charleville-Mézières
- « Truc le plus américain que j’ai vu de ma vie »
Rijeka – OL : Pléa soigne l’indice CFA de la France
- Publié le: 8 novembre 2013
RANK’N’OL #S02E20. Dans la foulée de sa victoire contre Montceau-les-Mines, l’OL a obtenu un bon match nul sur le terrain de Rijeka (1-1). Les Lyonnais auraient peut-être pu l’emporter, mais certains pros n’ont pas su saisir leur chance. Ils devraient donc voir le Derby de samedi à Balmont leur filer sous le nez et partir en pénitence le lendemain à Saint-Étienne.
Jeudi 7 novembre 2013, 4e journée d’Europa League
HNK Rijka – Olympique Lyonnais 1-1
Pour Rijeka : Kramaric (21e)
Pour Lyon : Pléa (14e)
OL : Gorgelin – Miguel Lopes (avert., 72e ; S. Koné, 81e), B. Koné, Sarr, Zeffane – Mvuemba, Ferri – Pléa, Gourcuff, Danic (Tolisso, 65e) – Briand (cap.). Entr. : Rémi Garde.
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Alassane Pléa. L’histoire retiendra… Non, l’histoire ne retiendra rien. Mais même le match le plus anonyme de l’Olympique Lyonnais depuis l’invention du pay-per-view se devait d’avoir un héros. Anonyme, forcément. Pléa était donc l’homme de la situation. Parce qu’il a été le seul à être consistant d’un bout à l’autre, le panache, la finesse et la réussite (un but de raccroc offert par la défense locale, 14e) en sus. Et parce que le losange et la concurrence de joueurs plus doués ou plus chers ne devraient pas lui laisser le temps de confirmer cette belle sortie. C’est le drame des doublures : souvent les mieux foutues, rarement à l’écran.
2. Jimmy Briand. Alors qu’il faut deux heures à Desplechin pour libérer Jimmy P., l’Indien des plaines, de ses tourments, il ne faut pas trente secondes à n’importe quel supporter pour percer la psyché de Jimmy B. Le joueur ne pourrait être qu’un capitaine de circonstance, rapport à son expérience et à une droiture morale quand ça secouait pour son avenir à Lyon. Au lieu de quoi on comprend qu’il a juste perdu un toro à l’entraînement et qu’il continue d’ailleurs de le perdre une fois sur le terrain à courir dans tous les sens. On pourrait alors railler l’affaire en lui envoyant du « Go, go, go ! Jimmy, go ! », les hurlements de Chuck Berry en moins. On pourrait aussi conserver ce plat du pied qui se dérobe (80e) pour alimenter la légende de ces gestes foirés qui n’ont rien de l’acte manqué. Il faudrait alors passer sous silence ces 90 minutes joués sans s’arrêter, à presser la moindre relance pour préserver bien plus que les dernières apparences – la défense, le replacement d’une équipe encore tendre. Jusqu’à finir par passer pour un footballeur contrarié – qu’il est sans doute un peu – quand il reste par-dessus tout un joueur sincère.
3. Miguel Lopes. Même perdu dans cette improbable expédition jeunesse en Croatie, Miguel Lopes a ce qu’il faut d’expérience pour savoir qu’il y a toujours quelque chose à y gagner. Le droit, par exemple, d’être comparé avec le titulaire pressenti pour dimanche. Mouhamadou a beau avoir gagné ce titre qui lui vaut d’être appelé Dabo du Derby pour ses exclusions décisives face aux Verts, son rival portugais sait allumer la mèche pour lui disputer la place. Certainement pas pour défendre – il est aussi nul. Mais pour démonter le couloir droit, là Miguel sait faire. Il lui suffit en général d’être lancé pour semer son monde, adversaires et coéquipiers compris. Autant dire un drôle d’atout pour envoyer du décalage depuis les couloirs. Reste à savoir pour qui. Beaucoup pour lui et un peu pour personne. A moins que ce ne soit l’inverse. De quoi confirmer un peu plus la grosse cote Dalmat (tendance Stéphane) pour latéral affreux, seul et méché.
4. Gaël Danic. Bien entendu, le gars ne sera jamais celui que l’on attendait quand on l’a vu débarquer à Lyon. Soit ce joueur trop longtemps sous-estimé enfin en mesure de briller dans un club à sa dimension. Il a suffi de lire les premiers entretiens du Breton au patronyme qui croate pour se rappeler qu’une carrière se jouait loin de toute considération technique, physique ou même esthétique. C’est encore la tête qui fait la différence. Là où Malbranque n’a jamais eu besoin que de vingt minutes pour réussir un retour inespéré, Danic a passé le plus clair de son temps à ressasser la consécration qu’on lui a promise sans doute un peu trop fort. S’il avait une guitare pour gratter ses névroses jusqu’à l’os, on pourrait lui souhaiter de gagner la même revanche sur le destin que Cat Power. Mais Danic reste un joueur de foot professionnel. Ce qu’il rappelle magnifiquement toute la première période, en déviations et feintes qui sentent la finesse là où ça manque de puissance. Il envoie même un corner décisif (14e) comme seuls ceux qui ont trop peu d’estime d’eux-mêmes savent le faire : en se faisant oublier. Après ça, Danic peut reprendre sa trajectoire lyonnaise et continuer à disparaître.
5. Yoann Gourcuff. Plus qu’une théorie fumeuse, on tient peut-être une part du mystère : Gourcuff s’est « prostitué » quelques mois au mass-football pour pouvoir profiter ensuite de la vie comme il l’entend. Les matchs de Gourcuff ne donnent ni envie de se taper sur les cuisses, ni de pleurer. Mais ils sont à chaque fois subtils et maîtrisés. Comme ces films estampillés du bonhomme tout content de Télérama – sorte de croisement entre Astro le petit robot et un Forban sous acide – qui font 4 000 entrées en France.
Si, à défaut d’attendre son retour, il y a encore des gens qui regrettent le Gourcuff de 2009, l’intéressé n’en est sûrement pas. Être décisif et divertissant, très peu pour lui. Un coup du foulard à l’aveugle qui termine en lucarne ne vaudra jamais un enchaînement contrôle-passe à douze mètres quand on a réussi à amener l’autre là où il fallait, comme tout meneur de jeu qui se respecte. Yo a donc tourné le dos aux blockbusters pour le ciné d’art et d’essai. Et ce n’est pas une petite production low cost dans les pays de l’Est qui lui fait peur. Tant qu’il y a du plaisir à prendre et un peu de sens à donner.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza