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Pourquoi Hubert Fournier est meilleur que Marcelo Bielsa
- Publié le: 14 mars 2015
ZÉNON C’EST NON. L’un fait beaucoup parler de lui depuis son arrivée en France, l’autre a une discrétion toute lyonnaise. Pourtant, le meilleur coach des deux n’est pas forcément celui que l’on croit…
Les médias nous l’assurent depuis sa signature à Marseille : Marcelo Bielsa est un génie. Pourtant, il faut un rétroviseur pour apercevoir l’OM depuis la place Bellecour. Hubert Fournier ne fait pas parler de lui mais sera pourtant toujours devant le coach argentin à la fin du week-end, malgré un effectif quasiment totalement formé au club. Alors, Hubert Fournier est-il un meilleur entraîneur que Marcelo Bielsa ? Oui, et on vous dit pourquoi.
Parce qu’il a la classe et du charisme
En ces temps de médiatisation accrue, l’image fait la différence entre entraîneurs de même niveau. Pourquoi José Mourinho dispose-t-il de plus de crédit que Guy Lacombe, si ce n’est par le fait qu’il soit beau comme un dieu et porte des costumes sur mesure et non pas des pulls jacquard ? Et sur ce plan là, soyons honnêtes : il y a un gouffre entre les coachs marseillais et lyonnais. Tandis que l’Argentin se contente de porter un survêtement de l’OM 24 heures sur 24, tel un vulgaire teneur de mur des quartiers nord, le Special Hub présente semaine après semaine les dernières nouveautés du catalogue ASOS avec élégance. Chemise avec ou sans veste, petit gilet de mi-saison, col roulé noir, doudoune portée nature ou sous un costume : un rien semble habiller le tacticien lyonnais. Et quand il porte un ensemble entièrement noir, le parallèle semble frappant : Hubert Fournier serait-il le Diego Simeone français ?
Parce qu’il a des résultats
Depuis ses débuts en tant qu’entraîneur, Hubert Fournier semble avoir banni le mot « échec » de son vocabulaire. Certes, ses haters noteront un licenciement de Gueugnon mais attention à ne pas être de mauvaise foi : qui peut décemment réussir à Gueugnon ? Depuis leur victoire en Coupe de la Ligue, les Forgerons (surnom le plus ridicule du football français avec les Pingouins de Libourne et les Chamois Niortais) semblent destinés à subir une malédiction lancée par un marabout nigérian proche de Jay-Jay Okocha. Relégation en Division d’Honneur, présidence assurée par Tony Vairelles et prêt de Shiva Star N’Zigou : aucune catastrophe ne semble être épargnée à ce sympathique club que l’on confond tous avec Louhans-Cuiseaux. Pas très pertinent de juger Hubert Fournier là-dessus donc.
Marcelo Bielsa semble être plus intéressé par le succès facile que par le challenge sportif. Une attirance pour les titres a priori pas réciproque
De son côté, Marcelo Bielsa ne semble vouloir coacher que des « grands noms » (on met ce terme entre guillemets, on parle quand même ici de l’Olympique de Marseille) et être plus intéressé par le succès facile que par le challenge sportif. Une attirance pour les titres a priori pas réciproque. Si l’on met de côté ses quelques lignes de palmarès difficilement obtenues dans son pays natal et son championnat si folklorique (deux champions différents par an, obtenus par un algorithme complexe incluant la moyenne de points sur les trois dernières saisons, la taille des joueurs de l’effectif, la qualité des menaces des barrabravas et le vote par SMS des téléspectateurs), Marcelo Bielsa est un loser. Sélectionneur d’une équipe d’Argentine qui comptait plus de talents dans ses rangs que l’ensemble des sélections africaines dans leur histoire, le Roger Lemerre de la pampa ne réussit pourtant pas à passer le premier tour de la Coupe du Monde 2002. Son seul parcours notable avec la sélection aura lieu… aux Jeux Olympiques ! Une compétition où le tournoi de football est relégué derrière les épreuves de handball, de kayak et d’ultimate-frisbee féminin. Suffisant toutefois pour être embauché par le Chili, qui est à l’Argentine ce que la Belgique est à la France : un petit cousin dégénéré au niveau footballistique gênant. Une élimination en huitièmes de finale de la Coupe du Monde plus tard (cette fois il a réussi à passer le premier tour dans un groupe compliqué avec la Suisse et le Honduras), Marcelo Bielsa file à l’Athletic Bilbao. Ses partisans y souligneront la qualité de son travail puisque, entre deux engueulades avec le chef de chantier du nouveau stade, il réussit à hisser le club basque en finale d’Europa League (comme José Anigo en 2004) et de Coupe nationale (comme Régis Brouard avec Quevilly en 2012). Pour deux défaites, bien évidemment.
Parce qu’il a révolutionné le football
Ne disposant pas de stars (le joueur le plus technique de son Stade de Reims était Mickaël Tacalfred, pour sa capacité à jongler avec des bolas à trois poids), Hubert Fournier a pourtant toujours bien fait jouer ses équipes. Adepte d’un 4-3-3 avec deux ailiers rapides en Champagne, Hubert la Science n’est pourtant pas un dogmatique et a su s’adapter au 4-4-2 en losange légué par son prédécesseur à l’Olympique Lyonnais avec une qualité de jeu là aussi au rendez-vous. Tout le contraire d’el Loco (« le Fou », surnom de Marcelo Bielsa en Argentine, Ndlr), qui semble se replier coûte que coûte sur un système unique en 4-2-3-1 (la tactique de base de coachs offensifs tels que Jean Fernandez ou Élie Baup). Une tactique à laquelle il déroge cependant parfois quand l’équipe adverse aligne deux attaquants… en rajoutant un troisième défenseur central. Une ambition digne d’un coach de District affrontant une CFA2 au troisième tour de la Coupe de France. Une fausse bonne idée qui nous permet toutefois de vivre de grands moments de rire tous les week-ends lorsque Alaixys Romao tente de s’aligner pour jouer le hors-jeu. Pas un hasard si l’enseignement Fournierista semble aujourd’hui faire école. Son successeur à Reims, Jean-Luc Vasseur, semble par exemple respecter les enseignements du Maestro afin de construire une équipe joueuse et efficace. Et pendant ce temps-là, Marcelo Bielsa baisse les yeux en conférence de presse en tentant maladroitement d’expliquer comment ses joueurs ont pu encaisser trois buts en vingt minutes à domicile contre Caen…
Zénon Zadkine