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OL-Toulouse : l’union sucrée
- Publié le: 18 avril 2013
RANK’N’OL #42. Qu’il n’y ait pas de méprise : l’OL a battu Toulouse (3-1) sans vraiment rassurer son monde. Mais le printemps est suffisamment sinistre pour ne pas savourer les trois gourmandises et autres surprises qui ont agrémenté l’après-midi. Et prouver que le bon Rank’n’OL supporte très bien la guimauve.
Dimanche 14 avril, 32ème journée de Ligue 1
Olympique Lyonnais – Toulouse FC 3-1
Pour Lyon : Grenier (8ème), Koné (46ème), Gomis (63ème)
Pour Toulouse : Ben Yedder (27ème)
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Clément Grenier : d’abord, il y a ce geste insensé de la 46ème minute qui suffit à lui seul pour imposer un genre d’émotion partie pour durer longtemps. Ouais, comme le lob de Tiago sur Janot à Geoffroy-Guichard (en 2007) ou le départ petit pont de Benzema face à la défense lensoise quelques mois plus tard. Cette fois, c’est un centre tendu et tellement bien balancé qu’il en arrive à trouver la tête de Koné. Ce petit monument renvoie avant tout à cette exécution gestuelle parfaite qui a valu à Grenier le titre de next big thing pendant ses années de formation. A son inconstance aussi, tant sa prestation du jour se situe à des années lumière de celle aperçue à Reims la semaine dernière ? Disons plutôt que ce jeu d’équilibriste est d’abord une affaire d’équilibre au milieu, entre la domination retrouvée de Gonalons et le volume de Gourcuff considéré à sa juste valeur. De quoi faire vibrer un peu plus cet aphorisme presque sartrien s’il n’était passé par la (dé)formation lyonnaise : « l’enfer, sans les autres. »
2. Lisandro : le passage à une pointe ne l’a pas renvoyé sur le côté… jusqu’à la sortie de Lacazette (32ème), pourvoyeur de la première sucrerie de l’aprèm pour le but de Grenier, sur une action similaire à celle de Braaten entraînant l’égalisation toulousaine, la vitesse en plus. Licha ne s’est pas ému de se retour le long de la ligne. Il l’a fait pour la bonne cause, et ce n’est pas la performance de Gomis qui l’empêchera de reprendre sa place le week-end prochain. Et les suivants. Sacrifice, grinta, combativité : Lisandro a rempli son cahier des charges. Avec un éclair en annexe, à l’origine du but de Gomis sur une passe de Fofana. Tout le lisandrisme en une action : où comment être suffisamment génial pour transformer un exploit personnel en exploit collectif.
3. Maxime Gonalons : c’est pas qu’on l’avait perdu, mais à l’image du reste de l’équipe, Gonalons ne dominait plus ses matchs que par intermittence. Suffisant pour fragiliser un édifice qui en avait d’autant moins besoin à mesure que la superbe de Malbranque commençait à être entamée. Puisque le physique seul ne suffisait plus, il lui fallait reprendre son grand œuvre là où il l’avait laissé, quelque part entre l’élimination face à Tottenham et la prise de pouvoir de la paire Progtuidi en Equipe de France. Bref, retrouver cet air de Busquets pour Ligue 1 en redonnant un peu d’ampleur à sa palette de jeu : répondre au défi physique engagé par un milieu toulousain qui s’y connaît dans le registre, tout en la jouant plus cérébral à coups d’anticipations bien senties et de percutions qui ramènent le jeu vers l’avant. On a beau ignorer ce qu’a pu se dire la République des joueurs lyonnais réunie mercredi soir à son initiative et à celle de Grenier. Ce qui est sûr, c’est que Max en a profité pour regarder le match du Gonalons de la Liga.
4. Gueïda Fofana : dans le Rank, vous avez les créateurs touchés par la grâce à qui il suffit d’une inspiration géniale pour récolter un bonus Tiago gonflé à l’hélium. Et puis vous avez Gueïda Fofana. Soit un type qui maîtrise l’histoire du Rank comme personne. La dernière fois, c’était à Valenciennes où il s’était embarqué dans une relecture du serpent à sonnette le temps d’un récital façon human box-to-box machine. Cette fois, il s’est à nouveau adressé aux amoureux du 4-3-3 canal nostalgique en reproduisant la même performance, mais sur une bande latérale large de 3,50 mètres, côté droit. Rentré à la place de Réveillère, parfait dans son rôle d’amulette, un peu moins dans celui de victime de Braaten, Fofana s’est fendu d’un hommage à son aîné, sous forme de compilation des plus beaux débordements d’Antho, le sommet restant encore celui de 2005 face au Real reproduit à l’identique sur le but de Gomis (63ème). Faire du vieux mais avec du jeune : l’histoire du jeu en 4-3-3 accords ne saurait s’écrire autrement.
5. Bakary Koné : la machine n’est pas près de remplacer l’homme. Imaginez bien qu’aucun algorithme ne serait assez puissant pour générer deux notices de suite sur Bako dans le Rank’n’OL. Il faut croire que l’homme, souvent pas là où on l’attend, sait aussi être là quand on ne l’attend plus. Dans la surface adverse, déjà, où il a eu le bon goût de convertir l’une des passes dé’ de l’année. Mais aussi dans la sienne, avec notamment un tacle de toute beauté pour reprendre Ben Yedder dans ses six mètres (43ème). Une performance comme on n’en avait plus vu depuis dix-huit mois et surtout largement au-dessus de celle de son camarade Umtiti, que l’on n’aurait jamais cru avoir à lui comparer un jour. Pour le reste, pas de chichi, et même deux-trois initiatives de relances qui ont fini en Jean-Jaurès. Bako n’est pas encore devenu une machine. Il est juste redevenu un joueur de foot. Et c’est déjà de la science-fiction.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
(Article publié le 14 avril 2013 sur Rue 89 Lyon)