OL : pourquoi les U17 et U19 souffrent-ils autant ?

Les U19 de l'OL lors de leur match nul 1-1 arraché sur la pelouse du Racing Besançon. Photo Racing Besançon)

JEUNES. Les U19 ont mis fin ce week-end à une série de 3 défaites (1 victoire avant cela) en égalisant à la dernière minute sur la pelouse du Racing Besançon, lanterne rouge (1-1), tandis que les U17 n’ont gagné que 2 fois en 5 matchs (1 nul, 2 défaites). Les débuts des deux équipes à niveau national de l’OL sont indignes de la Formidable Académie, et dans la continuité de la saison passée historiquement ratée des U17. Tentatives d’explication.

Beaucoup de surclassements, trop de surclassements ?

Ce n’est pas propre qu’à l’OL : le surclassement est de plus en plus fréquent. Les jeunes sont plus exigeants, précoces, exposés, entourés… et le marché des transferts est de plus en plus concurrentiel. Un joueur U17 ou U19 peut avoir des propositions de contrat pro par des clubs de toute l’Europe (cet été, Pedro Vanga et Pape Fuhrer ont ainsi quitté l’OL pour signer pro au Feyenoord et au Partizan Belgrade).

Ce qui impose une nouvelle donne aux clubs, qui doivent arbitrer entre céder à certaines demandes de surclassement ou perdre le joueur. Si tout le monde semble surclasser de plus en plus, l’OL le fait plus que les autres, hors exception comme Rennes… qui a aussi des résultats mitigés par rapport à la qualité de son centre de formation.

Comparaison entre les U17 en 2015/2016 et les U17 en 2024/2025. En bleu les joueurs évoluant dans leur catégorie d'âge, en jeune ceux surclassés d'une année, en rouge celui surclassé de deux.

Comparaison entre les U17 en 2015/2016 et les U17 en 2024/2025. En bleu les joueurs évoluant dans leur catégorie d’âge, en jeune ceux surclassés d’une année, en rouge celui surclassé de deux.

Le problème étant que l’OL ne surclasse pas seulement les top talents, mais aussi des joueurs qui ne dominent pas dans leurs catégories. L’an passé, plusieurs joueurs 2007 ont joué en U19 dès le début de saison sans jamais avoir joué en U17. On s’est ensuite rendu compte une fois qu’ils étaient redescendus dans leur catégorie d’âge qu’ils ne marchaient pas sur celle-ci, mais étaient même parfois moyens ou remplaçants. 

On se demande alors l’intérêt d’aller si vite, ou plutôt, on se demande si les effets positifs de ces surclassements (mettre les jeunes dans la difficulté face à un niveau plus élevé) ne sont pas largement compensés par d’autres effets négatifs. La difficulté peut aboutir à une perte de confiance, d’autant que l’équipe tourne moins bien collectivement, un cercle vicieux.

Houssem Aouar, à une époque pourtant pas si lointaine, a fait la saison U17 avec sa catégorie, de quoi s’amuser et mettre… 26 buts en 20 matchs. Un joueur comme Rémi Himbert, un top joueur de sa génération à l’OL, sélectionné en équipes de France jeunes, a commencé cette saison en U19. Ce n’est pas une surprise, et il y est même bon. Mais après une saison U17 où il n’a pas été exceptionnel, ne serait-il pas plus intéressant de vérifier s’il peut être très au-dessus en U17 avant de le voir logiquement monter en U19 ?

Un problème de gestion des équipes et des effectifs ?

En 2023 et après une première place dans ce championnat, l’OL a fait le choix de ne pas inscrire d’équipe en Régional 1 U16. La faiblesse invoquée de ce niveau pourrait être contestée : certes l’OL finissait souvent en tête de son groupe, mais avec quelques matchs compliqués et une vraie concurrence avec l’ASSE et Saint-Priest notamment. Il suffit de voir les deux dernières défaites des U17 contre La Duchère et… Saint-Priest pour s’en convaincre. 

L’OL préfère jouer à la place des tournois et des matchs contre d’autres centres professionnels, ce qui est forcément intéressant. Mais le nombre de matchs est moindre et pose question, en ne compensant pas l’absence du championnat. 

Pour revenir au sujet, en quoi l’absence d’un championnat U16 R1 peut impacter les résultats ? L’OL se retrouve avec un effectif U17 et U16 très élargi, qui force aussi les surclassements pour que les U16 aient du temps de jeu. Et comme chez les pros, plus les effectifs tournent, moins il y a de stabilité, et plus il est difficile d’avoir des résultats. La saison passée 40 joueurs ont joué en U17, sans doute un record, et l’équipe ressemblait à tout sauf une équipe. Sans doute pas une coïncidence.

La question se pose aussi pour l’avenir. Cette saison, la génération U17 2008 semble faible et la génération 2009 est à l’inverse très forte. Il est donc logique de voir une majorité de 2009 en U17. Mais comment gérer la saison prochaine, quand il sera impossible de mettre plus de trois ou quatre 2010 en U17 et qu’ils n’auront pas de championnat U16 à disputer chaque semaine ?

Une organisation trop instable ?

Chez les jeunes comme chez les pros, la stabilité dans les staffs est primordiale. Et à l’Académie ces dernières années, ce n’est pas forcément gagné. Ces deux dernières années, se sont ainsi succédé au poste de directeur Jean-François Vulliez, qui a été remplacé par Pierre Sage, qui a été remplacé par Fabien Caballero, qui est maintenant épaulé par Johann Louvel.

Et dans les catégories qui nous intéressent, les entraîneurs ont beaucoup bougé eux aussi. Nicolas Munda a quitté les U16, Mohamed Chacha n’aura entraîné que 6 mois au club avant d’être remplacé par Jordan Gonzalez, est passé des U17 aux U19 l’hiver dernier. Amaury Barlet est lui passé des U17 aux U19, avant de revenir chez les U17 cet été. 

Pas de panique pour la suite ?

Les directeurs du centre de formation répètent souvent que l’OL a des ambitions de jeu ET de résultats. Force est de constater que les U17 et U19 sont en échec sur ces deux points pour l’instant.

Si l’on peut s’interroger sur la volonté de certains jeunes de ces catégories à jouer en équipe au football (voire sur leur amour de ce sport), si les U19 ont montré un gros déficit mental en début de saison, et si les absences ont compliqué le travail de Jordan Gonzalez et Amaury Barlet, leurs deux équipes ont de quoi remonter au classement.

Les U19 ont eu un calendrier particulièrement compliqué en jouant tous les gros sur les premiers matchs. Les U17 ont beaucoup de talent, un entraîneur qui a fait ses preuves dans cette catégorie en la personne de Barlet, et vont retrouver quelques joueurs importants. 

Et si gagner des titres n’est pas la priorité en jeunes, ne pas jouer le haut de tableau et trop perdre est forcément négatif pour la formation. La confiance et la dynamique sont importantes pour les jeunes, comme l’image de l’Académie. Pour l’instant, celle des U19 et U17 n’est pas toujours Formidable.

Kévin G.

(Photo Racing Besançon)

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