OL : les recrues au révélateur statistique

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DÉCRYPTAGE. Quasiment 5 mois de compétition plus tard, les 35 millions d’euros dépensés par l’OL au mercato pour renforcer l’équipe aussi bien quantitativement que qualitativement semblent avoir été investis en vain. On a donc décidé de passer pour vous les recrues au révélateur statistique pour voir ce qui a marché… et ce qui a moins marché.

 

Si l’observation de leurs matches nous a permis de nous forger un début d’opinion, l’idée ici est de tenter d’objectiver ces opinions, de confirmer des impressions mais également d’essayer de déceler ce qui aurait pu nous échapper. Comme la statistique n’a de sens que lorsqu’elle est contextualisée, nous avons décidé, la majeure partie du temps, de comparer un joueur avec ceux de l’effectif possédant un profil proche ou avec lesquels il est en concurrence. Au vu de la première partie de saison ratée des lyonnais, il reste difficile de se dire que n’importe lequel de ses joueurs constitue une référence – mais cela nous aidera au moins à éclairer certains possibles choix de Bruno Génésio.

 

Méthodo: statistiques Squawka sur la Ligue 1 uniquement (impossible d’agréger Ligue 1 et Ligue des Champions). Chaque chiffre est mesuré en moyenne sur 90 minutes pour lisser les effets liés aux joueurs entrant en jeu ou sortant avant la fin.

 

Sergi Darder, le dur apprentissage de la Ligue 1

Précédé d’une réputation flatteuse et investissement le plus onéreux de l’OL depuis Yoann Gourcuff (excusez du peu), le divin presque-chauve a largement déçu depuis son arrivée. Utilisé avec parcimonie par Fournier, il a semblé peiner à s’adapter au système tactique lyonnais et à l’intensité physique en Ligue 1. Il perd plus de duels que les joueurs avec lesquels il est en concurrence dans l’effectif (34% gagnés contre 42% pour Ferri et 48% pour Tolisso). En comparaison, la saison dernière avec Malaga, il affichait quasiment 8 points de plus à ce niveau. Pour réussir à peu près autant d’interventions défensives que Ferri ou Tolisso (Tackles won – autour de 1,90/90 minutes), il doit en manquer quasiment deux fois plus (Tackles lost – 5,28/90 minutes !) Plus inquiétant, il ne compense pas par son apport offensif: il affiche un taux de passes réussies inférieure à ses deux comparses, sans pour autant jouer plus vers l’avant ou créer plus de situations (Key passes) qu’un Ferri par exemple.

Les moins :
– Trop de duels perdus
– Taux de passes réussies faible
– Ne compense pas par son rendement offensif
– Manque beaucoup plus d’interventions que Ferri/Tolisso

Le plus :
– Au niveau des autres sur les ballons gagnés/interceptés

 

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Mapou Yanga-Mbiwa, ouvrez le feu sur l’ambulance

Le plus gros investissement en défense centrale depuis Lovren et Mensah a réussi à être potentiellement plus catastrophique que ces deux-là combinés. Le problème sur le cas Mapou, c’est que l’on a beau retourner la question dans tous les sens, l’évidence ressort sans cesse : il arrive à être mauvais à absolument tous les niveaux. Il gagne (Tackles won) 1,47 ballon par match, mais c’est au prix d’un plus grand nombre d’interceptions manquées qui mettent en danger sa défense (Tackles lost – 1,58). Il ne parvient pas à compenser par son impact physique : il gagne à peine la moitié de ses duels (contre 65% pour Umtiti), et perd plus de la moitié de ses duels aériens (Aerial Duels Won, 48%). Il commet quasiment deux fois plus de fautes qu’Umtiti, et bien entendu se montre coupable d’un nombre d’erreurs supérieur (une erreur défensive tous les quatre matches en moyenne).

Les moins:
– Trop d’interventions manquées
– Faiblesse dans les duels et dans les airs
– Grand nombre d’erreurs
– Commet trop de fautes

Les plus:
– Il réussit un peu plus d’interceptions… hum
– On cherche encore

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Valbuena, l’incompris?

Il était censé faire franchir un palier au jeu offensif de l’OL et s’emparer des clés du jeu depuis une position de numéro 10 orpheline des géniales intermittences de Yoann Gourcuff. Quelques mois plus tard, il semble évident que Petit Velo’v a coulé avec le reste de son équipe, en n’étant pas assez capable de faire des différences et d’élever ses coéquipiers au-dessus de la médiocrité dans laquelle ils ont pataugé depuis des semaines déjà.
Mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. En l’absence de profils proches dans l’effectif de l’OL, nous le comparerons avec d’autres joueurs de Ligue 1 occupant un rôle plus ou moins similaire, hors PSG (vous noterez au passage que de moins en moins de clubs en L1 évoluent avec un système incluant un meneur de jeu), ainsi qu’à Yoann Gourcuff sur l’ensemble de la saison dernière, qui reste une référence solide.

Techniquement, pas grand-chose à reprocher à l’ancien joueur du Dynamo Moscou. S’il a tendance à multiplier les touches de balle (une statistique indisponible), il distribue le jeu avec précision (Pass completion – 87%), dans une moyenne haute pour les joueurs de ce poste. Il cherche également à jouer vers l’avant (Forward passes – 31,66) – bien plus qu’un Gourcuff par exemple, de loin le plus « conservateur » du lot dans ses choix d’orientation de jeu. Mais l’ancien Marseillais crée aussi du danger, avec 3,05 passes-clés par match, bien au-dessus de Féret, Koziello ou Gourcuff. En somme, il amène un danger que ses coéquipiers ne réussissent pas à convertir suffisamment.

Il affiche des statistiques acceptables sur sa capacité à éliminer (Successful Take Ons – 59%) – mais il est aussi le joueur du lot qui tente le plus de dribbles par match (statistique non affichée ci-dessous). Ce qui signifie qu’il tente beaucoup d’éliminer en un contre un malgré une capacité d’élimination « moyenne », menant forcément à des pertes de balle. L’une de ses forces est également sa propension à obtenir des fautes : il en subit quasiment 3 par match (Fouls Suffered), bien plus que n’importe lequel des autres joueurs de cette liste. Un point fort lorsque son équipe sait convertir les coups de pied arrêtés en question. Et peut-être un motif d’espoir pour la seconde partie de saison avec le retour de Clément Grenier ?

Enfin, Petit Velo’v tente (beaucoup) sa chance (Total Shots – 2,33). Probablement un peu trop au vu de sa faible propension à cadrer (48%), et au vu de son nombre limité de but en Ligue 1 (un seul). Chose étonnante, il frappe bien plus avec l’OL que lors de sa dernière saison avec l’OM (1,66/match en 2013-2014), mais pas autant qu’au Dynamo, où il « arrosait » à 2,64 tirs/match, avec une précision encore moindre de 43%

 

Les moins
– Frappe trop souvent par rapport au résultat obtenu
– Dribble beaucoup par rapport à sa capacité réelle d’élimination

Les plus
– Précision et volonté de jouer vers l’avant
– Capacité à créer régulièrement des occasions
– Propension à obtenir des CPA

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Rafael, un cran en-dessous

Ancien international brésilien arrivé précédé d’une réputation flatteuse, Rafael a vu sa première partie de saison perturbée par plusieurs blessures. Néanmoins, il reste l’arrière latéral « spécialiste » (entendez « hors Morel ») du club à avoir le plus joué en Ligue 1 cette saison. Alors qu’il avait lui-même reconnu qu’il allait devoir passer par une période d’acclimatation à notre championnat, force est de constater que ses adversaires ne lui en ont pas vraiment laissé le temps. Alors qu’il semble entendu que ni Bédimo, ni Jallet n’ont évolué à leur vrai niveau en 2015/2016, l’un comme l’autre apparaissent au-dessus de l’ancien mancunien.

Présenté comme un excellent contre-attaquant, Rafael ressort comme le latéral le moins capable de créer du danger, que ça soit par la passe (Key Passes – 0,87 contre 1,22 pour Jallet – on notera la faiblesse de Bédimo à ce niveau avec 0,67) ou par l’élimination directe (Successful Take Ons – lui comme Bédimo perdent plus de duels offensifs qu’il n’en gagnent).

Ce que le brésilien n’apporte pas au niveau offensif, il ne le compense pas par son rendement défensif. Il apparait en-dessous dans les duels (Total Duels %) avec 52% de duels défensifs gagnés, commet bien plus de fautes (Fouls Committed – 1,42) mais également d’erreurs (0,22).

 

Les moins
– Faiblesse dans les duels
– Rendement offensif trop limité
– Commet trop de fautes et d’erreurs

Les plus
– Rendement offensif moins anémique que Bédimo

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Morel, l’anomalie Merlue

Autant le préciser d’emblée: l’analyse statistique des performance de l’ancien chouchou de Marcelo Bielsa est probablement la plus difficile et la moins valide car il a d’abord évolué arrière gauche, avant de dépanner dans l’axe (avec un certain brio) lors des dernière semaines de l’année. Les statistiques ci-dessous mêlent des matches livrés à ces deux postes.

Morel n’est pas un monstre de duel : il affiche un niveau de duels défensifs gagnés somme tout moyen (53%), réussit un nombre intéressant d’interventions (Tackles Won – 1,89) mais au prix d’1,31 intervention ratée par match (devancé uniquement par Mapou sur cette stat négative). Il commet cependant peu de fautes et d’erreurs, confirmant un profil de défenseur sans génie mais propre et appliqué. Avec 57% de duels aériens gagnés (stat non présente ci-dessous), il devance largement Mapou et ses 47% mais reste loin des 72% d’Umtiti. Auteur de prestations intéressantes dans l’axe, il apporte ce que l’on est en droit d’attendre d’un joueur gratuit venu jouer les compléments.

Les plus:
– Commet peu de fautes et d’erreurs
– Ballons interceptés

Les moins:
– Moyen dans le duel
– Encore trop d’interventions manquées

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Beauvue, ce que l’on n’avait pas vu

Pour mieux contextualiser les statistiques de Claudio Beauvue, nous allons le comparer avec:
– Son partenaire d’attaque (Alexandre Lacazette)
– Son concurrent principal à l’OL (Maxwell Cornet)
– Le joueur qu’il est censé remplacer (Clinton N’Jie – stats de la saison dernière)
– Et lui-même en 14/15 lorsqu’il a convaincu l’OL d’investir sur lui

Ce qui saute d’abord aux yeux, autant sur le terrain qu’au niveau statistique, c’est la pauvreté de son jeu de transmission. Beauvue n’est pas là pour créer, il est là pour marquer. Son taux de passes réussies (Pass Completion – 73%) est cohérent avec son poste et similaire à celui de ses « concurrents ». Cependant, ses passes ne créent pas le danger : il affiche 0,86 passe-clé par match contre 1,54 pour Lacazette. Même chose à Guingamp avec 0,78 passe-clé par match, mais aussi un taux de passes réussies absolument effroyable à 65%. Difficile de croire que l’OL ait décidé de le faire signer en ayant connaissance de cet élément.

Là où le Guadeloupéen compense, c’est dans sa capacité à éliminer : il gagne bien plus de duels offensifs (Successful Take Ons) que Cornet ou N’Jie, et un peu plus que Lacazette. Il est même supérieur à la saison dernière sur ce point. De même, son jeu de tête (Aerial Duels Won), bien qu’en légère baisse à 40%, reste assez bon… sans être meilleur que celui de Lacazette.

Problème : Beauvue frappe énormément. É-nor-mé-ment. Même pour un numéro 9. Ses 4,3 tirs/match sont une anomalie statistique: il frappe quasiment deux fois de plus dans un même match qu’à l’En Avant. Si ses frappes créaient du danger, cela ne poserait de problème à personne. Mais son manque de précision est flagrant : 35% de tirs cadrés. On trouvait Clinton imprécis ? Il cadrait tout de même 73% du temps. Par conséquent, Beauvue gâche de nombreux mouvements offensifs de son équipe par des frappes sans danger.

S’il épure son jeu et tente moins systématiquement la frappe, il peut apporter plus à l’OL en seconde partie de saison – mais il semble difficile d’imaginer un rendement offensif lyonnais proche de celui de la saison dernière lorsque le troisième joueur du trio d’attaque présente une capacité si faible à créer du danger autrement que pour lui-même.

Les moins
– Faiblesse dans la passe, incapacité à créer des occasions pour ses partenaires
– Gâchis phénoménal dans les frappes

Les plus
– Présence aérienne
– Capacité à faire des différences en 1 vs 1

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Étienne M.

(Photo Anthony Bibard / Panoramic)

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