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OL-Évian : le point de vente
- Publié le: 18 avril 2013
RANK’N’OL #29. Michel Bastos a été la tête de gondole d’un match encore plus sinistre (OL-Évian 0-0) que la période de mercato en cours du côté de Lyon. Sur le départ pour Gelsenkirchen ou on ne sait quelle autre destination exotique, le Brésilien a une fois de plus cherché à se faire regretter. Pour mieux rester ? Il y a des choses qui ne s’achètent pas. Pour tout le reste, il y a le Rank’n’OL.
Vendredi 18 janvier 2013, 21ème journée de Ligue 1
Olympique Lyonnais – Évian-Thonon-Gaillard 0-0
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Michel Bastos : les mercatos se suivent et ont l’art de rendre l’OL chaque fois plus incertain. Au vu du niveau de jeu affiché, il y a toutes les raisons du monde de réclamer au plus vite la clôture de ce marché qui secoue trop les âmes sensibles – celles des joueurs donnés pour vendus et de leurs supporters tendus à l’idée d’une nouvelle séparation – pour jouer serein, serein. Sauf pour Bastos. A croire que Michel aime trop la contradiction pour se mettre en tête de rester entre Saône et Rhône une fois qu’on lui a dit qu’on se quittait. A moins que ce ne soit ce goût de la provocation, celle qui l’a animé toute la soirée et lui donne envie de se remettre à jouer le jeu qu’on lui connaît, les deux doigts dans la prise de risque. De quoi donner à voir quelques moments de grâce, à commencer par ces débordements sur le fil du rasoir et ces passes pleine course en aveugle, les seuls à même de vous ramener un peu de football quand vous jurez qu’il a foutu le camp. Preuve que Bastos n’est jamais aussi bon que lorsqu’il peut enfin jouer le rôle de sa vie. Vivement le prochain mercato, tiens…
2. Samuel Umtiti : un peu moins bien, c’est déjà suffisant pour le Pat Müller 2.0. Mais il a trop souvent donné dans l’excellence ces derniers temps pour qu’on ne remarque pas ces deux-trois relances approximatives qui seraient passées pour des bonnes interventions chez Lovren. Umtiti occupait d’ailleurs la place d’arrière central, celle du Croate, alors que ce dernier n’était ni blessé, ni suspendu, soit sa meilleure perf depuis trois mois. Mais le boss, désormais, c’est ce Gone de 19 ans qui ne panique jamais et qui est suffisamment easy pour se permettre des relances orientées de la poitrine. Le match peu consistant de Dabo pourrait toutefois bientôt le renvoyer à gauche. Pas un problème pour lui. Un peu plus pour Garde, pour qui la véritable solution serait d’avoir deux Umtiti. Minimum.
3. Lisandro : bien plus qu’un 0-0 poussif, le vrai scandale du moment tient dans cette parenthèse de Lisandro bashing aperçue en amont de la reprise des affaires à Gerland. Tout ou presque fut reproché à Licha : des histoires de prétention de diva, un brassard laissé sur le bord de la route, des bouderies inconsidérées et des blessures à répétition révélant en creux des retours au pays qui sentiraient un peu trop l’asado. Au point d’en arriver, par richochets, à se demander si Licha ne sentirait pas lui aussi un peu trop l’Assadourian. Il a bien fallu un match pourri pour rappeler à quel point l’OL avait besoin d’un joueur comme l’Argentin. Pas seulement d’un bon bout de supplément d’âme qui viendra vous réciter quelque aphorisme tiré de la bibliothèque imaginaire de Borges et vous emporter la décision certains soirs de match. Non, on parle de l’attaquant autant foutraque qu’il reste au-dessus du lot pour mener à mal un 4-3-3 comme celui aligné ce soir, de loin le plus équilibré de l’histoire et le plus prévisible aussi. Ce que Houllier, maître kantien au top du hip hop quand il fallait enrichir son Serpent à Sonnettes de notions implacables, avait un jour nommé un « joueur de classe mondiale ». Un joueur trop rare pour ne pas lui accorder le calibre d’un Juni ou d’un Karim. Surtout une fois qu’il est parti…
4. Milan Bisevac : il suffit de se souvenir de la saison 1 de Rémi Garde, ou même de Nancy et Troyes récemment, pour ne pas tomber dans le « en-même-temps-y-avait-rien-en-face ». Si Rémy Vercoutre n’a rien eu à faire contre la team Danone, il le doit à une doublette de défenseurs centraux enfin homogène dans sa performance. La dernière fois, cela devait être en 2009. Bisevac semble enfin avoir accepté de partager le leadership avec son compère surdoué, quitte à passer pour le bourrin du duo. Et quoiqu’on en dise, mieux vaut avoir un Bisevac préposé aux basses œuvres avec Umtiti qu’un Lovren à la relance aux côtés de Koné.
5. Eric Tié-Bi : pour tout avouer, les trois dernières fois qu’on l’a aperçu c’était (dans l’ordre) : 1. dans l’ennui d’une rediff’ d’un match de CFA où on lui préférait largement Tafer, Faure, Grenier et peut-être même Lacazette ; 2. dans la montée vers Tignes en train de se faire lâcher à huit kilomètres du sommet par Claude Puel ; 3. dans Sur la route, émission culte d’OL TV, qui part traquer les anciens du club, surtout ceux quand ils se sont reconvertis dans la gestion de commande dans un Point P de la vallée du Rhône ou dans la pose de pelouse synthétique. Autant dire que l’ancien pigiste des matchs d’avant-saison avait davantage le pedigree pour finir en Viale ou en Bethiol du milieu que celui d’un type capable de foutre en l’air le jubilée Sidney Govou, avant de poursuivre sur sa lancée en faisant la leçon à tout le milieu lyonnais. Une performance suffisamment stupéfiante pour élargir un peu plus la liste des anciens de la formation appelés à y aller de leur retour miracle à la Steed. Quand elle ne révèle pas un milieu lyonnais qui traîne la patte comme Max et compte pour seules poches pleines celles qui sont apparues sous les yeux de Malbranque.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
(Article publié le 19 janvier 2013 sur Rue 89 Lyon)