Lopes, le sacre du plein temps

RANK’N‘OL #46. En l’absence de ses tauliers, à commencer par ceux qui étaient sur le terrain, l’OL n’a été une équipe de foot que pendant une mi-temps, jusqu’à ce que Paris éteigne la lumière. Suffisant pour dégager un top 5, inattendu et rafraîchissant. Comme doit l’être le Rank’n’OL.

Le compte rendu du match : Pas de gala avec ces gars-là

 

 

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Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

1. Anthony Lopes : cinquième match de la saison, cinquième Rank. Est-ce que ça suffira à consoler le gardien made in Givors ? On pense que oui. En tout cas, il n’aura rien à se reprocher, impeccable devant Ibrahimovic (3ème), autoritaire devant Ménez (23ème) et hyper classe devant Pastore (66ème). Et s’il y a quelques fautifs sur le but parisien, il n’est pas sur la liste. Mais son rayonnement va au-delà de ses réflexes : Lopes rassure sa défense. Il ne faut peut-être pas chercher plus loin la transformation de Koné ou la confiance (excessive ?) retrouvée d’un Dabo qui s’en va tenter dribbles et frappes impossibles. Lopes multiplie les miracles. Et pas des moindres.

2. Samuel Umtiti : depuis son retour dans l’axe, on craignait d’avoir perdu sa trace. Celle qu’il laissait à intervalles réguliers dans le Rank, au titre officiel de rookie de l’année et, plus officieusement, de défenseur dont l’expérience semble inversement proportionnelle à son âge. Sans doute trop occupé à ne pas ramener à la surface cette théorie qui veut qu’un défenseur ne sombre jamais autant que lorsqu’il se retrouve associé à Bako. Du coup, on en est arrivé à se demander s’il n’était pas en train de façonner ce grand défenseur classe et délié qui couvait parfois sous les erreurs du Général. Comme si après avoir enterré la concurrence, le Fossoyeur de Ménival avait compris qu’il fallait soulager une âme en perdition pour enfin consolider cette place, la seule qu’il ait jamais souhaitée, celle de meilleur défenseur du monde. Où un dégagement peut être à la fois sauvetage décisif et relance nickel pour les siens. Où rien ne semble venir à bout de sa sérénité, pas même un milieu en délicatesse. Où il faut arracher son titre à Thiago Silva. Surtout quand il n’est pas sur le terrain.

3. Yoann Gourcuff : « Un joueur plus plaisant qu’utile. » À dire vrai, Gourcuff n’a jamais été aussi près d’incarner le nouveau Zidane depuis cette sentence envoyée en son temps à ZZ par l’Avvocato Agnelli. Car depuis qu’il occupe ce couloir gauche limite à l’abandon depuis le départ de Bastos, Gourcuff rappelle vraiment quelque chose du second Zidane, celui de la période galactique. Un joueur trop classieux pour se livrer à l’exercice des coursiers qui squattent habituellement le long de la ligne de touche. Mais un joueur suffisamment consciencieux pour faire sa part de boulot, jusqu’à l’excès et la faute qui va avec. En vrai, on aurait aimé que les caméras de Douglas Gordon et Philippe Parreno reprennent le travail avec Gourcuff là où elles avaient laissé Zidane. Dans ces gestes de grand fauve, félin dès qu’il faut toucher la balle, qui pèsent chaque geste au gramme près, prenant soin au passage de ravir la galerie parce que ce soir, c’est gala. Yoyo ne sera jamais le Zizou du futur. Mais il ressemble de plus en plus à Zidane quand il regardait déjà son passé.

4. Bakary Koné : « Même Messi n’est pas à 100 % tout le temps. » Au moment de sortir la tête du banc, c’était la seule défense que pouvait encore tenter le Général pour sauver ce qui pouvait encore l’être. Parce qu’en vrai, on avait tous compris – et peut-être lui le premier – qu’il faisait partie d’une autre catégorie de joueurs, de ceux qui ont besoin d’être au-delà des 100 % requis pour exister. Valbuena a construit sa carrière sur cette réalité. Bako n’en a pas encore saisi toute l’ampleur : la preuve, il se laisse encore embarquer sur le but, pris entre la nécessité de couvrir Ménez et celle de ne pas ouvrir la voie à Thiago Motta. Et comme le mouvement a déjà un avant-goût d’histoire, pour le titre qu’il ramène à la Capitale, on aura vite fait d’oublier le reste de la prestation du Burkinabé : le tacle glissé décisif qui ferme la ligne entre Ménez et Ibra (44ème), les centres en retrait renvoyés au loin, la tête qui domine son sujet. D’accord, ce n’est pas du 100 %, mais 90 % des attaques parisiennes qui finissent par s’échouer sur lui (source : Opta-peu-près), c’est l’air de rien un premier score de Général au pouvoir.

5. Yassine Benzia : on ne l’attendait pas d’entrée, à un poste qui n’est pas le sien et où il n’avait guère brillé à Nancy. Pourtant, Benzia a tout de suite fait ce qu’il fallait, et même un petit peu plus, toujours dispo sur son aile droite, propre et collectif. Surtout, Benzia a su faire ce que Lacazette, peut-être trop discipliné, n’ose pas assez : rentrer dans l’axe pour apporter le surnombre et perturber la défense adverse. C’est dans cette position qu’il enverra une mine péniblement sorti du pied par Douchez (12ème). Sa réputation de dilettante aura, ce soir-là au moins, souffert de ses replis défensifs courageux et intelligent. Dans une équipe trop lisse, c’est même lui qui ira chercher, en vain, le deuxième carton de Thiago Motta, après avoir provoqué le premier (42ème). On dit souvent que Benzia est un sale gosse. Mais tant qu’il fait chier les autres.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

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