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Pourquoi l’OL peut se passer de ses supporters (ou presque)
- Publié le: 16 août 2018
ÉCO. Des kops, des tifos, et un Ahou qui claque ? La holding OL Groupe n’en a plus besoin ! Tout comme la moitié des clubs anglais, l’OL peut désormais gagner de l’argent malgré un stade vide. Une illustration – à peine exagérée – de l’importance prise par les droits TV dans le business des clubs professionnels de L1.
Old Trafford, Stamford Bridge, Anfield… certains noms d’enceintes donnent des frissons rien qu’en les écrivant. Mais avec l’envolée des droits TV, les propriétaires de Manchester, Chelsea ou Liverpool pourraient tout simplement se passer de leurs supporters, et faire jouer leurs équipes devant un stade vide tout en gagnant de l’argent avec leur club. C’est en tout cas la triste conclusion d’une étude menée par la BBC. Un résultat cela dit peu étonnant lorsqu’on sait que les droits TV pèsent jusqu’à 85 % des recettes de Bournemouth (Premier League), qui a toutefois la particularité de disposer d’un stade de moins de 12 000 places.
Si l’envolée des droits TV est d’une bien moindre ampleur en France, l’OL se trouve dans la même situation que certains clubs de Premier League. Un coup d’œil rapide aux comptes – désormais parfaitement lisibles pour n’importe quel gone qui se respecte – suffit à le prouver.
Lors de la saison 2016-2017, l’OL a encaissé 44 millions d’euros de recettes grâce à la billetterie. L’année dernière, moins bon parcours en Coupe d’Europe oblige, seulement 37 millions d’euros sont entrés dans les caisses de la holding grâce aux billets et abonnements. Il faut soustraire à ces recettes environ 790 000 euros par match, en raison des coûts de transports, sécurité, et nettoyage du stade. Avec 19 matchs de L1, 5 de Coupe d’Europe en moyenne, et, disons, 2 matchs de coupe nationale par saison (même si 0 l’année dernière et pas beaucoup plus l’année d’avant), le stade « coûte » environ 20 millions d’euros en fonctionnement chaque année. Il génère donc (hors remboursement de la dette) au mieux une vingtaine de millions d’euros par an de bénéfice, comme le confirme un des derniers communiqués de l’OL, qui parle d’une marge brute de 51 % pour le stade.
#TeamEBITDA
Or, ces dernières saisons, le fameux EBITDA s’élevait nettement au-dessus de ces 20 millions d’euros, notamment grâce aux ventes de Corentin Tolisso et d’Alexandre Lacazette (51 millions d’euros d’excédent brut d’exploitation en 2016-2017 et 41 millions d’euros sur le seul premier semestre 2017-2018 , en attendant les chiffres du second semestre). En clair, l’OL parvient à dégager des résultats positifs de plusieurs millions d’euros sans prendre en compte les résultats de la billetterie.
Ces calculs offrent un intérêt pour prendre la mesure de l’importance centrale des droits de diffusion TV dans le business des clubs. Et illustrent parfaitement pourquoi les diffuseurs ont pris le dessus sur les supporters dans le choix des horaires des matchs. Si on organisait les matchs de Ligue 1 pour les supporters, l’OL (et les autres) joueraient tous les samedis à 17 heures, et jamais le dimanche à 21h. La télé gagne, parce qu’elle est la plus rentable pour les clubs. Cette importance des droits TV explique peut-être aussi certaines sorties lunaires de Jean-Michel Aulas : quand il s’en prend à ses supporters, Jean-Michel Aulas sait qu’il ne prend pas un risque majeur concernant les finances du club.
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@OL PaS très justifiée votre remarque l’Ol joue bien bien et gagne si vous n’aimez pas ne venez pas svp
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) 13 août 2018
Cela dit, ces savants calculs ne doivent pas être pris au pied de la lettre : sans supporters dans les gradins, pas de droits TV si élevés, pas de contrats de sponsoring si importants, pas de revenus « catering » (sandwich, bières – entre 6 et 8 euros par personne et par match en moyenne au Parc OL), et probablement moins de maillots vendus. Les supporters ont donc heureusement toujours un poids central dans la vie des clubs. Ce qui explique aussi le poids symbolique des virages, tribunes les moins rentables pour les clubs mais qui peuvent faire changer d’avis certains dirigeants. Même les plus têtus.
(Photo Damien LG)