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Le jour où j’ai avoué à Danic qu’il jouait à l’OL
- Publié le: 9 avril 2014
FLECKY TIME. Parachuté dans le staff de l’Olympique Lyonnais, Eddy Fleck voit tout, entend tout et répète tout. Une sorte de concierge 2.0 qui a trouvé son terrain d’expression dans une rédaction sans scrupule. Car c’est bien connu, la vérité sort de la bouche des mythos.

Le photographe : « Tu joues pour quel club ? – Comment veux-tu que je sache ? » (Photo Panoramic – Pauline Manet)
« Sans déconner ?! » C’était la dernière phrase qui venait de sortir de la bouche de Gaël. Nous étions attablés depuis une heure au Grand Café des Négociants. Le soleil tapait fort sur nos têtes et le front Rihanna du milieu lyonnais commençait à ressembler au cul d’un Bordelais après le passage de l’ouragan Tolisso. J’avais enfin réussi à le convaincre. Oui Gaël, tu es un joueur de l’Olympique Lyonnais.
Gaël : « Tu veux dire que quand Jean-Michel m’a fait signer, avec un maillot et tout, c’était pour du foot ? »
Il était un peu con. En même temps, passer cinq ans dans le Nord laisse des traces. Mets Bill Gates à Valenciennes pendant 48 heures, tu le retrouves sur W9 dans les Ch’tis à Ibiza. Gaël avait réussi à passer ce cap et à proposer quelques bonnes choses dans le Barca du 59 (comparaison erronée puisque le club catalan a lui toujours donné sa chance aux mineurs).
Moi : « Tu te rends compte qu’on est en avril 2014 et que tu ne sais toujours pas dans quel club tu évolues ? »
Gaël : « En même temps, tu m’as vu toucher une balle cette année ? Si vous prévenez pas, comment je peux savoir ? »
Il n’avait pas tort sur ce point. Faire quelques bouts de rencontres dans une saison qui en compte déjà plus de cinquante relève de l’exploit. L’exploit à chier. Quelques signes auraient pu attirer son attention, comme la photo d’équipe d’avant-saison ou lorsque Gerland scandait son nom lors de ses apparitions sur l’écran géant du stade. Finalement, aucun déclic n’est venu perturber sa conscience.
Gaël : « J’ai eu un doute quand Rémi m’a demandé de jouer dans un match avec le maillot de l’OL. Mais j’ai préféré penser que c’était une erreur administrative. Pour moi, je suis toujours à Valenciennes. D’ailleurs quand je suis entré en jeu dimanche au Hainaut, le public m’a applaudi. »
Moi : « Mais putain, t’es le frère de Jourdren ? C’est quoi le délire ? Quand tu vas aux conférences de presse avec le coach, c’est pour quoi à ton avis ? Et l’avant-saison à Tignes ? »
Gaël : « J’ai un pote qui est allé en Erasmus plus jeune. J’ai pensé à ça. »
En fait, il avait vraiment rien compris. Tous ces déplacements réalisés pour rien du tout avait fini par l’enfermer dans une bulle dont il ne pouvait plus se sortir. Une sorte de syndrome de Stockholm où la connerie serait son bourreau. Et moi, j’avais l’impression de discuter avec Kamel de Loft Story. Sauf que lui avait au moins conscience de faire partie d’une « team ».
Gaël : « Bon, OK… Je suis un joueur de football alors ? On va fêter ça, c’est moi qui régale. En plus j’ai encore reçu un gros virement ce mois-ci. Je sais pas à quoi ça correspond, mais ça fait toujours plaisir. »
J’ai certainement insulté sa mère plus de dix fois dans ma tête durant ce rendez-vous, mais il payait son coup et c’était déjà pas mal. J’avais rempli ma mission : avouer à Danic qu’il jouait à l’OL. Enfin, je crois.
Eddy Fleck