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Lacazette, le Goneador
- Publié le: 22 décembre 2014
RANK’N’OL #S03E24. Avant même de disputer son dernier match d’avant la trêve, l’OL était dans les temps de passage. Raison de plus pour accélérer et faire valser les Girondins. Derrière Lacazette intouchable, les gars du crew ont fait bien plus que porter la marque à des niveaux dignes d’un score flow (5-0). Ils ont envoyé un genre de manifeste qui fait dire qu’une nouvelle saison pourrait commencer à partir de janvier. Où Lyon se tient de nouveau prêt pour jouer le titre avec pour cri de ralliement : « Kids are OL right ! »
Le match : Seconds et beaux à la fois
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Alexandre Lacazette
« Il a fallu qu’Alexandre accepte l’idée de se faire mal. » Sur le coup, on a manqué de sourire devant cette explication de Puel. On y a d’abord entendu la disculpe de celui qui n’aurait pas su se rendre à ce qui apparaît désormais comme une évidence. Ce qui concerne Lacazette est devenu une affaire bien trop sérieuse pour se permettre d’en sourire plus longtemps. Si on ne sait pas dans quelle mesure l’attaquant lyonnais est parvenu à se faire violence pour franchir les étapes, il est surtout parvenu à imposer cette autre idée selon laquelle il savoir faut faire mal pour être bien. C’est là-dessus que se joue sa toute première apparition dans le match. Porté pour disparu ou presque au bout d’un quart d’heure, le Kid de Mermoz surgit dans le jeu très loin des finesses techniques que ses deux buts et ses contrôles en mouvement finiront par imposer par la suite : sur un ballon perdu face à Mariano et qu’il s’emploie à récupérer à coups de poussettes et jeux de corps. Lacaz’ y gagne bien plus qu’une touche. C’est une première faille dans la défense bordelaise qui vient de s’ouvrir. Physique d’abord, puis mentale à mesure qu’il pourra imposer son sens du but pour planter aussi bien en pleine course (39e) qu’en pointe plus statique qui renifle la manita comme personne (90e). L’air de rien, on n’aura jamais aussi bien porté les couleurs de la formation lyonnaise qu’avec Lacazette, où la rage intérieure importe autant que les qualités techniques pour peser dans la réussite du moment. Pas pour rien qu’on en arrive à préférer cette récup’ qui, en un plat du pied, libère assez N’Jie pour envoyer Tolisso marquer le deuxième (56e). Ce qui fait toute la différence entre n’importe quel goléador du moment et ce Gonéador parti pour durer.
2. Nabil Fekir
Lorsque, au milieu des années 2000, l’OL est subitement devenu un candidat crédible à la victoire en Ligue des champions, huit petites années à peine après avoir célébré sa « victoire » en Coupe Intertoto, il était de coutume de dire des supporters lyonnais qu’ils étaient des enfants gâtés, ce qui avait tendance à les agacer. Quand on a entendu, au milieu des années 2010, certains appeler Nabil Fekir à calmer ses ardeurs et à symboliquement rester à sa place (cf. le penalty raté contre Caen), cette phrase nous est revenue à l’esprit. Déjà, parce qu’il est particulièrement dommage, pour ne pas dire triste, de s’habituer à Nabil Fekir, à peine cinq mois après l’avoir découvert à plein temps. Combien de différences, le style en supplément, pour un péché d’orgueil ? Mais surtout, quelle est la place de Nabil Fekir ? A priori celle du patron, qu’il a prise justement parce qu’il croit en lui et qu’il est tout à fait capable d’en assumer les conséquences. Comme lorsqu’il décrète, au bout d’une demi-heure, que le 4-3-3 est un peu trop stérile face à des Bordelais qui le sont davantage et qu’il décide de s’en retourner dans le cœur du jeu. Dix minutes plus tard, l’OL mène grâce à Alexandre Lacazette, évidemment servi par Fekir, d’un extérieur du pied des plus chics (0-1, 39e). La suite sera aussi délicieuse, agrémentée d’un but pour lequel il contourne Carasso avec Sertic sur le dos comme si ni l’un ni l’autre n’existait (0-3, 81e). Tout ça pour nous renvoyer une nouvelle fois à la question qui fâche sans qu’on ait compris pourquoi : il n’y a aucun mal à être un public d’enfant gâté. Faut juste savoir en profiter.
3. Maxime Gonalons
Si l’OL 2014-15 penche très clairement vers l’avant sans presque jamais tomber, c’est bien qu’il y a quelqu’un pour le retenir. Et Washing Maxime connaît désormais son rôle par cœur, y compris quand les gars d’en face essaient de la faire à l’envers à grands coups de défense à trois. « Ho hisse, éculé », hurle alors le capitaine, qui ne s’y est plus laissé prendre depuis un mois et qui maîtrise comme personne la gestion des temps faibles, lorsqu’il faut s’intercaler entre Umtiti et Bisevac, quand il n’est pas à l’initiative des temps forts, par la grâce d’une de ses passes verticales. C’est d’ailleurs ainsi qu’il amène l’ouverture du score en servant Fekir, le passeur décisif pour Lacazette (0-1, 39e). Mais plus que casser des lignes, c’est évidemment pour sa capacité à casser les attaques que Gonalons est précieux, et probablement même le meilleur en France à ce jour. Le relatif mépris à son égard ne sera pas éternel. D’ici là, le Rank n’oubliera pas de célébrer celui qui fait le sale boulot, même les jours d’euphorie offensive. Pour la beauté du lest.
4. Jordan Ferri & Corentin Tolisso
Le milieu peut tourner à plein régime et les matchs virer à la petite démonstration du jeu à la lyonnaise, on finit toujours par en revenir à ça : qu’est-ce que ce sera quand Grenier, Fofana et Gourcuff reviendront ! Le milieu 4G était parti pour manquer en début de saison comme il a fini par manquer à Rémi Garde pour clore son exercice. Pour autant, manque-t-il toujours à l’OL ? Si l’on s’en tient aux sorties lyonnaises les plus abouties du moment, face à Caen puis à Bordeaux, le duo Ferrisso fait mieux qu’assurer l’intérim. Il parvient jusqu’à faire oublier l’existence du milieu en titre. Pour en arriver là, les deux Gones ont fait valoir une première qualité pour s’imposer sur la durée : un physique qui sait encaisser les coups. Il n’y a qu’à voir leur engagement pour gratter un ballon, étouffer une relance bordelaise, se projeter à la moindre récup’ un peu haute. Condition nécessaire pour exister, mais pas encore suffisante pour prendre un peu d’avance sur les titulaires. Pour en arriver là, il a fallu passer un premier mur sur lequel une carrière naissante peut se fracasser. L’OL avait déjà la certitude de tenir l’une des plus fortes générations du foot français – à la pointe de ces « meilleurs jeunes joueurs du monde » évoqués par Bielsa. Il a peut-être mieux que ça avec Ferrisso qui passe pour l’un des milieux les plus durs du moment. Du genre à se pointer le match d’après comme s’il n’avait jamais sombré un soir de Derby ou manqué ce tir aux buts qui élimine l’OL en Coupe de la Ligue. Après avoir convaincu en montrant qu’ils ne faisaient rien de mal à défaut de tout faire bien, ils sont parvenus à imposer l’idée qu’il va falloir faire mieux que ça pour les sortir du game. Et là, si Grenier, Fofana et Gourcuff y parviennent, ça risque effectivement de valoir le détour.
5. Anthony Lopes
Le meilleur défenseur de la soirée n’est pas forcément celui qui aligne le plus d’interceptions grâce à son sens de l’anticipation (Umtiti), ni celui qui s’arrache pour retirer des pattes bordelaises l’occasion d’égaliser à la 52e (Bisevac). Le meilleur est celui qui sait maintenir au loin la menace adverse. Et à ce jeu, les relances de Lopes ont fait bien plus de mal aux tentatives girondines que sa sortie dans les pieds de Kahzri (6e) ou son coup de paume qui dévie un tir vicelard de Touré (14e). Le protégé de Bats a trouvé mieux qu’un sauvetage pour passer une soirée tranquille : renvoyer le jeu de son équipe loin devant. Pas pour rien si les deux premiers buts de la soirée ont à voir avec ce pressing haut et fort qui empêche les Bordelais de sortir de leur moitié de terrain. Et histoire d’en être un peu plus convaincu, c’est Lopes lui-même qui se charge d’envoyer Fekir donner le tournis à Sertic et Carrasso sur le troisième (81e). Résultat, ce n’est pas la défense à trois qu’on attendait qui s’est imposée. C’est bien celle où l’international portugais se joue de l’idée qu’on se faisait de lui, celle du gardien de combat, pour ne pas avoir à devenir le gardien qu’on bat. Ce qui implique de devenir un gardien qui sait passer pour mieux renvoyer au loin le risque de finir dépassé.
Par Pierre Prugneau et Serge Rezza
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(Photo Thierry Breton – Panoramic)