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« Gourcuff est un très bon footballeur, mais pour être footballeur, il faut jouer »
- Publié le: 6 mars 2014
RANK’N’OL S02 – BILAN #5. On commence par décrire l’histoire d’un club, puis par l’écrire pour finalement en faire un peu partie. Christian Lanier, journaliste au Progrès depuis 1987, incarne une certaine idée qu’on se fait de l’OL, mais aussi de la ville. Plus que lyonnais, Lanier est Lyon. Et donc forcément un peu Rank’n’OL.
« Quand on est Gerlandais, on ne va pas derrière les voûtes »
T’es un Lyonnais d’où ?
Je suis né à Lyon 7e. J’ai habité rue Parmentier, vers la place Jean-Macé. Autant dire que je n’ai jamais été loin de Gerland. La première fois que j’y vais, c’est pour un Lyon-Nancy, en 1970. L’un des tous premiers matchs de Mario Coluna.
Qui ne restera pas longtemps à Lyon…
Non, mais c’est une star, le grand copain d’Eusebio. Pour honorer son transfert, l’OL part jouer un match amical contre l’équipe B du Benfica – l’équipe première était bien trop forte. Quand les Lyonnais arrivent à leur hôtel, ils trouvent une foule monstre. Les Benfiquistes savaient que Coluna était avec l’OL et voulaient le revoir. Après, quand il signe à Lyon, il a 35 ans et souffre d’un peu d’embonpoint. Pour ne rien arranger, il s’installe dans un appartement juste au-dessus du Hot Jazz Club de la place Carnot. Comme c’est un grand fan de jazz – peut-être de whisky ?-, il y descend tous les soirs… Il lui restait encore un très beau toucher de balle et de quoi marquer quelques buts.
Est-ce qu’il y a un joueur de cette génération qui te reste plus qu’un autre ?
Pour moi, c’est Fleury Di Nallo. Je vais Virage Nord, sous la pendule. De là, quand tu es gamin, le stade te paraît tellement immense. Je vois alors un tout petit bonhomme qui joue entre les lignes et passe tout le monde.
Comment un joueur qui a attiré autant de convoitises a pu rester si longtemps à Lyon ?
Pour commencer, il n’a pas eu tant d’offres. La principale offre est venue du président Rocher de Saint-Étienne, mais ça s’est mal fini. Il reçoit des menaces de mort sur lui et sur ses enfants. Il prend peur et ça ne se fait pas. Il ne faut pas oublier non plus que Di Nallo reste un gars de Gerland, le quartier de lônes avec ses immigrés qui arrivent d’Espagne et du Sud de l’Italie. Les gens de Gerland ne sont d’ailleurs pas vraiment considérés comme des habitants de Lyon dans ces années-là. Quand on est Gerlandais, on ne va pas derrière les voûtes : les bourgeois de Lyon ne veulent pas en entendre parler ! Di Nallo vient donc ce monde-là, avec un père qui arrive dans les années 1930 pour travailler à la Chimique de Gerland et son frère qui se met dans la ferraille, dans un milieu où l’on côtoie surtout des Italiens du Sud et des Gitans.
« Aulas ? Personne ne connaît ce nom »
Plus tard, tu arrives au Progrès à un autre moment important de l’histoire de l’OL, après les années de D2.
Quand j’arrive au Progrès, c’est Patrick Chêne et Olivier Blanc qui suivent l’OL. Un soir, un mec de la locale, Charvet, vient nous voir aux Sports. Il revient d’un déjeuner avec Bernard Tapie, à Aubagne, pour son émission Ambitions. Il lui a demandé qui il verrait à la tête de l’OL. Tapie répond : « Je peux vous donner un nom, un jeune industriel très brillant : Jean-Michel Aulas. » Chez nous, personne ne connaît ce nom. Avec Olivier Blanc, on se met à fouiller.
C’est quoi le premier contact ?
C’est froid. Aulas ne comprend pas la presse. Plus encore, la presse locale qui, pour lui, doit toujours être derrière l’équipe. Il ne comprend pas plus les entraîneurs. Ça ne passe pas avec Robert Nouzaret. Il prend un ancien grand joueur du club, Marcel Leborgne, un gars de terroir, et là, ça ne marche pas non plus…
On annonce l’arrivée de Terry Venables en provenance du Barça et débarque Denis Papas, prof d’EPS, ancien coach de Louhans-Cuiseaux…
Denis Papas, qui vient de Limas. Ce qui a valu à Jean-Paul Savard d’écrire dans Libé : « Denis Papas qui vient de Limas (et c’est pas le Pérou). » (Rires) Pour la bonne ambiance, il demandait aux joueurs de se tenir la main avant l’entraînement. Autant dire que ça n’intéresse pas du tout Aulas, qui veut des gens qui avancent plus vite, qui soient plus jeunes.
« Avec Domenech, l’Olympique Lyonnais devient le seul projet »
Quand Raymond arrive, tu le connais déjà ?
Oui, je l’ai toujours suivi. Un gars d’une rare intelligence, issu d’une famille d’immigrés catalans installés dans le quartier Charréard de Vénissieux. Il arrive très tôt à l’OL, où différentes familles du quartier l’amènent. C’est un bonhomme plus petit que les autres, qui n’a pas d’équipement. Il joue avec des baskets qui n’en sont pas vraiment, des chaussettes de ville, porte un autre maillot que celui de l’OL. C’est Domenech, quoi ! Un gamin déjà différent et qui joue alors attaquant. Un jour, Di Nallo le repère et dit à Mignot : « Lui, il faudrait le mettre ailleurs. Attaquant, il ne va pas t’en mettre beaucoup. Mais à un autre poste, je te promets que le mec en face va passer un sale quart d’heure ! »
C’est la même génération que Lacombe ?
Ils ont le même âge, mais Lacombe est un personnage complètement différent. Il pense toujours que la meilleure équipe de tous les temps, c’est celle avec laquelle il a remporté la Gambardella en 1970 et qu’il retrouve chaque mois sur la Croix-Rousse. Domenech reste un esprit indépendant qui regarde toujours vers l’avant. Pourtant, on a beau avoir deux personnages aussi différents, l’alchimie fonctionne tout de suite entre les deux.
Ils s’écoutent ?
En 1988, ils arrivent à une période de leur vie où ils viennent d’arrêter le foot. C’est là qu’arrive coup de fil d’Aulas, conseillé par différentes personnes à Lyon, dont des gens de la presse. Domenech est entraîneur à Mulhouse et il est partant. Pour Lacombe, c’est André Chêne, le père de Patrick Chêne, responsable du Service des Sports au Progrès, qui le fait appeler par Robert Nouzaret. Lacombe est alors installé à Bordeaux. Il n’attend que ça. Du coup, le tandem se fait rapidement et marche tout de suite : la connaissance footballistique de Lacombe d’un côté, la capacité intellectuelle de Domenech pour analyser les situations de l’autre. L’OL sortait alors d’années de divisions sans fin, notamment dans le vestiaire… Raymond arrive et lance : « Avec moi, on ne parle que de foot. Celui qui ne parle pas de foot, dans le vestiaire ou dans sa vie, je le vire. Il n’existe plus. » L’Olympique Lyonnais devient le seul projet.
« Garde avait tout, mais il était trop fragile pour jouer au milieu »
Pourquoi le ressort va se casser après la qualification en Coupe d’Europe en 1991 ?
Après une bonne première saison en D1, il faut passer à autre chose. Le club rend le statut de SAOS : c’est la fin des subventions municipales et les fonds privés prennent le dessus. Quand Domenech voit arriver les premières grandes signatures comme Cabanas ou Bouderbala, il apparaît vite en décalage. C’est pas ce qu’il voyait. Il voulait encore continuer avec les jeunes et la formation. Mais Aulas veut aller plus vite et il le presse. Après une défaite contre l’ASSE à Gerland et une élimination contre Pont-Saint-Esprit en Coupe de France, on comprend que c’est fini.
Pourquoi Lacombe parvient à rester ?
D’abord, Lacombe a fait preuve de ses compétences. Et puis, il connaît toute la ville et ses réseaux. Et ça, Aulas en a besoin. Domenech se fout des réseaux : il reste un électron libre qui peut aller jouer du Tchekov au théâtre de l’Agora.
Côté vestiaire, Garde se barre. Il était comment comme joueur ?
Il avait une vision de jeu superbe, un timing, une frappe de balle… Il avait tout, mais était bien trop fragile pour pouvoir jouer au milieu. Ce qui a fait dire à Domenech : « Rémi, s’il joue libéro, il fera 60 sélections. »
Quelle est la part de sa carrière de joueur dans sa formation d’entraîneur ?
Le fait d’avoir bossé avec Wenger en fait un entraîneur moderne. En recherchant la possession de balle, la maîtrise technique, la relance de derrière, on voit qu’il est aussi très inspiré par le travail de gens comme Cruyff. Des fois, t’as quand même envie de lui dire de laisser le ballon aux autres. À Rennes par exemple, Montanier a le sourire parce qu’il sait qu’il n’a qu’à faire venir les Lyonnais pour les planter. Et il les plante.
« À deux jours du matchs, tu retrouvais Juninho terrorisé »
Pendant les années de domination, tu te « spécialises » sur les Brésiliens. Cette filière, c’est un peu toujours les mêmes profils : Sao Paulo plutôt que Rio, la classe moyenne plutôt que les bas quartiers. C’était un choix du club ?
Oui, ça correspondait plus au tempérament de Lyon. Le club se savait incapable de gérer des têtes brûlées ou du moins des gens venant de milieux plus durs. Je me souviens par exemple qu’au début, le club voulait prendre Cafu. Mais il fallait aller le trouver dans un garage, avec tous ses frères, au milieu d’un quartier sordide de Sao Paulo. Il avait je ne sais pas combien d’agents. Lacombe ne pouvait pas aller le chercher tout seul.
Il y a surtout eu Juni…
J’ai eu le privilège de voir la fameuse cassette que Lacombe venait de montrer en Comité de Gestion. Seydoux lui demande : « On en est où avec ce Brésilien ? » Lacombe lui répond : « Il est là ! » Et il leur montre la cassette où on voit Juni mettre des coups francs impossibles, dont un en demi-finale de la Coupe Libertadores contre River Plate. L’image est un peu floue, mais la cassette fonctionne.
Qu’est-ce que t’en dit Lacombe quand il te montre la cassette ?
Il voit un mec de 26 ans qui met buts sur buts à chaque coup de pied arrêté. Il sait qu’ily a bien des contacts avec Barcelone ou l’Inter, mais Juninho est un mec très craintif, complètement torturé. Quand il arrive, il voit le confort de la ville, la filière brésilienne et la présence de Sonny. Du coup, ça le rassure.
Quand tu dis torturé, il l’est jusqu’à quel point ?
Chaque mercredi, par exemple, il était dans le bureau de Lacombe à se ronger les ongles en vue du match de samedi : « J’ai peur ! »
Alors qu’il n’est jamais vraiment passé au travers…
Parce qu’avant chaque entraînement, il passait une heure dans le vestiaire à cirer ses chaussures, à faire ses lacets, à se préparer nickel. Un mystère. Et à deux jours du match, tu le retrouvais complètement terrorisé. Tu le vois bien quand il tire un coup franc : sa concentration et son angoisse sont hors norme ! C’est pour ça que la ville de Lyon et le club lui ont tellement correspondu.
Parmi les Brésiliens, il y a aussi ceux qu’on attend comme des génies et qui finissent par décevoir. Comme Fred…
Lui, il arrive un peu jeune et, surtout, c’est un Carioca : un mec qui vit entre Copacabana, le Corcovado, qui passe par Botafogo et qui ne va nulle part ailleurs. Le genre à se tirer une balle quand il arrive dans le quartier d’Ainay.
Il y a aussi Fabio Santos auquel Lacombe semblait croire beaucoup…
Là, le problème est dans la tête. C’est peut-être un des plus grands milieux jamais vus, qui te passe les lignes aussi bien avec le ballon que sur une passe. Un mec tatoué de partout qui fait peur à tout le monde au Brésil… Mais un joueur que tu ne pouvais pas balancer en Ligue 1 comme remplaçant.
1. Henri Bédimo : « Maxwell, il peut venir ! Bédimo le bouffe »
Quand il arrive, j’en suis encore à ce que m’en a dit Loulou Nicollin : « Quand je vois un mec comme Bedimo tenter une panenka au Trophée des Champions contre Lyon et qu’il le foire, je me dis que la saison est foutue. » Si Loulou est si déçu que ça, c’est que ça ne doit pas être terrible. À l’arrivée, on a un joueur qui arrive à Lyon avec l’idée de prouver qui il est.
Qu’est-ce qui le rend si fort ?
C’est son aisance à passer les lignes. Tu peux même le mettre ailier gauche à l’ancienne, il te fait quarante mètres ! Il peut même te marquer des buts. Je pense même que c’est le plus fort qu’on ait eu depuis des années. Lyon a eu Manu Amoros qui était un très grand latéral gauche, mais ce n’était pas le même registre, pas la même puissance. À part Roberto Carlos et Marcelo à Madrid, je ne vois personne à son niveau dans ce registre. Maxwell, il peut venir ! Bédimo le bouffe. (Rires)
Est-ce qu’il n’est pas surtout en train de marcher sur l’eau ?
Je pense qu’il a appris la rigueur à Lyon. Ici, il a trouvé des gens qui s’occupent de lui. Le club lui permet de mieux gérer ses efforts. Je pense que le cadre qu’il a trouvé ici y est aussi pour beaucoup dans sa réussite. Et puis, c’est aussi un très bon client pour la presse. Il cause, il se marre, il voit la vie du bon côté. Tu sens le joueur qui a eu le temps d’analyser sa réussite.
2. Alexandre Lacazette : « Faut pas oublier d’où il vient : 8e arrondissement, quartier Mermoz »
Ça fait longtemps que j’en entends parler, par le père d’Enzo Reale notamment qui le trouvait extraordinaire. Il a fallu attendre qu’il y ait un peu de place pour jouer. Et quand il y avait un peu de place, c’était à droite. Aujourd’hui, on voit bien que c’est un attaquant de pointe : en rupture, techniquement très fort, qui se relève, se retourne, ne craint pas les coups – au point même d’y aller vraiment…
Ce qui est intéressant, c’est que même en étant dans un poste d’égoïste, de tueur, il n’a jamais lâché son sens du sacrifice.
C’est un combattant. Il ne faut pas oublier d’où il vient : 8e arrondissement, quartier Mermoz… C’est pas la Roseraie ! On n’est pas au Jardin des Fleurs ! Quand tu poses tes crampons gamin sur un terrain comme ceux que tu trouves là-bas, tu sais qu’il faut y aller. Après, il faut aussi avoir la chance de tomber dans la bonne période. Il y a 7-8 ans, Lacazette n’aurait pas eu cette chance-là. Il n’aurait peut-être pas eu sa chance du tout. Après, est-ce que Benzia et les autres vont suivre derrière lui ?
On entend tout et son contraire au sujet de Balhouli par exemple…
Mais il est jeune. Il faut se souvenir ce qu’on pouvait être à 18 ans. J’ai discuté avec Fréchet et il m’a dit : « J’ai pas vu un mec plus fort que Bahlouli ! » Fréchet, ça fait vingt ans qu’il fait de la formation ! Même Fékir, c’est très bon. Surtout que lui a connu le bas – les matchs avec le FC Vaulx, Saint-Priest – avant d’arriver en haut.
Parmi les jeunes issus de la formation, lesquels t’ont fait le plus halluciné ?
Flo Maurice était très fort. Je revois toujours José Broissart qui gueulait à son retour des J.O d’Atlanta : « Vous allez voir, pour les gamins qui reviennent des J.O, ça va être une boucherie ! » Et ça n’a pas manqué : il se pète le tendon en 1996 à Nantes. Pour la suite de sa carrière, ça a été dur. Après, le premier très costaud, c’est N’Gotty. Un monstre ! Il file pour Paris parce qu’il faut payer les primes négociées par Pascal Olmeta (l’OL venait de finir deuxième du championnat1994-95, ndlr). Guy Stéphan part en vacances et il a encore son N’Gotty. Il revient, N’Gotty a été vendu. Après ça, la saison devient plus dure.
3. Clément Grenier : « Est-il assez solide pour aller jouer à Chelsea ou à Arsenal ? Pas sûr »
Il arrive tôt à la formation et les éducateurs qui le voient passer s’aperçoivent que jouer avec lui ou sans lui, c’est pas pareil. Il a donc le potentiel. Après, il arrive chez les pros dans une période où ce n’est pas facile : à 20 ans, il y a encore une grande équipe. Et quand il pense avoir sa chance, l’OL prend Gourcuff.
Cet été, quand il est annoncé comme le meneur en chef, tu y crois ?
Il est adroit, il joue des deux pieds, il a une frappe. Quand il est sur le terrain, on voit que ce n’est plus seulement le gamin propre sur lui : il gueule et se montre plus costaud.
Est-ce qu’il aura 50 sélections ou bien fera-t-il partie de ces milieux lyonnais qu’on adore, mais qui ne font pas ce carrière internationale et qu’on adore (Gava, Durix, Garde…) ?
Le risque dans ces postes-là, c’est qu’il y a énormément de concurrence. Chez les créateurs, les grands joueurs sont encore ceux qui sont les plus réguliers. Et puis, il ne faut pas tomber sur une star. Gilles Rampillon, qui était pourtant un joueur sublime au FC Nantes, arrive en même temps que Platini. Qu’est-ce que tu veux faire ?
Sauf que lorsque Grenier parle de sa carrière, Lyon n’est qu’une étape. Comme s’il n’avait jamais mesuré qu’il pourrait y faire qu’une belle carrière de Ligue 1…
C’est sûr que c’est un ambitieux. Il s’aime bien et il a besoin d’être aimé. Pourtant, je me dis qu’à Lyon, il est en sécurité : il touche 200 000 euros par mois et peut jouer avec ses copains de promo (Umtiti, Lopes…). Est-il assez solide pour aller jouer à Chelsea ou à Arsenal ? Pas sûr. D’autant que Grenier reste un footeux dans l’âme. Il fait partie de ces joueurs qui ont besoin d’être titulaires à tous les matchs.
4. Gueïda Fofana : « Quand il ne joue pas, l’équipe perd »
Pour l’instant, il est aussi régulier qu’il n’est pas très populaire, au sens où les gens ne le connaissent pas vraiment. C’est un bon joueur, mais on va te dire qu’on ne le voit pas, que ça manque un peu de technique. Pourtant, il marque des deux pieds, joue tout le temps et quand il ne joue pas, l’équipe perd.
C’est une perception de l’extérieur, parce qu’au sein du groupe, on sent un joueur particulièrement respecté.
Dans le vestiaire, c’est un mec discret, avec des principes, pas grande gueule. En revanche, sur le terrain, là, ça devient un leader. Tu le vois replacer les mecs, maîtriser parfaitement le système de la zone, capable d’expliquer qui fait quoi. C’est un joueur intéressant pour un coach : intelligent, sérieux, qui ne tire jamais la couverture à lui. Quand il te dit qu’il est fan de Steven Gerrard, c’est quand même révélateur. Fofana, c’est l’équipier.
Quelles sont ses ambitions ?
C’est un Normand qui a été bercé par la Premier League. C’est un football qui lui plaît et qui va bien à son jeu.
5. Yoann Gourcuff : « Celui qui sait ce qu’il a, il faut qu’il nous appelle »
Troisième saison et demi et seize mois d’arrêt de travail… Gourcuff est un très bon footballeur, mais pour être footballeur, il faut jouer. Là, non seulement il ne revient pas, mais en plus, il disparaît de la circulation. Donc du vestiaire, des entraînements. Sa vie de groupe en reprend un coup. C’est-à-dire que toutes les complicités accumulées pendant dix matchs finissent par retomber.
Et pourtant, dès qu’il revient, il revient toujours très fort. Le classement de l’OL avec Gourcuff n’est pas le même que sans…
Quand il est là, tu vois bien qu’il est capable de garder le ballon et de faire les passes décisives à tout moment. Mais on en est aussi à trois ans et demi passés à Lyon et la barre des cent matchs qui vient juste d’être franchie.
Le fait qu’il ne parle pas semble renforcer l’incompréhension.
Le gars qui s’occupe de ses intérêts, que ce soit son agent ou son avocat, doit lui dire à un moment donné : « Fais un effort avec les Lyonnais ! » Qu’il n’aime pas la presse, c’est une chose. Mais à un moment, il faut que tu te montres dans ta ville.
D’autant que c’est une ville qui lui correspond a priori.
Les Lyonnais sont des gens gentils. À Lyon, un footballeur peut se promener dans la rue, personne ne va l’ennuyer. C’est comme s’il ne profitait pas de l’opportunité offerte. Pour l’entraîneur, c’est terrible. Pour le club qui le rémunère, c’est un investissement incroyable… Il ne sait plus quoi faire. Quand tu demandes à tel toubib « Mais qu’est-ce qui se passe ? », tout le monde te dit que ça va très bien.
On a quand même senti à Nantes que Garde n’a plus forcément envie de le ménager.
Mais tu mets le short, les chaussettes et tu joues ! Sinon, ça va durer encore un mois. D’autant que, médicalement, le club a tout pour gérer les hommes et la répétition des efforts. On ne sait d’ailleurs toujours pas ce qu’il a. Celui qui sait ce qu’a Yoann Gourcuff, il faut qu’il nous appelle parce qu’on aimerait bien savoir ! (Rires)
Propos recueillis par Pierre Prugneau et Serge Rezza
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