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Le départ d’Emanuel Mammana, ânerie céleste
- Publié le: 29 juillet 2017
MERCATO. Emanuel Mammana, prometteur défenseur central albiceleste de 21 ans arrivé lors du dernier mercato estival, devrait quitter l’OL et rejoindre le Zénith Saint-Pétersbourg. Un mouvement inattendu et grandement incompréhensible.
On aurait pu sentir le coup arriver dès vendredi matin. En conférence de presse, Bruno Genesio avait alors pointé du doigt le manque de complémentarité entre Emanuel Mammana et la recrue Marcelo et poliment fait comprendre que l’Argentin partait avec une longueur de retard dans son esprit. Plus tard dans la journée, Jean-Michel Aulas en remettait une couche sur Twitter en refusant à son défenseur central le statut d’international. Mais cela ne nous avait pas spécialement mis la puce à l’oreille. On a dû s’habituer à voir un entraîneur inventer des bouc-émissaires pour faire oublier ses propres torts et un président tellement en roue libre sur les réseaux sociaux qu’il est prêt à s’en prendre à un de ses propres joueurs pour clasher un de ses propres supporters.
Vous avez des raisonnements simplistes pour pas dire simplets : Emmanuel a fait 1 seule sélection et dans des conditions particulières
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) July 28, 2017
Et puis il y a eu cette brève du site internet de l’Équipe, qui nous a fait comprendre que tout cela n’était pas forcément fortuit. « Emanuel Mammana vers le Zénith Saint-Pétersbourg ». Surprise totale. Ceux pour qui l’Institution OL a toujours raison, puisque c’est l’Institution OL et que toutes ses décisions sont les bonnes, ont vite pris le relais et affûté leurs éléments de langage : un manque de discipline de Mammana (qui n’avait pas spécialement posé problème ou mérité d’être évoqué jusque-là, quel hasard) et un rendement discutable.
L’échec est pour le club
S’il n’a clairement pas montré la pleine mesure de son talent à l’OL, l’Argentin n’a pourtant pas été plus ridicule que ses compères de la défense centrale. Défenseur central le mieux noté en moyenne par nos soins cette saison (on veut bien entendre l’argument de la subjectivité), Mammana est aussi l’un des meilleurs de l’équipe à son poste dans toutes les statistiques défensives de Squawka (c’est un peu moins subjectif). Tout cela en ayant un jeu un peu plus risqué que ses collègues, et une capacité de relance supérieure (pas besoin de stats pour s’apercevoir de cela, 30 secondes de visionnage de matchs suffissent). Le transfert d’Emanuel Mammana acterait, s’il se confirmait, un constat d’échec pour le club. Avoir un entraîneur qui n’est pas dans le top 10 de ceux exerçant en France (et on est gentil) est une incongruité pour un club au budget de top 3, mais n’a pour l’instant pas été – trop – handicapant sur le plan sportif. L’OL a grâce à ses individualités réussi à assurer un bilan défendable (par les défenseurs à tout crin de l’Institution, tout du moins), même en sous-performant. Ne pas avoir tout fait pour mettre dans de bonnes conditions un talent comme Mammana est indéfendable.
Adiós y buena suerte, Mammana
Qu’importe au fond la suite de la carrière de Mammana : l’Argentin peut très bien se planter en Russie, en débarquant (encore) dans un nouveau pays et en faisant (encore) face à une nouvelle concurrence. Mais son arrivée à l’OL était aussi un marqueur fort des ambitions du club, qui démontrait qu’il était capable de faire venir l’un des plus grands espoirs du continent sud-américain pour le faire grandir. C’est raté. On ne gardera au final de Mammana que le souvenir de quelques longues transversales millimétrées et d’anticipations ultra-intelligentes à 50 mètres de ses buts. Ainsi qu’une incroyable impression de gâchis. Mammana n’a jamais porté l’OL à lui tout seul comme Alexandre Lacazette ou Corentin Tolisso, mais on lui souhaite désormais la même chose qu’à eux : s’éclater et montrer tout son talent. Ce sera sans doute plus facile de le faire ailleurs qu’à Lyon.
Hugo Hélin
(Photo Damien LG)