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Anthony Lopes, le n°1 lui va si bien
- Publié le: 11 octobre 2014
DÉCRYPTAGE. Ce début d’automne 2014 ressemble à un tournant dans la carrière d’Anthony Lopes. Alors qu’il vient de fêter son 24e anniversaire et d’être convoqué dans le groupe du Portugal pour affronter la France, le gardien de but né à Givors ne peut plus tout à fait être considéré comme un espoir. Mais il peut en avoir, et l’OL avec.
Jamais le vide laissé par le départ d’Hugo Lloris n’aura semblé aussi bien comblé qu’en ce début de saison. Pour la première fois depuis cette triste journée de la fin août 2012, le poste de gardien à l’OL ne semble presque plus un motif d’inquiétude. Indiscutable titulaire avec enfin le numéro 1 sur le dos, Lopes semble avoir définitivement levé tous les doutes à son sujet, depuis un baptême du feu en Ligue 1 mémorable un jour de Derby à domicile (nous éviterons de revenir sur son baptême de l’eau à Nice en Coupe de la Ligue).
Il dégage désormais une sérénité communicative et apparait comme le vrai leader d’une défense qui en a tant souvent manqué, loin du joueur spectaculaire, imprévisible et parfois peu académique de ses débuts. Retour sur la progression d’un phénomène qui s’impose match après match comme l’un des meilleurs spécialistes à son poste en Ligue 1 et dont la transformation s’est peut-être achevée avec le départ de Rémy Vercoutre.
Le style: de Barthez à Coupet
Les points forts d’Anthony Lopes, les supporters lyonnais ont pu rapidement les identifier. Ce qui a très vite caractérisé le Franco-portugais, c’est son explosivité bien au-dessus de la moyenne. Détente élastique et temps de réaction court, couplés à un style aussi spectaculaire qu’imprévisible. On aurait tendance à le cataloguer à tort dans les gardiens de petite taille, mais avec son mètre quatre vingt-quatre sous la toise, Lopes est 3 cm plus grand que Grégory Coupet, par exemple. L’illusion d’une taille limitée provient plus probablement de son gabarit plus léger, loin de la stature d’un Ruffier par exemple, ainsi que de sa posture – souvent penchée vers l’avant, les appuis vers la pointe des pieds. L’école Bats, pantacourt en moins.
Lors de sa première saison complète à l’OL en Ligue 1, Anthony Lopes a boxé 72% des ballons auxquels il a été confronté (frappes et centres confondus). Ce pourcentage est descendu à 50% lors du premier quart de 2014-2015. (Source : Squawka)
Lopes a rapidement su s’appuyer sur ses qualités naturelles dans les phases où le gardien lyonnais réagit au jeu: les arrêts. Ses réflexes et sa détente ont fait découvrir au public un gardien porté sur le spectaculaire, bloquant peu de ballons, préférant claquer ou boxer. Un style plus Barthez que Coupet.
Peu expérimenté, l’acrobatique Lopes a aussi rapidement affiché des limites dans d’autres domaines, comme les ballons aériens et les coups de pieds arrêtés. Courageux mais souvent à la limite, il s’est longtemps contenté de boxer les ballons, et de rester proche de ses 6 mètres, affichant une zone d’influence limitée autour de son but.
Zone d’influence et lecture des trajectoires, une progression visible
Depuis quelques temps, les progrès d’Anthony Lopes sur phases arrêtées sont palpables. Il a clairement franchi un palier sur deux fondamentaux: la lecture des trajectoires et la prise de décision
Cela a été frappant lors du match à Nantes notamment: Lopes entame sa course très tôt sur les coups de pied arrêtés. Cette faculté à prendre vite la décision, couplée à sa lecture des trajectoires, lui permet de rayonner bien plus loin dans sa surface. Plus serein et en avance, il est désormais capable de bloquer un plus grand nombre de ballons puisqu’il arrive à la retombée de la balle un quart ou une demi-seconde plus tôt.
Il rappelle beaucoup Coupet à ce niveau, qui compensait sa taille moyenne par une exceptionnelle lecture du jeu. Lopes ne subit pas, il agit. Parfois encore un peu trop, comme en témoignent encore quelques sorties un poil aventureuses, comme face au PSG il y a quelques semaines.
Ce best-of d’arrêts de la saison dernière comporte plusieurs situations dans lesquelles il va se retrouver contraint de subir et de réagir au jeu plutôt que de l’influencer, en raison d’une mauvaise appréciation de la trajectoire ou d’une réaction tardive. Pour résumer, Lopes a longtemps compté sur ses réflexes et sa détente pour compenser d’autres limites. Il donne désormais l’impression de s’appuyer sur eux en complément d’autres qualités, acquises par le travail et la répétition des matchs.
Statistiquement, Lopes apparaît légèrement plus efficace sur ce début de saison. Malgré des débuts délicats de la part de l’OL et une défense douteuse face à Metz ou Lens, Lopes affiche un taux d’arrêts en progression : 1,76 arrêt pour 1 but encaissé en 2013/2014 vs. 1,88 cette saison.
Jeu au pied et duels, les failles
Là où la méthode Bats touche potentiellement ses limites, c’est sur le jeu au pied. Gaucher comme Lloris, Lopes partage avec le Niçois un jeu au pied approximatif. Sur cette saison, il n’a réussi que 57% de ses relances, loin de références en Ligue 1 comme Sirigu (86%) ou Enyeama (76%).
Il est certain que le style de jeu d’une équipe influence également ce type de statistiques. Lopes est celui, en moyenne, qui va chercher la relance la plus longue, proche du camp adverse (46 mètres), là où Sirigu et Enyeama se situent à 35 mètres.
En outre, son gabarit le dessert encore dans les duels en un contre un, où il doit prendre plus d’espace et livrer moins d’indications aux attaquants adverses, à l’image d’un Enyeama.
Le Portugal, la prochaine étape?
Après avoir porté les couleurs des Espoirs portugais, Lopche a manqué de peu l’avion pour le Brésil, puisqu’il a fait partie des pré-convoqués par Paulo Bento, qui a choisi d’emmener les expérimentés Beto, Rui Patricio et Eduardo.
Fernando Santos, le nouveau sélectionneur portugais, a appelé le Lyonnais en compagnie de Beto et Rui Patricio. Alors que la Seleçaõ connaît un début d’éliminatoires délicat avec une défaite à domicile face à l’Albanie (0-1), et dans une sélection dont les gardiens évoluent souvent au pays, Santos sera-t-il tenté d’opérer un rajeunissement, y compris dans les buts ? Une première sélection face à son pays de naissance serait en tout cas une belle histoire pour le Givordin. Mais l’Euro, ce serait encore mieux.
Étienne M.
(Photo Anthony Bibard – FEP / Panoramic)