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Umtiti tient son Harlem tchèque
- Publié le: 1 août 2014
RANK’N’OL #S03E01. Pour sa première de la saison, l’OL de Fournier a découvert qu’il y avait plus inquiétant que sa défense : celle de Mlada Boleslav. De quoi s’épargner quelques sueurs froides et se projeter au tour suivant à la faveur d’une large victoire à l’extérieur (1-4). La messe peut bien être dite, elle ne doit pas empêcher d’envoyer son lot de prières, ne serait-ce que pour retenir encore un peu Umtiti, tête de Rank qu’on dit promis au départ. « I say a little prayer for U… »
Le compte rendu du match : L’OL tient la pression à pas cher
Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !
1. Samuel Umtiti
Contrôle de la semelle, coup d’œil dans le coin à droite et volée pleine lucarne. On se croirait presque à White Hart Lane. On est pourtant deux saisons plus loin. Alors qu’il reste de loin le meilleur défenseur de la bande, Umtiti revient faire une pige côté gauche dans l’attente du retour de Bedimo. On craint d’abord le service minimum, celui qui l’a vu passer son dernier match de préparation face à Séville à se contenter de déviations en première intention, sans un regard pour son destinataire. Indigne de son talent. Ou alors à la hauteur de la réputation qu’on a bien voulu lui faire et qui le pousse chaque jour un peu plus au départ. Pourtant, avec l’arrivée de Jallet et cet attelage Bisevac-Koné qui supporte toujours aussi mal la pression, on pourrait croire que Fournier tient une bonne idée. Celle d’une défense comme il en pousse un peu partout en Europe depuis le retour de Coupe du Monde, à trois. Enrique et Van Gaal veulent y mettre le Barça et MU. En alignant Umtiti plus central dans l’âme et Jallet déjà remonté comme un milieu, on s’y croirait presque. Pour s’y habituer, il faudrait qu’on puisse y croire. À la 69e, Bedimo remplace Koné et le Fossoyeur de Ménival peut retrouver sa place en défense centrale. On fait déjà comme s’il n’était plus là.
2. Anthony Lopes
Depuis que Courtois en Ligue des Champions et Neuer en Coupe du Monde ont ramené la question du grand gardien à une histoire d’envergure, on a eu la confirmation que Lopes n’en serait jamais un. Ce qui ne l’empêche pas de prendre ce qui vient après, à savoir le gardien qui sait se hisser au niveau des siens. Toujours aussi peu rassurant pour peu qu’un coup de pied arrêté approche de sa surface, mais suffisamment décisif pour renvoyer Scuk à la médiocrité de son penalty (28e). De quoi renforcer deux idées parmi les plus tenaces le concernant. La première qui veut qu’à la façon des meilleurs talents sortis par la formation ces dernières années, le gars de Givors a dû autant s’en remettre à ses qualités de footballeur qu’à la nécessité de s’arracher pour emporter le morceau. Lacazette et Gonalons n’ont pas fait autrement et on veut y voir là la principale marque de fabrique lyonnaise. La seconde ramène l’OL à une autre réalité, celle du vide qui finit par apparaître dès qu’une de ses pousses s’impose à son poste. De la même manière qu’on entrevoit plus facilement la vie sans Grenier que sans Washing Maxime, on flippe rien qu’à l’idée de devoir faire sans Lopes. Mais chaque problème en son temps. Et pour l’instant, Lopes n’en est pas un. Disons même qu’il serait plutôt la solução.
3. Steed Malbranque
Malbranque retrouve l’Europe là où il l’avait laissée, à la pointe du losange. Pour tout dire, on aurait donné cher pour que Fekir s’y trouve à sa place. D’autant qu’au petit jeu des comparaisons, la sensation des matchs de préparation rappellerait presque quelque chose du premier Malbranque, celui d’avant les années de domination. La même détermination sourde des joueurs qui sortent de la formation avec l’idée qu’une prise de balle vaut toujours mieux que tous les mots au moment d’envoyer le manifeste des enragés. Sans doute que Fekir a plus de jeunesse à offrir : un coup de rein qui sèche l’adversité, des feintes qui la perdent un peu plus et une ligne passée pour envoyer l’attaque finir le travail. Pour en arriver là, il faut encore attendre une heure. Le temps pour le milieu lyonnais d’imposer sa domination et de plier l’affaire. Un registre dans lequel Malbranque y met tout son cœur. Entre harcèlement constant, dédoublements de passe qui virent à la grande confiscation et enchaînements de haute volée en dernier recours, le football habite toujours au n°17. Preuve s’il en fallait que Steed n’a pas que l’expérience. C’est une expérience.
4. Christophe Jallet
Les joueurs normaux n’ont rien d’exceptionnel. C’est pour cette raison que le PSG cherche à s’en débarrasser au nom de l’idée défendue par Leonardo qu’avec le moins de Ligue 1 possible dans l’effectif, le club pourra se rapprocher plus encore de la Ligue des Champions. Tout l’inverse de l’OL où la normalité et son corolaire, la classe moyenne, restent ce qu’on a trouvé de mieux pour défendre la cause de la Ligue 1 les soirs d’Europe. Jallet a dû s’y reprendre à plusieurs fois pour se hisser au niveau de la concurrence qu’on lui imposait à la Capitale, quitte à figurer comme le fusible qui doit sauter au soir de l’élimination face à Chelsea la saison passée. Dans l’autre capitale, la vraie, il n’a déjà plus de concurrence après sa première. Comme Gonalons ou Lacazette – les rares types au-dessus du lot dans l’effectif –, il était encore international il y a quelques mois. Suffit de voir ce pain qui traverse tout le terrain dans sa direction à la 16e et qu’il transforme en situation favorable sur un seul contrôle assuré dans un minuscule coin de terrain avec deux défenseurs sur le dos. Il faut encore quelques montées et combinaisons qui pouvaient manquer à Malbranque ou Mvuemba pour se rappeler que le « meilleur latéral droit de France » (Ancelotti) est un gars qui doit savoir se faire oublier. Pour tout dire, on n’a encore rien trouvé de mieux pour se fondre dans le décor lyonnais.
5. Mohamed Yattara
Mieux vaut se méfier des premières qui se terminent sur un doublé. Ceux qui ont crié Job et Carew pour un tour d’Intertoto ou un Trophée des Champions en savent quelque chose. Aussi flatteuse soit-elle, ce genre réussite en dit généralement plus sur la faiblesse adverse, ne serait-ce que sur ce marquage marshmallow qui permet d’envoyer une tête longue portée (9e) ou ce numéro burlesque entre un gardien et son défenseur qui ouvre le but en grand (47e). Pour trompeuse qu’elle soit, la performance a au moins un mérite : elle renvoie à plus loin la comparaison foireuse avec les stats de Gomis. Dans l’habileté face au but et l’art de faire la décision, le grand Momo est certainement loin d’avoir l’épaisseur de la Panthère. Pour autant, on sait aussi que le volume et le souci du collectif peuvent l’emporter. Thomas Müller n’a pas terminé autrement meilleur attaquant de la Coupe du Monde quand ce pauvre Fred n’en finissait plus de s’échouer. Par ses déplacements et ses remises habiles, Yattara est en train de faire surgir une autre idée : celle d’un duo d’attaque avec Lacazette peut-être plus complémentaire qu’on ne l’aurait imaginé. Si la tendance n’est plus trop dans l’air du temps d’un foot moderne qui s’en remet plus que jamais aux clutch players façon NBA, elle a eu le temps de refaire surface à chaque fois que Tavarez a pu aligner Suarez et Cavani lors du parcours de la Celeste en Coupe du Monde. L’occasion de se rappeler qu’on a pu aimer Yorke et Cole à MU, Völler et Klinsmann avec l’Allemagne ou Laslande et Wiltord à Bordeaux. Profiter de l’ombre de son partenaire pour mieux faire oublier celle de son prédécesseur, c’est bien à cette condition que le doublé de Yattara pourra prendre tout son sens.
Serge Rezza
(Photo FKMB.cz)
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